mercredi, juin 25, 2014

On a failli être amies

Tout semble un peu factice dans ce face à face entre de fausses amies dont le capital sympathie penche clairement du coté de Marithé (Karine Viard) courageuse, volontaire mais  vulnérable face à Carole (Emmanuelle Devos) gnangnan et gâtée par la vie. Cela tombe bien c'est Karine Viard que je préfère et en fausse amie « sincère » elle n'acceptera pas une liaison avec un homme encore marié à la geignarde et choisira de mettre en péril son poste par manquement à sa déontologie professionnelle.
Eh pourtant en tant que femme quadra, et  avec toute la subtilité qu'on lui connait ( notamment dans le superbe Ceux qui restent), la réalisatrice Anne Le Ny a bien cerné deux personnages de femmes quadra. En revanche, le rôle de mari idéal (interprété lui aussi magistralement par Roschdy Zem ) tel qu'elle est l'a imaginé n'est-il pas sorti d'un conte de fées moderne (ou le prince charmant est bien évidemment un  chef étoilé)?
Avec tant de bons sentiments et de sens moral, ce cinéma là flirte un peu avec les comédies romantiques américaines. Mais à la lecture d'interviews d'Anne Le Ny on sent bien que ses intentions étaient plus ambitieuses: rendre compte d'un certain climat social et des problèmes spécifiques du travail des femmes: choix, réinsertion, burn out; on les perçoit bien sur mais à la manière d'un décor de théâtre: omniprésent mais.....factice. 

lundi, juin 23, 2014

La Ritournelle

Plus évident à décrypter qu'un polar chinois, beaucoup moins sombre (et même pas assez), cet épisode de « l'amour est dans le pré », est un psychodrame typique du cinéma français que certains exècrent mais dans lequel je me complais.
Cet exercice sur l'adultère se veut être dans un mode beaucoup plus léger que celui de Flaubert, avec une Madame Bovary plus chanceuse et plus réaliste ; mais c'est toujours Isabelle Huppert qui tient le rôle ; coïncidence sans doute voulue par Marc Fitoussi qui situe l'élevage près d'Yvetot! Car si cette bergère sait nous conquérir  comme toujours, elle n'est guère crédible en éleveuse de bovins même si le métier a évolué; ses mains soignées ne sont guère compatibles avec les taches de la ferme. Jean-Pierre Daroussin est par contre plus vrai que vrai.
Ce film reste charmant malgré ses invraisemblances;  il a parfois des accents très justes c'est seulement  l'enchaînement des faits sur une seule journée qui rend l' histoire peu plausible. Les personnages sont plutôt bien cernés et surtout très bien interprétés. Bien sur j'en profite pour dire un mot gentil pour mon chouchou Pio Marmai-d'autant qu'il a ici  le mauvais rôle du jeune premier très sur de son charme et très peu « gentleman » pour ne pas dire gougnafier ....; il m'avait fait craquer dès son premier film... (vous pourrez vérifier dans mon blog, mais malheureusement à l'époque il n'était pas vendeur pour une enseigne connue et donc impossible d'aller le relancer!). Mais Marina Fois ou le séduisant danois composent  eux aussi des seconds rôles drôles ou attachants.

Black coal

Polar mandchou « âpre et sinueux », c'est le film du mois sur lequel tout a été dit et écrit; j'arrive donc après la bataille.
Je l'ai trouvé beaucoup moins violent que A  Touch of Sin -mais bien entendu dans la même mouvance -ce qui m'a permis d' apprécier la beauté des longs plans-séquences dans la nuit, sur la glace, le jeu des lumières et des néons « des décors entre chaos post-communiste et sauvagerie libérale » dixit la revue « Trois Couleurs » distribuée par MK2 ( dont j'apprécie beaucoup les articles); l'éparpillement des membres découpés seraient quant à eux le symbole du socialisme chinois moribond et totalement dispersé. Double lecture rendue possible par des critiques avertis et par la lenteur du scénario...

lundi, juin 09, 2014

Sous les jupes des filles

Certes Audrey Dana nous délivre un brouillon (genre première ébauche des anciens articles de Cosmopolitan) et elle aurait du confier la relecture de son film à un réalisateur confirmé (et pas Claude Lelouch dont elle s'inspire à mauvais escient), mais pourquoi tant de critiques acerbes face à ce premier film qui ne manque pas d'énergie, d'idées et dont le casting est fabuleux! 
D'après la lecture de ces critiques très négatives, j'aurais du m'ennuyer; eh bien non! je dis seulement dommage que tant d'actrices ( qui nous affirment ici toutes leurs différences et leur talent mais oui!) et tant d'idées soient lancées sans jamais aboutir, émouvoir ou même seulement faire sourire. Car certes toutes ces
femmes sont névrosées mais la réalité affleure parfois derrière cet anti-masochisme primaire. La crudité de certaines scènes (le titre nous avertit que cela se passe en-dessous de la ceinture) et le parti pris de bons mots tourne parfois à la vulgarité; il y a aussi des longueurs et des redites qui font que « ça ne passe pas » : ainsi le rôle de Marina Hands qui aurait pu faire basculer le film vers la comédie de société drôle et réussie tourne lui aussi à la caricature.
Un film donc à ne conseiller qu'aux femmes inconditionnelles des femmes et qui ne sont pas trop addictes aux comédies sentimentales....Cela ne va pas faire des millions d'entrées!

D'une vie à l'autre

Magnifiques personnages en harmonie avec leur décor: les sublimes paysages de la Norvège du Nord Ouest en hiver.... Ce film se « dévore » comme un roman d'espionnage avec l'empathie et l'émotion en plus....L'affiche fait référence à la vie des autres oui en moins subtil et moins achevé cependant et à Borgen et ça je me demande bien pourquoi!

Maps on the stars

Pas d'émotion, de la névrose encore et encore, Julian Moore a obtenu le prix d'interprétation à Cannes pour un personnage qui ne reste pas au bord de la crise de nerfs mais s'y complaît.....David Cronenberg s'est essayé à dépeindre une autre forme de violence... Celle-ci m'a laissée indifférente....

La Chambre bleue

C'est un exercice style avec flash-backs, cadrages à la manière d'un peintre...; au début on le regrette, ensuite on en apprécie tout le savoir-faire. D'une histoire un peu banale-un fait divers imaginé par Georges Simenon- Mathieu Almaric qui reste à mon avis encore plus convaincant en interprète qu'en réalisateur, nous montre combien il est difficile d'avoir un regard lucide sur soi-même; c'est le regard d'un tiers, le juge, qui lui permettra de voir clair en lui et de comprendre ce qui l'amène devant son juré. Il sera condamné à tort peut-être
en ce qui concerne le péché d'action mais à coup sur pour le péché par omission.