samedi, novembre 16, 2019

Le Traître


Deuxième film italien de premier plan en un mois! La critique est unanime et s'étonne qu'il n'ait été aucunement récompensé à Cannes.
Bellochio signe ici une œuvre magistrale sur l'histoire de la mafia en adoptant une diversité de ton, passant du lyrisme au dramatique, de l'intime au public qui nous fait vivre cette chronique (en 2H31 quand même) à la fois de l'intérieur et de l'extérieur.
L'interprète de Don Tomasino, typique du macho italien sait donner une âme à son personnage et sa complicité avec le juge Falcon donne lieu à de très belle scènes.

jeudi, novembre 14, 2019

So Long, my Son


Le réalisateur Wang Xiaoshuai, pionnier du cinéma indépendant chinois mêle la grande fresque historique et politique et le mélodrame familial.
Le terme mêler ici est faible, car ellipses, flash-back, changements de lieux et d'époques s’enchaînent exigeant du spectateur une attention d'autant plus aiguë que le film balaye une période de 40 ans (sur 3H …).
Incontournable de l'été , ce film illustre la primauté du collectif sur l'individu en Chine et comment la politique de l'enfant unique a bouleversé
 la vie intime des couples.
C'est d'autant plus émouvant que le couple d'acteurs est magistral dans leur interprétation et leur a valu les récompenses de meilleurs acteur et actrice à la 69ème Berlinale.

J'Accuse


C'est un grand film qui relate pourtant l' « Affaire » sur le mode d'une enquête minutieuse menée seul et contre tous par un militaire dont le nom est oublié de la plupart: Marie-Georges Picquart.
Le scénario est tiré d'un roman écrit tout spécialement pour Roman Polanski par Robert Harris ( comme the Ghost Writer).,
Le souci de précision de la reconstitution historique tant dans les costumes que dans le choix des décors, le brio de la mise en scène, sans effets inutiles, l'atmosphère de suspicion régnant dans les bureaux  malodorants et  les couloirs obscurs du service des Renseignements et l'ambiance générale de paranoïa propre au réalisateur, permettent d'aborder cette histoire complexe que l'on croyait connaître sous un mode de série moderne.
Le casting est exceptionnel, puisque la Comédie Française aligne à elle seule 8 acteurs qui vont incarner quelques unes des figures des procès : militaires et avocats ; la distribution complète compte un nombre impressionnant de « vedettes » du cinéma français !
Jean Dujardin incarne la figure inconnue au centre de l'action, le colonel Picquart, impeccable, droit dans ses bottes, dans son allure et dans sa conscience, non sans la rigidité militaire  qui va de pair.
Pas de pathos, mais bien la grandeur qui convient pour la scène de la dégradation dans la cour des Invalides, ou à la fin l'ambiance bourgeoise feutrée pour une réunion secrète en présence de Zola et de Clémenceau  et aussi l'atmosphère électrique des procès où gouvernement et militaires sont sur la défensive, la défaite cuisante de 1870 est encore dans tous les esprits, le juste ton est toujours trouvé.
Cette Affaire fait bien partie de notre Histoire et ce film lui aussi participera maintenant à nous la décrypter.

La Belle Epoque


Le sujet était prometteur pour les contemporains du couple de seniors de la tête d'affiche: faut-il regretter les années 70, se complaire dans un passé ( l'adjectif qui va avec étant révolu bien sûr), jeter aux orties celui ou celle qui rappelle trop combien ces années ont marqué définitivement les corps et rendu les esprits chagrins, étriqués ou par opposition exagérément volontaristes...
Le vieux ringard et dépressif c'est Daniel Auteuil qui reprend – en plus flapi puisque plus âgé, mais avec le talent qu'on lui connaît parfois pour ses meilleurs rôles-, un personnage composé par Vincent Macaigne dans Doubles Vies où Olivier Assayas relatait (en plus élaboré) le décalage d'un créatif face au monde de l'édition en cours de numérisation, incarné déjà par... Guillaume Canet.
Sa femme est interprétée par Fanny Ardant et elle a su garder, son aura extraordinaire dans ce film comme dans la vraie vie, mais au prix d'une volonté de fer qui la rend exigeante et très dure vis à vis de son entourage ( dans le film bien sûr). Ces deux acteurs avaient déjà tourné ensemble en 86 dans
Le Paltoquet de Michel Deville.
Mais le réalisateur est Nicolas Bedos, il ne va donc pas se priver de se mettre en scène, triplement, puisqu'il interprète le fils du couple, patron d'une maison d'édition de formats numériques, et qu'un personnage de brillant réalisateur de scénario à la demande raconte sa tumultueuse vie de couple avec Dora Tillier ( j'avais boudé Monsieur et Madame Alderman ); il est interprété par Guillaume Canet.
Le résultat est donc brouillon, mais plaisant, on ne peut rester indifférents à ses souvenirs de jeunesse surtout très enjolivés (on dit maintenant bling bling): la nostalgie n'est plus ce qu'elle était....