vendredi, mai 19, 2017

Les Fantômes d 'Ismael

 C'est un film foisonnant mais très morcelé, les scènes arrivent avec brutalité sans transition dans un désordre géographique et chronologique dérangeant. Le réalisateur a appliqué dit-on le mode « compressé » du peintre Jackson Pollock à sa façon de nous déverser des bouts de film que l'on a du mal à raccorder . Mais la version longue du film qui va sortir dans quelques salles seulement nous permettra peut-être d'être moins désorientés.
Le lien est le personnage central, Ismaël Vuillard que l'on retrouve après Rois et reine. Mathieu Amalric en reprend le rôle, brutal lui aussi, déjanté, malade d'un syndrome qui lui donne des cauchemars ; il incarne le créateur artistique , ici un réalisateur de cinéma génial mais incontrôlable qui ira même jusqu'à tirer sur son producteur et ami qui exige qu'il termine son film (excellent rôle pour Hiyppolyte Girardot qui nous permet enfin de sourire un peu dans ce film grave et même oppressant avant son entrée en scène).

On retrouve néanmoins Arnaud Despleschin tel que l'on attend dans les scènes intimistes de couples et spécialement la double image superposée des deux femmes Charlotte Gainsbourg et Marion Cotillard photographiées avec poésie, amour et recherche (la scène de danse est magnifique, les jeux de glace et de face à face sont beaux et amènent une note plus apaisée).
Le rôle de Louis Garrel, méconnaissable en diplomate improbable dans la fiction sous le nom de Ivan Dédalus (patronyme du personnage central de Comment je me suis disputé...) incarne le frère d’Ismaël et nous emmène ailleurs comme le cinéma dont le réalisateur dans ce film semble avoir voulu nous montrer tout le potentiel  et nous renvoie à ses références (Resnais, Hitchcock, Bergman....)! Nombrilisme, intellectualisme reprochent les critiques des spectateurs....

vendredi, mai 05, 2017

The Young Lady

Lady Macbeth du district de Mtsensk  est un roman russe écrit en 1865  adapté à l'Opéra (Chostokovitch) et au cinéma (notamment par Andrzej Wajda). Cette nouvelle version est signée par un réalisateur britannique qui vient du monde du théatre dont c'est le premier long métrage. Il semble s'être fortement inspiré de Michael Haeneke tant par le traitement des images, le parti pris de décors très dépouillés et l'environnement naturel hostile qui exacerbent la noirceur des personnages et leur asservissement.
Cet ancrage dans l'époque nous renvoie à toutes nos références littéraires où ces malheureuses héroïnes se réfugient dans la romance, le sexe, le rêve ou se rebellent au prix de leur vie ou de leur santé mentale et de celles de leur entourage  (comme ici le palefrenier torturé par la culpabilité comme dans Thérèse Raquin ...)
Le début du film est donc très prometteur car la réalisation est à la hauteur du propos, mais au fur et à mesure que les situations se dramatisent encore le film paraît lui s'enliser et même s'embourber. A force de nous dépeindre une femme devenue amorale dont le corrélaire est la solitude, on hésite entre leçon de morale ou complaisance, mais jamais empathie...nous ramenant au roman suranné (en ce qui concerne le monde occidental.....)