mardi, décembre 09, 2014

Mr Turner

Voila un film qui va susciter des vocations pour passer des vacances dans le pays de Galles;
Mike Leigh traite chaque plan comme un tableau et sait nous faire retrouver la lumière et le souffle de ce génie de la peinture.

L'interprète du peintre Timoty Spall a obtenu et vraiment mérité son prix d'interprétation à Cannes malgré le côté antipathique du personnage qu'il interprète. J.M.W. TURNER apparaît en fin de vie, aigri, égoïste et son regard aigu sur la nature et la technologie de son temps semble lui avoir fait oublier de poser un regard sur l'humanité autrement que dans l'art de la peindre (jusqu'à son dernier souffle il veut dessiner la jeune fille noyée non par compassion mais pour le rendu de la scène). Pour Telerama il s'est barricadé suite à la douleur de la perte de sa jeune sœur, de sa mère internée puis de son père pour lequel il exprime une vraie tendresse comme on le voit au début du film . Cette dureté vient s'opposer à la beauté, donnant à ce biopic une force dramatique sans mélo même sur son lit de mort.

Retour à Ithaque

Comme Ulysse qui retrouve son île après avoir erré longtemps, une soirée de retrouvailles  va réunir d' anciens étudiants cubains pour  accueillir l'un des leurs de retour d'un  exil de  16 ans en Espagne. Ce sera  l'occasion de faire le point sur ce qui a été la vie de ces cinq sexagénaires: l'évolution politique et économique de Cuba, les regrets, la nostalgie, les sujets qui fâchent et qui font mal.
Laurent Cantet  (qui avait déjà réalisé un film sur Cuba), a choisi de tourner avec des acteurs professionnels cubains (les tirades sont trop longues pour des amateurs explique-t-il) ; et ici c'est bien un style théâtral et très écrit qui a été privilégié : unité de lieu (une terrasse avec vue sur la mer-le large (l'exil) et sur les toits de la ville -la vie quotidienne à La Havane-), unité de temps (une soirée qui va se prolonger tard dans la nuit en attendant « la » révélation finale.

Tout est donc assez littéraire, calculé, intéressant mais un peu académique....

vendredi, décembre 05, 2014

La French

Qu'importe ma critique, une affiche avec Gilles Lellouche et Jean Dujardin va de toute façon faire courir les foules (à juste titre) , et je peux donc souligner le côté convenu et déjà vu d'un film sur le grand banditisme à Marseille style années 70.....(mais les plus jeunes vont pouvoir découvrir cet univers classieux et unique des polars de cette époque).
Revenons donc à l' affiche qui ne m'a pas paru en phase avec le fil conducteur du scénario : elle nous montre Gilles Lellouche en retrait alors qu'il m'a semblé être le cœur du sujet puisque le juge va mettre au péril sa vie et sa vie de famille pour le mettre définitivement au tapis (sa femme lui rappelle qu'il mène sa vie professionnelle comme l'ancien joueur de poker prêt à tout sacrifier pour faire la partie qui le remettra à flot). Et c'est bien ce duel (parfois un peu trop théâtral
et dialogué lorsque les deux comparses se croisent physiquement) qui pimente cette poursuite dont on connait déjà l'épilogue.
 

Tiens-toi droite

Déroutant, raté, brouillon, les critiques ne sont pas tendres pour la réalisatrice de ce film Katia Lewkowicz (Pourquoi tu pleures,son précédent long-métrage avait plu à la critique pas aux spectateurs), qui nous délivre ici un message féministe alors que ce n'est plus très à la mode....
Les trois femmes choisies ont des motivations il est vrai assez peu défendables. Laura Smet joue une Miss sans cervelle qui veut travailler à la mine comme son père qu'elle adore ; une mère de famille de cinq enfants-Noémie Lvosky- va aller travailler à l'extérieur et négliger l'éducation de ses filles aînées, quant à Marina Fois elle s'engage dans un travail qu'elle ne connaît pas au risque de faire sombrer et sa précédente entreprise et celle qui l'a recrutée par piston !
Mais le propos reste (très, trop?) optimiste : leur énergie, leur désir de s'intégrer à un monde préformaté qui ne les avait pas cooptées leur permettra de résister (Résiste , prouve que tu existes chantait France Gall) : ce message nous est délivré (très, trop?) clairement à travers la recherche de la nouvelle poupée....

Bien sûr la forme n'est pas aussi explicite, les actrices auraient pu être mieux dirigées et la mise en scène est à l'image des scènes des parties de basket dans la cour de l'usine.... En revanche, il faudra retenir la partie du scénario décrivant avec précision cette fois l'impact absolument catastrophique des « images et vidéos qui traînent » et des influences médiatiques diverses sur les jeunes préados...

lundi, décembre 01, 2014

The Search

Michel Hazanavicius , le réalisateur très médiatisé et oscarisé de The Artist change de registre et nous emmène en Tchétchénie en 1999 pour nous parler d'une catastrophe humanitaire mais surtout de la déshumanisation des jeunes des deux camps : opprimés et militaires russes. Après l'accueil glacial reçu a Cannes, il a retravaillé le montage mais cette dernière version ne convainc pas non plus.
Dans ce film choral, c'est le récit de l'enrôlement et du parcours initiatique brutal d'un jeune soldat russe qui est le plus marquant . Mais il est d'une violence inouïe à la limite du supportable dans une fiction .
Bérénice Béjo est une actrice remarquable en général et dans sa précédente interprétation d'une jeune femme malmenée par la vie en particulier (dans le magnifique film iranien Le Passé) mais elle n'a pas ici un rôle à sa mesure et Annette Bening lui vole la vedette dans les personnages féminins.

vendredi, novembre 28, 2014

A la vie

Dans ce film inégal comme le souligne Télérama, son réalisateur Jean-Jacques Zilbermann (qui nous offre de très belles photos) raconte l'histoire vraie de sa mère, et pour alléger ce contexte poignant il choisit d'inviter l'humour et l'amour de la vie au quotidien (on chante, on déguste des glaces, on se laisse séduire par un moniteur de Club Mickey dans une ambiance très twist année 1962). Si Julie Depardieu tire bien son épingle d'un jeu difficile, Suzanne Clément, si bien dirigée par Xavier Dolan, ne trouve jamais ici le ton juste.

Night call

Tourné presque exclusivement de nuit dans Los Angeles, ce film séduit d'abord par ses images. Ce sont bien les images qui sont au cœur de cette vision cynique de la société américaine actuelle où il faut à tout prix scotcher le spectateur à son écran de télévision en lui offrant du sensationnel. Le personnage de Lou, l'antihéros est obsédé par la réussite ; il apprend vite et saura trouver le langage,les attitudes et les vidéos qui lui feront gravir très rapidement l'échelle sociale. Les dialogues sont très écrits et la façon dont Lou fait ses offres de service à ses futurs employeurs ou collaborateurs paraît tout droit sortie d'un manuel de management....Jake Gyllenlaal, son interprète pourtant aguerri aux rôles très physiques (Jarhead), a maigri de 9 kgs pour ce rôle éprouvant . Il a étroitement travaillé avec son réalisateur Dan Gilroy (scénariste de Jason Bourne l'héritage ) qui signe ici son premier long-métrage et a ainsi su donner une dimension « normale » à ce personnage de sociopathe, le rendant d'autant plus inquiétant. La tension est palpable à chaque minute du film ( sans atteindre toutefois le souffle génial du thriller Drive avec Ryan Gosling avec laquel les critiques le compare) et son scénario, vraiment original, nous étonne jusqu' au générique de fin.

samedi, novembre 22, 2014

Qui Vive

La vie des cités au quotidien..... C'est un film tendu comme son personnage principal interprété par Reda Kateb qui en est l'âme et l'anti-héros. Ce thriller social essaye de montrer et de faire comprendre une réalité complexe.La jeune Adèle Exarchopoulos (La Vie d'Adèle) a ici un rôle lumineux et c'est tant mieux !

Les Opportunistes

Un film italien enfin ! Eh bien sûr Valérie Bruni-Tedeschi incontournable pour évoquer les grandes familles italiennes... Elle est ici parfaite comme tous les acteurs qui portent ce drame avec intelligence compensant le propos un peu appuyé sur les mœurs en cours de la société italienne contemporaine

Puzzle

Le titre nous prévient : nous aurons affaire à des morceaux de scénario ; à nous de les emboîter pour en faire une histoire. Mais ce jeu a pour thème la culpabilité et ces variations sophistiquées d'un écrivain tourmenté devraient être source de réflexion sur la responsabilité, l'amour, le pardon.....Cet enjeu m' est apparu un peu accessoire ; je me suis plus intéressée à la forme du film qu'au fond....et l'attention nécessaire à suivre les trois histoires d'amour en parallèle ne laisse guère la place à la réflexion. On prend donc plaisir aux images, au jeu des acteurs excellents...Un puzzle  c'est avant tout un divertissement, qu'importe le motif !

Casanova variations

Du théâtre dans le cinéma, ici dans une forme de type puzzle particulièrement complexe puisque s'invite un troisième genre : l'opéra (signé Mozart); ce film est donc totalement original dans sa forme. Longues et sophistiquées et jouant de façon échevelée avec les espaces temps et lieux,ces variations sont centrées sur John Malkovich incarnant à la fois son propre personnage ainsi que ceux de Casanova et Don Juan (qui s'entremêlent un peu); elles sont un régal pour les yeux et les oreilles (pas trop prudes) . 

mardi, novembre 18, 2014

Quand vient la nuit

Sur un scénario écrit par Dennis Lehanne et tiré d'une de ses nouvelles (Sauve qui peut), ce polar nous met au parfum des « drop-bars » des bas fonds de Brooklyn- le titre américain The Drop est mieux adapté que le titre français trop soft. Pratiques mafieuses en tout genre, violences, trahisons … ce film noir ménage son suspense pour notre plus grand plaisir et il nous balade aussi pas mal psychologiquement. Le barman pas très malin (Tom Hardy impeccable) qui semble ne s'intéresser qu'à un gentil chiot maltraité (qui s'avère être un pitbull!) et qui semble bien dépendant de son cousin Marv (dernière apparition à l'écran de James Gandolfini) va nous surprendre !

lundi, novembre 17, 2014

A Girl at my door

C'est le premier long métrage d'une réalisatrice sud-coréenne qui a présenté ce drame dans la catégorie un certain regard à Cannes. C'est un film engagé et réaliste mais néanmoins délicat, qui aborde tous les sujets tabous de cette société:maltraitance, inceste,exploitation des sans-papiers, homosexualité,alcoolisme; le tournage a dû être bien éprouvant pour la jeune fille qui endosse le rôle de la jeune écolière maltraitée. La jeune femme policière est interprétée par Bae Doona une actrice célèbre dans son pays (elle y est aussi chanteuse et mannequin) . Le duo est impeccable et nous emmène très loin dans l'empathie (on n'est pas dans le documentaire mais bien dans une histoire que l'on suit avec beaucoup d'intérêt).

Serena

Cette fois le sort et les critiques s'acharnent sur le couple souriant d' Happyness Therapy dans un mélodrame « d'ambiance » qui se situe dans les années 30 en Caroline du Nord dans une exploitation forestière. Bradley Cooper y tient la vedette et bien sûr il est beau et fort et son regard bleu est toujours aussi séduisant en bûcheron. Mais sa partenaire Jennifer Lawrence en méchante desesperate housewive n'a pas la présence ni la perversité de la récente Gone girl Rosamund Pike ( cela ne l’empêchera pas de faire surement un record de box-office  avec le nouvel opus de Hunger Games! ).
Les ficelles du scénario sont ici très grossières (le puma, le regard qui en dit long sur la jeune servante enceinte....), mais la réalisatrice danoise Susanne Bier (Brothers), un peu "empêtrée sans le cinéma hollywoodien" nous dit justement un critique , nous offre  cependant un film de divertissement classique avec de belles images .

La Prochaine fois je viserai le coeur

Contrairement à son précédent rôle dans l'Homme qu'on aimait trop, cette fois c'est bien Guillaume Canet qui prend toute la place dans cette histoire sordide (que personne ne voulait produire tant c'est glauque!). Et il y est magistral avec sa tête de jeune homme sage et sa conduite de parfait gendarme discipliné. Eh aussi chapeau pour avoir tourné lui-même la scène dans l'eau à 3°C (2 prises !). Ana Girardot est également parfaite.
Ce n'est pas un thriller psychologique puisque l'on connait déjà l'histoire mais cette façon d'essayer de disséquer les mobiles du tueur nous tient quand même en haleine (mais l'enjeu est  forcément limité puisque la justice elle même l'a déclaré mentalement irresponsable).
Tout est bien sombre et les lieux de tournage en hiver dans le Pas de Calais donnent vraiment le cafard tout comme ces intérieurs vieillots des années 70 ; un film d'ambiance sous haute tension donc réussi et qui fait froid dans le dos.

samedi, novembre 08, 2014

#Chef

Un film du type feel good movie à la musique et aux bons sentiments un peu envahissants (sauf Dustin Hoffmann qui joue le rôle du méchant patron et cela ne semble pas beaucoup le passionner).
Cela m'a donné envie de visionner Street Chef !

Interstellar

Sur 2h48 de projection, il y a forcément des beaux moments mais même avec Matthew McConaughey (quelle présence, il est sexy aussi en combinaison de cosmonaute!) le temps paraît bien long ! Quel fatras de scientifico-fiction sans éviter les grandes envolées d'amour père-fille à l'américaine !
Je n'aime pas les films de science-fiction et j'avais toujours shunté les films de  Christopher Nolan mais je pensais être éblouie par les techniques cinématographiques comme je l'avais été par   Gravity. En dépit de très belles images de la planète gelée, je n'ai pas retrouvé ces sensations de l'infinité cosmique. Dommage aussi qu'Anne Hataway paraisse elle aussi « gelée », elle reste, quoiqu'il arrive, imperturbable et donc ni très vivante, ni très intéressante. Cependant le robot lui nous parle si bien que l'on a tendance à s'agripper dans son siège lorsque l'on nous prévient qu'il va y avoir accélération......
Un film à réserver aux jeunes qui retrouveront leur univers favori des jeux vidéos et les images numériques....


White bird

Même sujet au départ que Gone girl : une desesperate housewife disparait.. C'est donc un des intérêts de ce film de pouvoir comparer des approches aussi différentes.
Celui-ci est plus intime, point de perversité mais du mal-être perceptible traité avec délicatesse:ce drame est disséqué par une jeune adolescente qui va passer à l'age adulte et son regard nous touche vraiment (cela se passe dans la fin des années 80, une période sans doute qui me permet d'être plus en phase avec cette génération ).

mercredi, novembre 05, 2014

Une Nouvelle amie

« Etre enfin une femme pour pouvoir faire tout ce que l'on m’empêchait de faire en tant que mâle » voilà une réplique inattendue que l'on entend dans ce plaidoyer pour pouvoir choisir son « genre ».......Xavier Dolan dans Laurence Anyways, un film bouleversant,  avait choisi le drame; son acteur Melvil Poupaud était beaucoup plus sobre et féminin en femme que Romain Duris dont la virilité est plus évidente. Le propos en était donc un peu différent.
François Ozon, le réalisateur qui s'intéresse aux femmes, choisit la comédie dramatique pour nous donner une version plus mélodramatique , plus romantique et surtout plus ambiguë..
De très belles images et un réel savoir faire cinématographique permettent de nous réjouir que ce sujet délicat puisse être l'occasion de beaux moments de cinéma. Mais c'est surtout grâce à la comédienne Anais Desmoutier que le réalisateur nous permet d'explorer avec beaucoup de délicatesse un nouvel ordre amoureux ; elle est exceptionnelle dans ce rôle car cette jeune femme sensible, attachante et généreuse nous permet de nous laisser emporter dans un autre univers (comme le faisait Hitchcock à sa manière par le biais du thriller).

mercredi, octobre 22, 2014

Magic in the moonlight


Le cru de l'automne 2014 de Woody Allen nous apporte notre nécessaire potion magique sous forme d'une portion d'illusions dans une romance sous des cieux où tout est luxe, calme et beauté....Pour le comique, Woody Allen a choisi cette fois l'humour britannique et la scène entre la Tante Vanessa (Eileen Atkins) et son neveu tout en « understatement » est un bijou du genre....
Colin Firth m'a reconquise (après ma déception d'Avant d'aller dormir) : so british et un peu « magic ». En revanche, Emma Stone la nouvelle star du réalisateur m'a moins éblouie que Scarlett Johansson (qu'il avait choisie pour Match Point).

vendredi, octobre 17, 2014

Balade entre les tombes

Ce thriller classique et bien mené est adapté d'un opus des aventures de Mark Scudder, livres policiers de Laurence Block. Il a deux atouts : un tournage dans New York avec de très belles photos des bas fonds, des lieux originaux et intéressants ( cimetière de Green Wood) et d'un casting adapté (on nous a évité un duo avec une jeune coéquipière, tant mieux!). L'ex-flic solitaire et blasé est interprété par Liam Neelson (Taken) et le jeune comédien qui interprète TJ, un ado sans abri que le policier prend sous son aile, apporte une note d'humanité dans ce film où les scènes violentes se suivent et ressemblent à beaucoup d'autres...Bien sûr on n'échappe pas au côté « leçons de vie » à l'américaine.....

mercredi, octobre 15, 2014

Samba

Les bons sentiments ne font pas forcément de grands films et dans cette comédie sociale la touche de pathos n'est pas toujours bien dosée ; ainsi l'amitié qui se noue entre Jonas et Samba dans le centre de détention et son dénouement m'ont paru totalement « fictifs ».
Heureusement l'humour est constamment présent, les dialogues sont bien écrits et les seconds rôles pimentent l'action ; merci aux « pauvres vieilles biques » de l'Association qui contribuent largement au rire des spectateurs et c'est grâce à elles et à Tahir Rahim  que j'attribue une deuxième( petite) grenouille. Tahir Rahim s'est vu confié un personnage plutôt lourdaud, mais sa présence dynamise vraiment le scénario et contrebalance l'aspect dépressif de Charlotte Gainsbourg (parfaite mais pas gaie, gaie) et la sévérité de l'oncle !
Ceux qui pensaient rire autant qu'avec Les Intouchables seront au final déçus mais ceux qui aiment le cinéma français engagé et généreux (à la façon de Welcome mais en beaucoup moins « touchant ») y trouveront leur compte.

Le Paradis

Le cinéma d'Alain Cavalier chemine loin des sentiers battus et cette fois il nous emmène plus loin encore (tout en restant chez lui ou à proximité) sur des voies de traverse au risque de nous y perdre un peu....Etrange, poétique et philosophique, les images et les dialogues n'ont aucune suite logique : un robot (Ulysse) échange (et plus puisque affinité) avec une oie en porcelaine, une jeune fille au visage ouvert et rieur énonce une suite de locutions  à la mode de Prévert, une adolescent prend soin de la tombe d'un jeune paon et en voix off le Christ nous raconte à sa façon certains passages de sa vie (la rencontre avec les disciples d'Emmaus, la descente de croix).
Il est beaucoup question de la mort (avec la symbolique de l'hiver) mais dans un univers apaisé (le paradis?) où le réalisateur déborde d'empathie pour les humains, la nature et les objets qui l'entourent. Il réalise son film comme le ferait un peintre abstrait dans un tableau : à nous de rêver ou de penser.

dimanche, octobre 12, 2014

Gone girl

Cela commence comme une romance qui prend des allures de FBI portés disparus avant d'entrer dans dans le vif du sujet :le thriller psychologique; c'est un vrai divertissement très complet d'autant plus que le réalisateur de the Social Network connait à la perfection tous les codes des médias et les ficelles de la manipulation de l'"opinion publique" qu'il nous fait partager.)
David Fincher a adapté un best-seller de l'auteure américaine Gillian Flynn qui a écrit aussi le scénario du film mais a changé son final pour étonner ses lecteurs...., de la belle ouvrage. La direction d'acteurs y est étonnante: Ben Affleck (le réalisateur oscarisé d'Argo) a repris son costume d'acteur pour mon plus grand plaisir ( et on comprend qu'il puisse retourner l'opinion publique ) et Rosamund Byke, actrice anglaise,  sait prendre tous les visages ( et le corps aussi ) pour endosser l'ambiguité féminine (on aimerait avoir l'adresse de son coach en relooking pour nous faire passer de la femme lambda trop grosse à l'élégante et séduisante jeune femme).
C'est un film brillant et très... misogyne!

jeudi, octobre 09, 2014

Mommy

Après ce film qui a obtenu le  Prix du Jury à Cannes, son réalisateur Xavier Dolan est maintenant reconnu par tous comme un jeune prodige (25 ans). Il signe à nouveau un film original, dérangeant et flamboyant dans lequel  la musique magnifie l'image.
Mais comme je l'avais déjà exprimé pour Tom à la ferme, le propos et les scènes sont si violents, les personnages s'expriment dans un langage si ordurier que le passage- obligé- par la version française sous-titrée du québécois au français, permet heureusement  de mettre une certaine distance entre l'écran et le spectateur. C'est surtout vrai pour le début du film car ensuite avec l'arrivée de Kyla nous ressentons nous aussi, comme le jeune Steve(*), un apaisement relatif-  mais bien entendu éphémère, et nous profitons alors de la beauté des plans où le trio nous fait  vraiment vivre avec lui  toutes les expressions de leurs liens d'amour vécus dans le paroxysme.
(*) qui souffre  de TDAH ce qui signifie " trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité"

samedi, octobre 04, 2014

3 Coeurs

J'avais aimé les précédents films de Benoit Jacquot qui avaient pour cœur de cible une femme ou un personnage de la littérature romantique. Son passage à une romance dramatique contemporaine ciblée sur un personnage masculin ne m'a pas convaincu.
La gestion du temps semble un facteur déterminant pour le personnage de Marc : le train et le rendez-vous manqués, la correspondance ratée et ces journées où nous avons l'impression de vivre « en live » la réalité de la petite communauté familiale; mais c'est aux dépens du spectateur qui finit par trouver ce film très long....
Pour nous détourner de la torpeur qui s'installe, le scénario -jusque là très linéaire et qui nous raconte la «  fausse route sentimentale » de Benoit Poolvoerde- s'accélère d'un coup avec le face à face avec le Maire interprété par André Marcon et c'est la meilleure scène du film  lorsque ce dernier analyse avec une justesse inspirée par la rancœur sans doute, le désarroi de Marc le jour de son mariage. Ce redressement fiscal, très terre à terre, dans un film sur le mal être étonne un peu....Ou est-ce pour mieux nous décrire un homme « droit dans ses bottes » et très efficace dans son travail alors qu'il est très troublé par sa vie sentimentale ? Ou pour nous dire que pour faire ce métier il faut avoir en soi une certaine colère ?
Ce mélange des genres étonne mais laisse au final une impression de « méli-mélo » comme le dit très justement (comme toujours) le critique de Télérama Louis Guichard.