mercredi, mai 31, 2006

Dans la peau de Jacques Chirac



C'est à nouveau du cinéma politique mais on change de ton par rapport à Nanni Moretti! Pas besoin d'être énarque ou accro des pages politiques pour savourer ce film. Karl Zero a voulu et su nous faire rire du début à la fin de ce montage sur 40 années de "chiraquerie". Bonne pioche pour ces images, dont le commentaire rythmé et à la première personne est absolument hilarant. D'ailleurs qui peut résister à cette moulinette du retour sur images, tous les hommes politiques et même un certain présentateur connu ( Poivre d'Arvor) sont réellement ridiculisés et apparaissent comme des pantins ou des bouffons ( mention spéciale pour Balladur!). C'est exactement comme lorsque l'on se repasse 10 ans plus tard un film d'amateurs sur des vacances ou un événement familial; bien rare est-on à accepter l'image telle qu'elle nous apparaît!
Alors c'est encore pire pour notre président, "à bout de souffle" qui après 40 ans est acculé au mieux à se plagier, à plagier des plus grands que lui ( grand moment que la création du RPR et de sa récupération de De Gaulle) ou au pire à se contredire..
C'est du vrai travail de sape du monde politique, c'est étonnant que cela ait pu sortir ( chapeau ! On est vraiment en démocratie) et pas étonnant que les réalisateurs aient dû se produire eux-mêmes ( Tiens justement n'était-ce pas un des thèmes de Caïman dans la critique précédente? , …)Mais a contrario ce film doit nous inciter à la prudence quant à la manipulation par l'information car il nous démontre aussi qu'au grand jeu du montage des images (ou des chiffres) on peut faire croire ou accroire n'importe quel message ou idéologie!

Le Caïman



Jeu de miroirs entre le scénario, les images d'archives et la vie politique italienne…. C'est un film pointu et exigeant, un peu confus, à l'image de la jeune scénariste et réalisatrice dépeinte par Nanni Moretti qui se met lui aussi en scène dans le rôle de son adversaire Berlusconi…Le déclin d'une " Italie d'opérette" est symbolisé par le personnage principal du récit, un producteur de petits films, au bord de l'abîme professionnel et personnel. Le combat mené par le producteur pour monter le film se double de son combat personnel pour retrouver un sens à sa vie comme l'Italie doit retrouver sa voie après les années Berlusconi. Son combat personnel, traité à la fois de façon humoristique et attachant, ira de pair avec son engagement de cinéaste politique. Ce thème de l'importance du cinéma politique italien est très présent, traité de façon plus intellectuelle et parfois plus pesant; il est illustré par des documents d'archives et des références aux grands metteurs en scène et acteurs du genre (Francesco Rosi et Gian Mario Volonte en particulier).
C'est un film néanmoins optimiste: le producteur pourra crever les abcès et exprimer tout haut dans un procès, ce que chacun sait en Italie mais ne veut entendre. Nanni Moretti s'est impliqué à fond dans cette entreprise de dénonciation, nous nous devions intellectuellement de le voir et de l'écouter même s'il n'a pas su nous captiver comme certains de ses prédécesseurs cités en référence dans son film.

dimanche, mai 21, 2006

Volver



Retrouvailles…avec le monde féminin vu par Almodovar: de fortes femmes qui font face et dont la vitalité et l'optimiste permettent de survivre. La plus belle et la plus "almodovarienne" de ce film c'est Pénélope Cruz ( et qui lui vaudrait bien le prix de la meilleure actrice à Cannes), personnage de chair et de sang.
Elle est bien entourée et ce qui aurait pu être un sinistre mélodrame est un hymne à la vie, plein de fantaisie, d'humour et de réalisme, à la fois prosaïque et sentimental. Un grand cru, qui sait nous parler (comme avec elle…) du monde des vivants et des morts.

vendredi, mai 19, 2006

Secrets de famille



Ces secrets ne valaient pas la peine d'être divulgués. Que fait donc la belle et mystérieuse Kristin Scott Thomas (que l'on voit rarement comme ici en femme ordinaire avec bonnet, pull tricoté maison et lunettes) dans ce film entre un mari- la tête- et un presque amant - les jambes- et s'il fallait vraiment choisir entre ces deux personnages tous deux aussi limités ce serait la fuite, tout de suite. Elle a semble-t-il voulu tourner sur sa terre natale dont le charme ne fait même pas effet cette fois ( rappelez-vous Separate Lies récemment) tant le scénario est faible.Maggie Smith, connue mondialement elle aussi pour son rôle de professeur de l'école de Sorciers d'Harry Potter, joue quant à elle le rôle improbable de gouvernante (!), peu crédible ce poste dans cette famille au mode de vie modeste dans un presbytère de campagne perdue). Gardons plutôt le souvenir de ces deux grandes actrices dans Gosford Park!

jeudi, mai 18, 2006

Quatre étoiles



Certains critiques (ou pubs?) ont comparé ce film à du champagne; il s'agit tout au plus de mousseux et encore… un peu tiède au début.
Le charme essentiel de cette comédie réside dans son interprète féminine Isabelle Carré, gracieuse, fine, drôle mais qui semble bien mal s'entourer dans ce scénario, son premier mec n'étant pas mieux assorti avec elle que l'escroc à la faconde lourdaude et convenue interprété par Jose Garcia. Le personnage du pilote de F1 sans cervelle ( impossible me diront certains spécialistes ) est plus convaincant, grâce à l'interprétation de François Cluzet et nous vaut de voir quelques belles carrosseries.

Da Vinci code



Comment expliquer un tel engouement pour un film sur le thème théologique de la foi en la nature humaine et divine de Jésus Christ quand on connaît le niveau des émissions de prime time à la télé ? .
N'ayant pas lu le livre de Dan Brown, la spectatrice se voulait objective… Quel magma ou si l'on est positif quel gloubi- boulga ( souvenez-vous la bouillie préférée de Casimir: beaucoups d'ingrédients de choix et à la fin cela ne ressemble à rien!)
Il y a du suspense parfois, de belles images (Londres, le Louvre…), un peu d'humour mais aussi des scènes à éviter aux enfants ( l'auto flagellation).Mais il est conseillé d'avoir un certain background de culture religieuse chrétienne à connaître absolument si l'on veut y retrouver ses petits ( ou sa petite) et surtout ses propres convictions…à moins que l'on profite du film au premier degré : une chasse aux trésors sophistiquée, intelligente mais un peu longue.

vendredi, mai 12, 2006

Comme t'y es belle



C'est une comédie au rythme endiablé qui nous fait participer avec drôlerie à la vie quotidienne d'une famille séfarade; on ne peut s'empêcher de rapprocher ce scénario de La Vérité si je mens, vu d'un point de vue féminin et un peu féministe. On rit beaucoup et les comédiens sont excellents, avec une mention spéciale à Valérie Benguigui dont le personnage flirte avec la comédie sentimentale et psychologique.

samedi, mai 06, 2006

0SS 117 : Le Caire nid d'espions



Toute la presse est dithyrambique sur ce pastiche dôle où Jean Dujardin est excellent et sa partenaire Bérénice Béjo parfaite. Bien sûr on rit à gorge déployée (au café par exemple quand tout le monde reprend le refrain de Bambino…) tout en ayant évité la grosse farce ridicule. Les clins d'œil au monde de la bande dessinée et des films d'espionnage sont nombreux et permettent de tester nos connaissances .
Mais les gags sont un peu prévisibles et n'est-ce pas trop facile de rire a posteriori sur le manque de culture et notre vision étriquée de l'époque,en 1955, quand on voyageait moins et que le petit écran ne nous parlait pas chaque jour d'autres horizons ? C'est quand même un peu lourdaud de ressortir des clichés sur le nazisme, sur le muezzin , l'écriture arabe et autres hammams! Et c'est tout autant notre monde franchouillard qui est visé que l'univers de rêve de James Bond .

Inside Man



Ce polar de Spike Lee, très attendu est un peu décevant. Et pourtant le scénario est original et ne manque pas de rebondissements ( dont la fin!), la distribution est excellente et Judie Foster est parfaite dans son personnage glacial et mystérieux mais les centres d'intérêts sont dispersés et les morceaux du puzzle un peu trop disparates pour nous tenir en haleine : guerre de clans des polices, machisme, racisme, corruption. A trop évoquer de belles causes le thriller perd de son rythme.
Cela étant c'est du beau cinéma américain bien ficelé qui sait rendre très intense le climat new- yorkais actuel et qui est à nouveau l'occasion de magnifiques images de Manhattan.

vendredi, mai 05, 2006

C.R.A.Z.Y.



Incontournable à voir à titre perso, ce film québécois sur l'éducation chrétienne dans les années 1960 s'est révélé formidable! Ce film bavard, mais sous-titré rassurez--vous, nous fait partager avec beaucoup d'humour,d'émotion et d'impudeur ( en fait les mêmes caractéristique que les films de Denys Arcand dans son Déclin de l'empire américain et ses Invasions barbares..) l'intimité d'une famille de cinq enfants ( C.R.A.Z.Y. étant les initiales des prénoms des cinq garçons).
Famille chrétienne où le crucifix qui s'affiche à l'église et aussi dans les chambres à coucher rappelle que la souffrance permet d'expier ou d'être sauvé: pour le petit enfant la promesse d'aller à la messe tous les dimanches éviterait que l'on découvre le pipi au lit et plus tard la traversée de la tempête guérirait de l'asthme et la marche dans le désert effacerait le péché d'homosexualité. Mystère du don de Dieu ( ou de la grâce), culpabilité, ces thèmes sont évoqués à la fois sous l'angle psychologique et spirituel sans effet moralisateur avec simplicité au fil des évènements familiaux.
Les années passent, de 1960 à 1980, rythmées par les tubes choisis soigneusement ( dont Knock Knock des Rolling Stones pour les relations avec le démon), et illustrées par les coupes de cheveux du père et du fils! La mère, admirable de compassion, de dévouement et d'esprit de consensus),n'est absolument pas caricaturale ( et l'on peut imaginer les dégâts de la même éducation si elle était intégriste…), le père s'interroge sur sa responsabilité dans l'échec de ses fils (il ne reconnaît son échec que pour deux de ses fils, le junkie et le bisexuel, le sportif et l'intello ne lui paraissent pas "ratés").Comment s'assumer soi-même et faire accepter à sa famille sa différence?
Rarement la description de cette vie familiale dans son quotidien, les affres de l'enfance dans une famille pourtant normale, les rapports découpés au scalpel entre parents et enfants et entre frères, n'ont eu cette authenticité, passant de la cruauté, à la tendresse ou à la nostalgie ( on craque complètement quand le père chante Aznavour "mes vingt ans").

jeudi, mai 04, 2006

Transamerica



Duncan Tucker réussit pour son premier film à traiter avec humour et psychologie le sujet très hard de la transexualité;il a su trouver le juste ton pour nous initier à ce parcours douloureux, à la manière dont avait su le faire en littérature Rose Trémain dans son roman intitulé Le Royaume interdit ( mais c'était dans l'autre sens).
L'histoire se déroule dans un road-movie original entre New York et Los Angeles où la découverte de l'amour filial va ajouter aux affres et aux doutes de l'héroïne avant l'opération finale. Le personnage du fils est également crédible et s'il ne s'enfuit pas tout de suite à son arrivée à Phœnix (cette séquence chez les parents est moins convaincante), c'est probablement qu'il a envie de goûter à un univers de chouchoutage et de luxe qu'il n'a jamais connu.
La maîtrise de l'actrice Felicity Huffman ( mère des jumeaux non maîtrisés de Desesperate Housewives) contribue aussi largement à la réussite de cet excellent film