dimanche, mars 30, 2008

la Ronde de Nuit




Peter Greenaway nous explique, nous montre et nous commente longuement comment ce chef d'oeuvre de Rembrandt peint à l'apogée de sa carrière va lui valoir sa chute. Ce film se déroule donc dans les milieux bourgeois calvinistes de la bonne société d'Amsterdam où le pouvoir, les luttes d'influence, les complots, l'argent et le sexe sont les mobiles de tout un chacun. Rembrandt en est une des figures, la plus baroque, la plus sensible lui permettant de magnifier une commande "alimentaire" en une oeuvre originale, dérangeante, théâtrale pleine de mouvements et de sous-entendus qui mettront dans l'embarras les notables qui l'avaient commanditée..... Greenaway serait donc aussi chabrolien? Oui mais en plus son traitement de chaque scène en fait un tableau à par entière sans oublier la dimension érotique qui lui est toujours attachée.
Pourquoi une seule grenouille au final? Parce que c'est long et compliqué, pas vraiment digeste.

samedi, mars 29, 2008

Le Nouveau Protocole







Vraiment lourdingue ce film, à l’image de Clovis Cornillac parfait en bûcheron et accompagné par une parano à qui on conseille absolument les anxiolytiques. Les médicaments ont du bon quoiqu’ en dise ce film et permettent d’éviter quelques meurtres et folies ordinaires… Ce thème est un peu émoussé depuis les livres de Grisham et surtout le récent The Constant Gardener que je n'avais pas épargné dans ma critique ( en parlant déja des pasonarias peu crédibles, des trouble-fêtes de Davos et autres agitateurs à la mode) et qui était toutefois beaucoup plus beau à voir avec des images inoubliables sur le Kenya alors que dans ce film ce sont surtout des scènes de poursuites en voitures dans des banlieues pas vraiment excitantes (Bois-Colombes!).

Il y a longtemps que je t'aime






Ce film est une ode à Kristin Scott Thomas qui donne au propos de Philippe Claudel dont c’est la première réalisation toute sa consistance, sa sensibilité et son âme, bien grise une fois encore… Le casting est d'ailleurs parfait pour tous les personnages grands ou petits ( la petite Lys, Lise Ségur, est vraiment formidable).La vie quotidienne après la réinsertion dans un milieu pourtant réputé ouvert est bien mis en relief avec ses joies et ses grandes difficultés. Quant à la relation entre les deux soeurs faite de non-dits, de faux-pas, de souvenirs heureux, sa narration est d'une subtilité littéraire rarissime au cinéma. Bien sûr la pirouette finale, trop clean, fait perdre un peu de sa profondeur et de son intérêt au film mais on peut l’oublier pour garder tout le reste très beau, très vrai.

jeudi, mars 13, 2008

There will be blood





Attention chef d’œuvre nous ont prévenus les critiques et les distributeurs d'oscar!
Ce film d’anthologie, à la fois par la mise en scène, l’histoire ( on peut même mettre un grand H, tant les deux thèmes traités en parallèle: l’exploitation des premiers gisements de pétrole et le rôle des églises prosélytistes aux USA sont des sujets de réflexion importants pour notre monde actuel ) et par son interprétation restera dans les annales du cinéma.
Mais les superlatifs sont parfois un peu accablants et ce film est un peu indigeste tant il est sombre dans le fonds et dans la forme, avec une musique elle aussi novatrice, dissonante et envahissante.
Ce film très long ne peut donc être considéré comme une parenthèse divertissante si ce n'est le plaisir d' admirer des photos éblouissantes et la reconstitution fabuleuse de l’univers de l’exploration pétrolière au début du 20ème siècle.

Bienvenue chez le Ch'tis





Et bien oui on rit à gorge déployée tout au long de cette comédie familiale et tout le monde s’y précipite donc pour rigoler franchement… Mais au final le contenu est un peu simpliste et le scénario un peu mince, se résumant à quelques idées reçues et à la maxime bien connue de ceux qui ont vécu dans le Nord « Quand on vient dans le Nord on brait deux fois: l’une quand on arrive, l’autre quand on part.. »
Le film a le mérite d’être très pédagogique et de nous donner l’illusion que l’on est tous capable de comprendre et de parler le ch'ti après la première heure du film….(les non natifs qui y ont vécu, dont je suis, sont très loin de partager cette opinion). Il est également servi par de très bons acteurs masculins ( avec une mention toute spéciale à Kad Merad absolument formidable), par contre les rôles féminins ne sont vraiment pas gâtés: comment la femme de Kad Merad interprétée par la lumineuse Zoe Félix (qui interprétait la jeune femme aimante de Gérard Darmon dans le Cœur de Hommes) peut-elle être considérée comme une femme souffrant de dépression alors qu’elle apparaît toujours impeccable ( vêtue comme un top modèle!), reçoit, fait face etc.… et la jeune Annabelle (Anne Marivin, une jeune actrice de troisièmes rôles pour le moment) est vraiment irréaliste dans son comportement humainement irréprochable: gentille, souriante, accueillante, dynamique, prête à tendre la main, la joue… On peut ajouter aussi les gags convenus ( les policiers sur l’autoroute) et une défense de l’alcoolisme au quotidien ( pas si grave que ça de boire …).
Un film pas tout à fait beauf mais un peu quand même!

l'Heure d'été





Si l’aspect esthétique du film est réussi à la manière d’un tableau, avec un traitement de la lumière et une composition des plans à l’image d’une œuvre d’art, le film est néanmoins décevant de mon point de vue sur la façon de traiter l’attachement aux choses, aux objets, aux souvenirs…Cela doit être bien dur de se séparer d’un Corot ( a fortiori de deux!), mais cela ne touche pas le plus grand nombre… et il manque justement l’émotion, qui n'est vraiment perceptible qu'au début de l'histoire. Dans les premières scènes l’atmosphère de la réunion familiale est convaincante, avec ce qu’il faut de non-dits, des relations entre frères et sœurs esquissées où le ton est juste. La présence d'Edith Scob toute en angoisse et en retenue participe certainement à ce rendu émotionnel.
Mais
la suite du film traitant de la succession n’apporte pas beaucoup d’éléments supplémentaires ni d’éclairage particulier sur le thème . On peut regretter en particulier que l’aspect des relations entre les frères et sœurs ne soit guère approfondi; le sujet très délicat de la découverte de la vie amoureuse des parents par leurs enfants est par contre abordé avec brièveté mais acuité.
Au final on se dit que des acteurs aussi subtils que Charles Berling et Juliette Binoche auraient pu nous jouer une partition formidable sur ce thème avec un autre scénariste, plutôt que de se cantonner à un rôle trop convenu pour Charles Berling et réduit au strict minimum pour Juliette Binoche. En fait c’est un film de réflexion sur le rôle de l’œuvre d’art et sa place dans notre quotidien comme l’illustre une belle scène au Musée d’Orsay; on comprend pourquoi les critiques ont davantage aimé ce film que les spectateurs.

vendredi, mars 07, 2008

Les femmes de l'ombre





Cette histoire a beaucoup de points communs avec le livre de Ken Follett Opération Corneille et ce type de réalisation n’apporte pas grand-chose à ce récit tant on a vu et revu les mêmes scènes de la Résistance, de torture de la Gestapo, des allemands dans Paris dans beaucoup d‘autres films ou téléfilms. Il y a néanmoins un très beau travail d’actrices, tout le commando est bien avec toujours Julie Depardieu très juste dans tous ses seconds rôles; les scènes du début du film dans l’hôpital sont vraiment très bien menées et plutôt bluffantes de suspense et de rythme.
Par contre la scène du « martyr » de Deborah François frise le ridicule et Julien Boisselier n,’est absolument pas crédible en grand combattant.