vendredi, septembre 29, 2006

Les Amitiés maléfiques



Cette fois le fond est bon! Défendre la "non écriture", encore que la fin contredise le propos puisque le héros finira tristement sa jeune carrière à Rochefort, et justifier l'art de la critique ( heureusement pour tous les bloggers), c'était une voie et une voix inédite quand tout le monde écrit à propos ou hors propos. A ce thème s'ajoute celui de l'amitié, du rôle du meneur de jeu mais cet aspect là manque de fougue et même de cruauté car le personnage du brillant étudiant qui devrait nous fasciner nous aussi n'est pas convaincant. Souvenez-vous du récent téléfilm sur Sartre qui décrivait beaucoup mieux l'ascendant intellectuel et humain du philosophe interprété par Laurent Deutsch. Quant à ses condisciples ils ne nous attachent ni nous émeuvent, et le film est donc un peu ennuyeux

jeudi, septembre 28, 2006

Le Diable s'habille en Prada



Impeccable dans sa forme, le film déçoit un peu par son fond.
Comme le magazine dont il dépeint les mœurs, Runway alias Vogue, les images sur papier glacé mettent en scène des créatures de rêve, en particulier la jeune assistante, qui ferait presque croire qu'en troquant ses vieux pulls à torsade contre des ensembles signés on acquiert la silhouette idéale d'Anne Hathaway ( vraiment magnifique).
Les dialogues sont drôles et l'identification d'une femme à sa marque de chaussures n'est pas si caricaturale… Par contre le carriérisme, la recherche des honneurs ou des avantages en nature, et surtout la dépendance à des hommes ou des femmes d'exception sont traités avec trop de simplisme ; l'aliènation au chef dans le film le Rôle de sa vie avec Agnes Jaoui et Karin Viard allait beaucoup plus loin…Et il n'était pas nécessaire de montrer la vulnérabilité de cette femme de pouvoir incarnée par Meryl Streep, son arrogance, sa tyrannie ordinaire en disent assez sur son manque d'équilibre et sa fuite en avant!
On sourit donc et on tourne les pages splendides de New York à Paris et de défilé en soirée, un peu étourdis et flattés de pouvoir le temps d'un film fréquenter ceux qui font la mode…et très déçus lorsque l'on retrouve sa propre garde-robe...

samedi, septembre 23, 2006

Les Aristos



Pour éviter d'être taxée d'un a priori défavorable sur les comédies populaires, il fallait essayer ce film réalisé par une personnalité forte et sympathique Charlotte de Turckheim qui semblait entourée d'après le générique de bons acteurs. Et le début est farfelu, avec des personnages truculents et une verve à la manière du Diable par la queue. La visite de la grande famille permettait de mieux diversifier le propos, c'était bien parti. Hélas le film s'enlise bien vite et devient lourd, très lourd…

mercredi, septembre 20, 2006

Quand j'étais chanteur



"Vous êtes pathétique" dit Cécile de France à Gérard Depardieu, et c'est l'adjectif qui caractérise le mieux tout ce film. Crédible le personnage de Gérard Depardieu en chanteur de "roucoule" l'est tout à fait, et sa performance d'acteur est encore une fois formidable. Les autres personnages sont plus ambigus, cela compense cet aspect monolithique du personnage central. Cécile de France est toute en charme et en fragilité même si son histoire à elle est plus contestable et si on peut se demander pourquoi elle commence par coucher puis après seulement à s'interroger…Les dialogues sont soignés, et au début ça marche, certaines scènes comme la leçon de tango sont émouvantes mais ensuite le film se répète et traîne en longueur…et même les accros de radio Nostalgie baillent un peu.

mercredi, septembre 13, 2006

Thank you for smoking



Profession lobbyiste, cette version très américaine d' "un smoking or not smoking", est gaie, avec un rythme alerte et enjoué. L'acteur qui interprète le rôle principal a vraiment un look très "vendeur". Plaisir des mots et de la rhétorique, on oubliera le côté un peu grandiloquent de la relation père fils… Les décors sont soignés et le tout fait un film qui devrait faire un tabac!

Les Particules élémentaires



Après Flandres l'univers Houellebecquien ne semble plus si noir ni si malsain…. L'adaptation allemande évite la polarisation racoleuse sur le thème cher à l'auteur de l'obsession et/ou de l'insatisfaction sexuelle. Par contre les ravages de la vague hippie des années 60 sont férocement dénoncés, notamment lors de la scène très dure de la mort de la mère. On rit par contre franchement dans l'épisode du séjour en camping mi-naturiste, mi-new age ! C'est finalement l'amour qui triomphe, tant dans le non-dit avec l'un des demi-frères Michel, que dans le mélo avec Bruno. Les deux couples d'acteurs sont par ailleurs excellents, mais tout le film n'apporte finalement rien d'original.

mardi, septembre 12, 2006

Je vais bien, ne t'en fais pas



L'unanimité de la presse et des spectateurs s'est faite sur ce film et sur son actrice principale Mélanie Laurent, émouvante, sensible et cette critique va dans le même sens. Les acteurs et le scénario trouvent le ton juste pour décrire le quotidien, la banalité ou la tristesse de la rupture entre des parents vieillissants et leurs enfants adultes. Les scènes sont pudiques, mais le malaise est palpable lors du déroulement immuable du repas en famille quand on a rien à se dire et que l'on décline à l'infini les pages de la cuisine de A à Z avec une mère qui essaye de faire bonne figure et un père moins bienveillant…
Julien Boisselier (Thomas dans le film) est le seul personnage décalé, réaliste, parfois maladroit (ah! cette image du frère en SDF avec son chien devant une supérette…), résolument optimiste, bien vivant et qui n'arrive même pas a être désabusé ; il est très bien dans ce rôle qui nous permet de reprendre notre souffle pour sourire un peu et regretter de n'avoir pas toujours auprès de soi ce gentil animal familier.

samedi, septembre 09, 2006

Little Miss Sunshine



C'est un film pesant et démoralisant qui nous fait vivre le road-movie entre Albuquerque et la Californie d'une famille de névrosés, qui se fédèrent autour d'une petite fille sans grâce qui rejoindra elle aussi ce clan de loosers. La philosophie du film nous est illustrée tout au long du parcours par chacun des personnages: si on peut partager ses échecs alors on devient capable de s'assumer. Cela n'est ni gai, ni beau…et cela manque grandement d'un petit rayon de soleil.

mercredi, septembre 06, 2006

La Tourneuse de pages



Une fois encore déception pour ce triller intimiste trop lent et trop simpliste. L'affiche était tentante avec de bons acteurs, et un thème de la vengeance intéressant. Mais si le décor est bien planté et les caractères des personnages bien décrits dans leur complexité et leur perversité, tout le reste est peu crédible et bien mince.

lundi, septembre 04, 2006

Flandres



Grand prix du Festival de Cannes, ce film est très beau esthétiquement mais très dur à la fois sur le fond et dans sa forme . C'est un film âpre, taiseux, violent, et même éprouvant qui met en parallèle la brutalité physique ( voire la bestialité) et morale dans le monde rural des Flandres et dans le contexte d'une guerre non identifiée mettant aux prises des soldats, des civils, et de jeunes snipers.
L'héroïne, Barbe, filmée comme une peinture de Vermeer avec son turban, nous évoque Mouchette. Plus désespérée encore que les autres personnages, elle nous emmène au fond de son gouffre. Quant au parcours des jeunes gens qui découvrent l'horreur de la guerre au quotidien et y participent, seul le dernier plan laisse une lueur d'espoir: pour le soldat Demester revenu à la vie civile, ce parcours initiatique sur lui-même lui a permis de s'approprier des sentiments et de les exprimer. Bruno Dumont, le réalisateur, rejoint ainsi Robert Bresson dans l'expression cinématographique de la dimension mystique de l'humain.
On est loin d'un cinéma détente…. A n'explorer que si le moral est au beau fixe….