jeudi, avril 26, 2007

Les Oubliées de Juarez




La Cause est noble, il faut aller voir ce film si c'est la seule façon de ne pas oublier les femmes exploitées, violées de Juarez ou d'ailleurs.C'est Jennifer Lopez qui a voulu défendre ces ouvrières mexicaines, elle le fait avec talent et le couple avec Antonio Banderas en journaliste local engagé fonctionne bien. Mais ce thriller social manque de souffle, les images sont "super holywoodiennes" et le manichéisme américain est omniprésent. On n'évite pas le grandiloquent, les embrasements du ciel et les grandes déclarations humanistes.

Très bien merci




Kafkaïen, oppressant, âpre, angoissant, le film d'Emmanuelle Cau est un film "citoyen" (mot très à la mode!) qui réveille nos consciences. Cela n'en fait pas un film intellectuel, les situations y sont décrites de façon simple, le scénario et la mise en scène sont limpides et les personnages sont vrais. Sandrine Kiberlain, qui joue le rôle de l'épouse de l'anti-héros, est très représentative de ce regard à la fois dur, sévère et juste. C'est ce regard qu'elle pose à la fois sur la Société, ses clients et son mari. Elle ne sera vraiment troublée que lorsqu'elle découvrira, elle aussi, que les apparences peuvent être trompeuses et qu'il ne faut compter que sur soi-même ( et encore pas trop nous le disait Tristan Bernard)
Les critiques saluent aussi l'humour, il n'est pas si évident tant les sujets traités sont inquiétants: flicage, chômage… S'ils veulent parler des scènes relatives à la préparation aux entretiens d'embauche puis de leur déroulement, ce n'est que la stricte description de la réalité!Mais toute cette réflexion et cette démonstration sont discréditées (voire infirmées) par la pirouette finale comme s'il était plus facile de trouver (et de garder!) un poste de cadre supérieur sans en avoir les compétences. Le film tombe dans la caricature…..Les commentaires seraient les bienvenus sur ce jugement sévère qui porteraient la rédactrice à ne mettre qu'une grenouille mais qui en met 2 pour qu' "il y ait des reactions dans le public" comme dirait Jérôme Garcin!

Belle toujours




Elégant, solennel, raffiné, théâtral, les adjectifs ne manquent pas pour saluer ce film très court mais parfaitement mis en scène par Manuel de Oliveira. Michel Piccoli y reprend son personnage séduisant, secret, ironique, pervers, bavard, introspectif (là encore le choix des adjectifs est large) de Belle de Jour.Catherine Deneuve, quant à elle n'a pas voulu reprendre le rôle de Séverine 38 ans plus tard et c'est Bulle Ogier qui donne la réplique, dure, sévère, refusant de jouer le jeu ( comme pour cristalliser ce refus de Cateherine Deneuve) et de revenir sur un passé qui lui apporte remords et souffrance. Seule sa curiosité bien féminine lui fait accepter un dîner où le poids des mots (rares) éloigne toute complicité et toute connivence sur un passé commun. C'est une belle réflexion sur le poids du passé que l'on ne refait pas, l'envie de partager ce vécu avec d'autres ( même des inconnus comme le barman du " Royal Vendôme" dont le nom selon Télérama n'est pas fortuit mais serait aussi un clin d'œil à l'actrice qui n'a pas voulu), sur la solitude même pour un être cultivé comme le personnage de Husson qui sombre dans l'alcoolisme malgré son amour des belles choses et ses plaisirs quotidiens ( qui nous valent un magnifique regard sur Paris, ses rues, ses lumières)..

lundi, avril 23, 2007

Une jeunesse chinoise




Malgré l'époque dans laquelle s'inscrit cette Jeunesse Chinoise, les évènements de la Place Tien An Men en1989, la part du contexte historique dans ce film sur (les) ou plutôt l'Amour de jeunesse des étudiants est bien pauvre cédant la part belle à une vision lyrique (dans le parc du Palais d'été de Pékin qui donne son titre original au film Summer Palace )mais surtout sensuelle .
C 'est plutôt la seconde partie qui décrit le devenir de ces étudiants qui se débattent dans l'âge adulte loin de leurs rêves de jeunesse qui est la plus intéressante et la plus désespérée aussi. Les visions parallèles de la Chine contemporaine et de Berlin après la chute du mur sont réalistes et les images sont saisissantes.
Le sujet inédit sur le soulèvement de Tien An Men et les nombreuses scènes de sexe ont valu à son réalisateur Lou Ye une interdiction de diffusion en Chine et son bannissement du pays pour cinq ans.

Scandaleusement célèbre


Moins austère, plus explicite ce nouveau film intitulé Infamous raconte, tout comme le précédent film de 2006 Truman Capote , l'histoire de l'écriture du livre De Sang Froid de l'écrivain Truman Capote. Il aurait mieux valu les voir dans l'ordre inverse, c'est toujours bon à savoir pour les cinéastes de DVD. L'ordre chronologique des deux sorties nuit plus particulièrement au second qui parait un peu long et plus racoleur même si le casting des personnages secondaires ( des femmes) est réjouissant. Quant à l'acteur Toby Jones il incarne de façon magistrale le caractère outrancier du personnage.

jeudi, avril 05, 2007

Le Come-back




Bluette sentimentale sans intérêt, le film évite de justesse le sens interdit grâce à la prestation de Hugh Grant non seulement craquant pour celles qui aiment, mais aussi pour sa prestation en chanteur pop des années 1980, et toujours pour son humour so british.

J'attends quelqu'un




L'attente sous toutes ses formes, de l'auto stopper qui va retrouver regrets et remords, de l'homme qui aime et qui attend dès l'au revoir le prochain rendez-vous, de la femme qui quête au réveil un instant d'intimité et de tendresse…Tous ces moments nous sont montrés dans leur dimension la plus douloureuse, pesante parfois tant la requête d'amour est dure à formuler. C'est donc un film où l'atmosphère est tendue, dense. Tous les personnages, et Jean Darroussin en tête bien sûrs sont vrais.La note finale est optimiste, on ne domine ni les événements ni ses sentiments mais il nous arrive de trouver même ce que l'on n'attend pas, le destin fait parfois bien les choses: le jeune homme triste va "trouver" l'ex-prostituée, le chien revient vers ses nouveaux maîtres et la femme aux trois caniches entre dans le café….

La consultation




Ce documentaire nous montre de façon magistrale le mal être sous toutes ses formes au quotidien tel que le perçoit un médecin généraliste remarquable dans sa simplicité et son professionnalisme.Les patients défilent , mais loin de nous désespèrer , le constat de la réalisatrice Hélène de Crécy donne envie d'agir pour qu'une une fois fait le constat d'échec, nous acceptions desortir de notre socitété individualiste.

lundi, avril 02, 2007

Touchez pas la hache




Ce titre est déroutant, mais il nous fait toucher du doigt la violence des sentiments du roman de Balzac la Duchesse de Langeais. Jacques Rivette en a adapté très fidèlement le texte dans ce film aux décors et aux costumes somptueux, aux dialogues élégants dans une atmosphère étouffante de "fin de règne" de la Restauration. Les deux acteurs principaux Jeanne Balibar en coquette précieuse, frivole et soumise aux codes de son milieu social et Guillaume Depardieu en général bonapartiste sombre et orgueilleux sont excellents dans leurs faces à faces et leur incommunicabilité.
De la belle littérature en image, pour le plaisir de la langue et une approche psychologique de la complexité des rapports amoureux totalement déphasés.

La Tête de Maman




Quel mauvais titre pour ce premier long métrage de la réalisatrice Carine Tardieu! C'est un film subtile, délicat à la fois sur les thèmes traités et les façons de l'aborder: le choix de vie, les regrets, la maladie, les rapports mère-fille .La mise en scène est parfois maladroite en particulier dans les transitions d'une scène à l'autre mais l' interprétation exceptionnelle de tous les acteurs dont Karin Viard et Kad Merad gomme les défauts et permet d' apprécier l'originalité de cette production française.

dimanche, avril 01, 2007

Ensemble c'est tout!




C'est tout! Un si beau livre réduit à si peu de choses! On retrouve bien les personnages masculins, bien cernés et correctement interprétés (quoiqu'on ait du mal à croire Guillaume Canet aussi macho et primaire que le décrit le livre). Mais Audrey Tautou n'est pas et ne pouvait pas être Camille un personnage marqué par son début de vie. Trop jeune, trop mignonne, Audrey Tautou n'est pas la femme de ménage anorexique, désespérée qui a toujours l'impression d'avoir des "cailloux dans le ventre" comme nous l'avait imaginée Anna Gavalda.Courez lire ou relire ce livre, le film est bien insipide et anodin.

Angel




Quelle belle adaptation du roman d'Elizabeth Taylor, cette romancière pessimiste au vrai talent de peinture d'atmosphère et de "characters"! François Ozon signe un film d'époque, montrant qu'il est à l'aise dans tous les genres. Et il nous montre avec le même recul que le roman comment vouloir à tout prix vivre ses rêves peut tourner au cauchemar. On regarde tout à la fois le monde avec le regard de l'héroïne qui ne peut s'empêcher de temps en temps de voir un peu la réalité: sa découverte de Londres, sa première promenade en calèche, sa première invitation chez une lady ( Charlotte Rampling) qu'elle voudra égaler et surpasser mais l'on perçoit aussi les sentiments d'amitié, de pitié ou d'amour qu'elle suscite. L'Angleterre du début du siècle dernier est magnifiquement reconstituée et la neige tombe enfermant les êtres dans leur solitude et leur rêverie. C'est beau et cela donne des frissons!