samedi, novembre 30, 2013

The Immigrant

Très belle épopée tragique où la force et la beauté des images nous plonge dans l'univers de l'immigration américaine en 1921.
James Gray aime tourner ses scènes tragiques dans le brouillard (c'est le final de La nuit nous appartient); ici c'est à la fois l'arrivée du bateau en vue de la statue de La Liberté dans une clarté très diffuse, et la fin avec le passage en barque au petit matin sur Ellis Island) et c'est très beau.
Il aime New York, et filme à nouveau ses aspects glauques et la corruption de ses policiers; il aime diriger Joaquin Phoenix et c'est aussi pour cela que ses films sont réussis; Cet acteur mérite bien de porter ce nom: quel talent! (heureusement qu'il est revenu au cinéma). Il est ici à nouveau confronté dans un trio (comme dans  Two lovers) ; mais cette fois c'est la jeune polonaise immigrante interprétée par Marion Cotillard  qui doit faire la part du vrai et du faux entre ses deux amoureux! Cette actrice semble maintenant vouée aux mélodrames et elle m'a paru ici un peu figée- (alors qu'elle était si émouvante dans De rouille et d'os) .

Avant l'hiver

Nous renouons dans ce film avec le meilleur de Daniel Auteuil, un taiseux qui s'émeut comme dans son rôle d'un Cœur en Hiver et le parallèle possible entre ces deux films ne tient pas qu'au titre et au thème car on retrouve parfois des plans et des ambiances semblables à ceux de Claude Sautet (amitié entre hommes, tablées champêtres dominicales et scènes de café vues  par spectateur extérieur sur le trottoir).
C'est dans une demeure de verre, au sein d'un paysage luxembourgeois quasi-paradisiaque, que s'est retranché ce couple qui va rentrer dans l'hiver de sa vie (la retraite pour lui, la peur pour tous les deux d'être passés à coté de la vraie vie et pour elle l'angoisse d'être délaissée) .Cette ambiance automnale pluvieuse et souvent glaciale donne à cette histoire un peu mystérieuse (et guère réaliste) où les non-dits refont surface (et même à la fin on ne saura pas tout de ce lourd  passé ), une tension et une atmosphère pesante propre au réalisateur des Âmes grises. Il a d'ailleurs choisi de tourner à nouveau avec Kristin Scott Thomas qui incarne parfaitement cette femme « qui sait mettre quelques centimètres d'épaisseur de carapace » pour donner le change avec panache et charme.

mardi, novembre 26, 2013

Le Médecin de famille

Oui ce médecin inquiétant nous paraît compétent et inspire malgré tout la confiance. C'est cette dualité qui est intéressante dans ce film argentin qui nous emmène en Patagonie et nous offre, en plus des belles images, une bonne direction d'acteurs et une vraie atmosphère angoissante.

La Jalousie

La tribu Garrel est à l'écran: Philippe, le père de Louis et Esther, est le réalisateur d'une tranche de vie de leur Grand père Maurice....En noir et blanc, pour mieux nous intégrer dans un temps qui fait largement référence à La Nouvelle Vague; Louis Garrel  joue et est photographié comme Jean-Pierre Léaud dans un drame familial intimiste au plus proche des sentiments complexes (et parfois même torturés des différents personnages). Anne Mouglalis interprète avec sobriété un beau rôle de femme ...... On est dans le cinéma d'auteur accessible.

Quay d'Orsay

Même si le trait est parfois un peu appuyé nous savons tous que la Comédie du Pouvoir ressemble bien à ça, en politique comme ailleurs.....Bravo à Bertrand Tavernier d'avoir su mettre en images avec des acteurs convaincants une BD désormais culte.

vendredi, novembre 22, 2013

Les Garçons et Guillaume à table

Guillaume Gallienne est un comédien très doué qui nous séduit au théâtre par la diversité de son jeu et qui sait notamment se mettre dans la peau de personnages de femme (il a obtenu un Molière pour le rôle de la nurse dans le fil à la patte). Ici, dans son film, son interprétation de sa mère est absolument remarquable. Mais j'avais préféré son spectacle au théatre , le thème de sa recherche d'identité y étant moins « boursouflé » par les redites du film. Certains passages sont néanmoins très savoureux dans le film, l'illustration apportant un plus comme la scène entre Sissi et sa belle mère, les scènes de la vie au pensionnat en Angleterre....Les choix des seconds rôles sont aussi très judicieux (André Marcon dans le rôle du père, Brigitte Catillon pour une des tantes pour ne citer que deux exemples..).
Mais le battage médiatique ne me paraît pas compatible avec une comédie qui se veut tout en nuances sur une recherche personnelle  assez éloignée du monde  actuel souvent préoccupé de questions  plus urgentes et plus vitales et pour qui des caractères tels que ceux de la mère grande bourgeoise ancrée dans une époque révolue sont totalement étrangers. Ce film n'est pas une comédie grand public mais c'est un excellent spectacle.

mardi, novembre 19, 2013

Cartel (The Councelor)

L'affiche nous le rappelle: casting prestigieux ! Si Pénélope Cruz ne fait guère que de la figuration très sexy, que Michael Fassbender ( qui commence à être abonné aux rôles de sex addict ) pleure un peu trop et que le personnage interprété par Brad Pitt n'a guère de consistance, le couple Cameron Diaz- Javier Bardem escorté de ses deux guépards  tient la vedette (non je n'ai pas fait d'erreur Javier Bardem n'a pas ici sa partenaire à la ville et il n'a sans doute pas apprécié les scènes très osées entre Pénélope Cruz et Michael Fassbender....) .
Si l'on excepte aussi les décors magnifiques, ce thriller déçoit et ennuie;Cormac Mac Carty grand auteur américain ( No country for old men )signe ici à 80 ans son premier scénario et se rate: c'est approximatif et bavard avec des digressions un peu stupides( la scène du confessionnal par exemple) ou racoleuses (la scène de Cameron Diaz accouplée au pare-brise d'une voiture de luxe).

lundi, novembre 18, 2013

La Vénus à la fourrure

Roman Polanski nous livre un huit-clos théâtral très abouti sur la forme, sulfureux sur le fonds et qui magnifie sa femme Emmanuelle Seigner en déesse belle et intelligente. Pas de scène choquante ou vulgaire contrairement au message de l'affiche, c'est avec les mots que tout se joue, se défait, se renverse dans le jeu de séduction et de pouvoir entre un homme et une femme. Ce film érotico-intellectuel, bien loin du théâtre filmé même s'il est basé sur la pièce éponyme inspirée par le livre à succès de Sacher-Masoch, sait maitriser la tension palpable entre les deux partenaires et capte notre curiosité dans ces perpétuels aller-retour entre littérature et réalité, entre rêves et fantasmes. C'est subtil, pervers et beau même si le réalisateur n'a peut-être cherché qu'à chasser ses propres fantômes dans une «  automythification aux relents pré testamentaires » comme l'écrit  très justement le critique de Libération, preuves à l'appui et en particulier sa troublante ressemblance avec Mathieu Almaric.

lundi, novembre 11, 2013

La Grâce


Le titre sert bien de fil conducteur à ce drame qui se déroule à Hammerfest la ville norvégienne la plus septentrionale d'Europe. C'est ce lieu magnifique qui m'a déterminée à subir la salle minuscule du MK2 Rambuteau car même inconfortable c'est bien au chaud et sans vent que l'on découvre ainsi ces lumières hivernales du grand Nord...  Cette côte vaut le voyage ( en été quand même!) et finalement le scénario qui montre le chemin difficile de tous les personnages vers un apaisement contribue lui aussi à la réussite du film. 


samedi, novembre 09, 2013

Inside LLewyn Davis

Le savoir-faire des frères Coen est époustouflant puisqu'ils parviennent à nous intéresser à un modeste gratteur de guitare (imaginaire mais inspiré du musicien folk Dave Von Ronck); nous écoutons sans ennui des mélodies folk un peu démodées interprétées en direct par Oscar Isaac lui-même (il a été chanteur et guitariste dans sa jeunesse). Le réalisme de la mise en scène permet de vivre au rythme de ce road-movie entre Greenwich Village et Chicago où nous avons froid dans la neige (et les pieds trempés....), de savourer les détails apportés au décor de ces différents appartements à New-York (on a l'impression de sentir le tissu du canapé rèche quand on s'y allonge..).L'interprète de Llewyn est excellent  et les apparitions de Carey Mulligan un vrai bonheur, quant au scénario il nous surprend lui aussi avec sa fin en boucle... C'est intelligent et accrocheur.

Violette

Le réalisateur Martin Provost s'intéresse à nouveau à une héroïne créatrice; après Séraphine c'est Violette qui s'épanouira (un peu) dans l'écriture. Dommage son personnage est ennuyeux et les personnalités qui la côtoient ne sont pas vraiment sympathiques y compris sa mentor Simone de Beauvoir (interprétée par Sandrine Kiberlain très sobre et très bien comme toujours). Emmanuelle Devos s'est appropriée d'autant plus facilement le personnage de l’héroïne  et avec d'autant plus de liberté qu'il est mal connu. Beaucoup de redites "personne ne m'aime, je voudrais que l'on s'intéresse à moi, même si je suis laide"(Emmanuelle Devos a pour l'occasion un faux nez)....Et si le début est intéressant  on trouve après quelques chapitres le temps bien long excepté les scènes où entre en jeu  Catherine Hiegel qui interprète admirablement la mère..

Un Château en Italie

Cinéma à la première personne de et avec Valerie Bruni-Tadeschi... Le film est à son image sympathique, loufoque et brouillon. Il ne m'a pas touchée car c'est la sensation de faire du voyeurisme qui prime puisque sa mère joue (très bien) son propre personnage et que son amoureux  est joué par son ex Louis Garrel ! Cela ne donne guère de crédibilité à ce couple qui sonne faux même si l'acteur fait déjà du Louis Garrel quoiqu'il arrive...