vendredi, janvier 03, 2020

Les Filles du Docteur March (Little women)


Un luxueux feel good movie pour commencer agréablement en famille l'année 2020!
La réalisation est brillante, les décors somptueux, les paysages colorés, le casting éblouissant, c'est rempli de beaux et grands sentiments et la note féministe est bien dans l'air du temps. Apparemment un sans faute.
Alors pourquoi 2 grenouilles seulement? Parce que tout est trop beau et vraiment démonstratif ; tout le contexte psychologique est explicité dans de longs apartés (alors que parfois l'ellipse pourrait être toute aussi éloquente). La souffrance liée sinon à la pauvreté de ces jeunes filles tout au moinsà l'absence d'un niveau de vie conforme à leur position sociale, les blessures physiques et morales causées par la Guerre de Sécession sont occultées ou minimisées (le séjour du père à l’hôpital). Comment Marmie (la mère) peut-elle être si belle si élégante et la réticence du grand père de Laurie à fréquenter cette famille disparaître si rapidement?
Quant à la dernière partie elle est si longue et si conventionnelle que l'on en oublie le charme et l'éblouissement visuel du début, et la prestation empesée de Louis Garrel n'aide pas à faire passer le temps ! J'avais préféré  pour le rôle du professeur Fridriech Baher, l'interprétation du formidable Gabriel Byrne dans la version de 1994 où le réalisateur Gillian Armstrong avait choisi une narration linéaire. Ici les  nombreux flash back rendent possible mais moins percutante le choix d'une interprète unique pour la jeune sœur Amy . Thimothée Calamet est lui  plus crédible en jeune Teddy qu'en Laurie jeune homme désabusé et ne nous fait pas oublier le charme de Christan Bale dans ce rôle.
En revanche, l'interprétation de Jo (Saoirse Ronan) et  celle de Meg (Emma Watson) sont percutantes.
La participation de Meryl Streep dans le rôle de la vieille tante acariâtre et égoïste ne pouvait qu'incliner le scénariste à lui conférer un statut plus noble, accentuant  encore l'effet global sage et bienveillant.
Ce film peut se comparer à une merveilleuse pâtisserie; la première part est délicieuse, on se ressert et l'on regrette un peu de n'être pas resté sur la gourmandise du début.

samedi, décembre 28, 2019

La Vie invisible d'Euridice Gusmao


Ce mélodrame dénonce la violence de la domination masculine dans la société patriarcale brésilienne des années 50.
Le hasard fera bien mal les choses pour deux femmes qui vivront chacune par procuration la vie idéale qu'elle imagine menée par sa sœur respective sans plus jamais se croiser.
Le réalisateur choisit les images crues, l'émotion, l'acharnement du destin et le triomphe des bons sentiments comme s'il voulait faire pleurer dans les chaumières (et dans la salle …. ).
Une déception pour un film dont les notes des critiques étaient excellentes et était auréolé du prix Un certain Regard

Le Lac aux oies sauvages


Bien peu d'oies sauvages mais beaucoup de sang pour cette version chinoise très violente d'un jeu (compliqué) de gendarmes et de voleurs.
Noir c'est noir ! Le réalisateur annonçait la couleur dans son précédent film (
Black coal), et ici la tension est à son paroxysme: le quotidien sordide, les rivalités entre gangs, l'habitat plus que délabré...la périphérie de Wuhan n'a rien à envier à celle de Montfermeil !
Mais la forme est magnifique : les mouvements, les plans d'escalier ou de salle de restaurants sont autant d'images que l'on contemple.
 Pour nous laisser souffler un peu, certaines scènes adoptent un ton différent ; le début du « séminaire » rassemblant les voleurs de moto est carrément étonnant et la séquence de la fuite de nuit sur l'eau offre un moment d'apaisement.
Vous l'aurez compris, ce « cauchemar d'artiste inspiré » ( citation du Nouvel Obs) n'a rien à voir avec un film policier.

Grâce à Dieu

Ce film fera partie du Festival Télérama de Janvier; un rattrapage éventuel est donc à prévoir pour cette réalisation de François Ozon qui signe un film sobre, précis, porté par l'interprétation de ses acteurs et actrices tous excellents dont bien sûr les 3 victimes. Melvil Poupaud et Denis Menochet  sont ici en photo en lieu et place de l'affiche.  "Magistral" énonce très justement cette affiche car le sujet abordé demandait doigté et talent.
Mission accomplie!
!

Une Grande fille


Ce film figure dans tous les bons classements des meilleurs films de l'année, dont le mien!
Le jeune réalisateur (28 ans),  Kantemir Balagov, aborde le film de guerre sous un angle féminin (d'après le livre de Svetlana Alexievitch devenue Prix Nobel de littérature en 2015).
 Il raconte la difficile reconstruction des survivants du siège de 900 jours de Léningrad (de septembre 41 à juin 44) à travers l'histoire de deux amies qui séparées par la guerre vont tenter de retrouver leur complicité et bâtir un avenir (elles avaient 18 ans lorsqu'elles sont parties à la guerre).
Ce film est visuellement époustouflant (avec une belle maitrise des couleurs), émotionnellement bouleversant, et les apprenties comédiennes dirigées avec maestria sont d'une justesse poignante. C'est une vraie découverte!



jeudi, décembre 26, 2019

La Vérité


Le réalisateur d'une Affaire de Famille (Palme d'or) tourne pour la première fois en France avec et pour Catherine Deneuve. Elle est au centre de cette exploration de la vie d'actrice incompatible avec une vie familiale harmonieuse à l'écoute des autres : Silence (ou mensonges), on tourne!
Cela aurait pu être passionnant, C'est souvent redondant, peu fluide. Heureusement Juliette Binoche réussit a être très présente face à l'interprétation écrasante de l'actrice phare!


Notre dame


Pour qui aime la fantaisie, la poésie et Paris, Valérie Donzelli signe une comédie résolument optimiste, bien que féministe, sur une double vie de mère pas si célibataire et d'architecte qui remporte le concours du réaménagement du parvis de Notre Dame (tournage 4 mois avant l'incendie).
Cette dame, là devra faire face aux critiques de ceux pour qui l'Art ne rime pas avec Innovation et aux difficultés de la vie quotidienne... Les personnages sont bien croqués (parfois féroce!) , les dialogues souvent drôles mais le charme opère … ou pas !

La Sainte Famille


Pour sa seconde réalisation (après Au Galop en 2012), Lou-Do de Lencquesaing adopte le ton distancié et ironique d'un anthropologue dont il se plaît à interpréter lui même le rôle pour nous décrire le microcosme d'une famille d'aristocrates nantis dont le parcours est aussi déstructuré que celui de beaucoup d'autres familles (au cinéma ou dans la vraie vie).
Ce n'est pas totalement dénué d'intérêt (la critique est globalement mauvaise), c'est bien joué mais c'est décousu et surtout les dialogues ne sont pas vraiment éloquents, pour ne pas dire parfois faméliques... pour mieux nous soumettre aux problématiques abordées ( dixit Les Echos) ?

mercredi, décembre 18, 2019

Seules les bêtes


Une approche quasi-littéraire dans un thriller psychologique à l'atmosphère pesante propre au réalisateur Dominik Molk (Harry, un ami qui vous veut du bien) dans la solitude des paysages hivernaux du Causse Méjean et dans les faubourgs désolés d'Abidjan ( ! mais oui ce grand écart géographique et culturel est aussi un atout du scénario).
Dépaysement assuré et casting haut de gamme où ceux qui jouent souvent des seconds rôles ( Damien Bonnard vu dans les Misérables, Denis Ménochet dans Grâce à  Dieu, Jusqu'à la garde , Laure Calamy) tiennent ici la vedette.
C'est un drame âpre où  nous partageons avec les personnages solitude, manipulation, double vie et ratages en tout genre ; ils nous emmènent dans leur  histoire à la fois minable et rocambolesque.

lundi, décembre 16, 2019

Le Meilleur est à venir



Cette comédie populaire a bien sûr ses détracteurs ; les réalisateurs du Prénom ont à nouveau invité Patrick Bruel à nous faire une démonstration d'abattage, de séduction (genre beauf pour certains) mais qui marche pour moi aussi .. Face à lui Fabrice Lucchini, rigide, brillant, coincé dans le rôle ( trop improbable disent les critiques) d'un ami indéfectible dont il en défendra très bien l'irrationalité dans son beau discours final sur l'amitié.
Car l'éloquence, les dialogues nous vont droit au cœur et réussissent le challenge de nous faire rire ou sourire parfois dans la facilité mais sans vulgarité dans ce divertissement dont le thème est la maladie incurable, un pari pas si gagné d'avance!

Les Eblouis


L'actice Sarah Suco retrace dans son premier long métrage sa propre histoire d'adolescente embrigadée bien malgré elle dans une communauté religieuse dans laquelle sa mère dépressive entraîne l'ensemble de sa famille (des envoûtés!).
C'est donc une histoire vraie ( mais qui s'est déroulée il y a 20 ans) et si le processus est bien décrit (et fait froid dans le dos), le point de vue unique (de la lycéenne qui tente de préserver ses frères et sœurs de l'enfermement dans ce monde clos, pervers et sectaire) nuit à l'intérêt du sujet d'autant plus qu'il est dans son final pollué par un autre scandale du monde religieux.....
Ce film, qui n'a rien d'éblouissant mise à part l'interprétation de l'ensemble de ses acteurs, est donc réservé à ceux qui ont côtoyé ou s'intéressent à ce monde parallèle mais bien réel!

Les Envoûtés


Le duo Sara Giraudeau (dont la voix et le physique sont devenus inséparables du Bureau des Légendes) et Nicolas Duvauchelle (l'ancien jeune bad boy aux tatouages) aurait du nous faire vibrer. Il reste au mieux mystérieux au pire ennuyeux dans cette réalisation de Pascal Bonitzer tirée d'un livre de Henry James. Les variations autour du fantastique, du désir, de la jalousie, du mal-être des artistes s'entrecroisent pour mieux nous laisser sur des fausse-pistes ou des interrogations. Et la magie du décor naturel (inquiétant ou poétique?) dans un coin sauvage de Pyrénées ne m'a pas envoûtée non plus.
Pascal Bonitzer ne parvient à nous faire sourire que lorsque Nicolas Maury (assistant dans Dix pour Cent) vient animer la conversation. Cette série va-t-elle comme pour François Civil lui servir de base de lancement?

samedi, décembre 14, 2019

Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn)


Une vraie ambiance New York années 50, la trompette de Wilson Marsalis et de très belles images...
Mais outre la forme, ce faux polar (plutôt un film noir façon américaine de ces années là, le titre français n'aide pas) met en avant le droit à la différence: couleur de peau, handicap physique, milieu social;il  illustre aussi les mécanismes du pouvoir (ici dans la sphère de l'urbanisme) et met en avant l'humanisme.

Le film est long, dense, les faits et les personnages interagissent et il faut accepter que le personnage principal interprété par son réalisateur Edward Norton manifeste tous les symptômes du syndrome de Tourette ( moi aussi j'ai vérifié que cette maladie existait).
Mais il vaut vraiment la peine de se replonger dans le vieux Nouveau Monde.


samedi, novembre 16, 2019

Le Traître


Deuxième film italien de premier plan en un mois! La critique est unanime et s'étonne qu'il n'ait été aucunement récompensé à Cannes.
Bellochio signe ici une œuvre magistrale sur l'histoire de la mafia en adoptant une diversité de ton, passant du lyrisme au dramatique, de l'intime au public qui nous fait vivre cette chronique (en 2H31 quand même) à la fois de l'intérieur et de l'extérieur.
L'interprète de Don Tomasino, typique du macho italien sait donner une âme à son personnage et sa complicité avec le juge Falcon donne lieu à de très belle scènes.