dimanche, janvier 29, 2006

Vers le Sud



Trois femmes seules, trop agées pour être encore des célibatantes, nord américaines, circonstance aggravante dans leur monde où prime plus encore qu'en France l'apparence et le puritanisme social anglo-saxon, viennent faire une pause à Haïti pour vivre en toute liberté leur temps de vacances .
Le cinéaste dépeint parfaitement ces portraits de femmes sous-baisées qui se sentent rejetées dans leur vie sociale normale et viennent se réfugier dans un site protègé (en l'occurence une plage et un hôtel paradisiaques) pour oublier le regard des blancs "civilisés". Ellen, typiquement bostonienne, se sent rongée par la vieillesse, et cette femme blessée hautaine, distante, dédaigneuse, trop orgueilleuse pour réclamer de la tendresse est magnifiquement interprétée par Charlotte Rampling; Brenda est une romantique dépressive toujours en décalage par rapport aux évènements (ce décalage est frappant dès son débarquement à Port au Prince , et en bonne européenne sensible au jets'lag on met cela sur le compte du décalage horaire ).Quant à Sue, elle se sent simplement trop quelconque pour intéresser quiconque au Canada.
Ce microcosme est une enclave d'où ne parviennent que très faiblement les échos d'une vie où la faim, la peur règnent sous la dictature des tontons macoutes. Mais si le climat de sensualité à la fois toléré, retenu, est très bien rendu, la peur et l'insécurité côté indigènes sont évoqués de façon maladroite ( notamment dans la première scène, assez disjointe du reste du film, supposée donner la mesure de cette misère ). La cause haïtienne est bien mal défendue (et il aurait encore matière quand on sait que même le tourisme a été détruit lui aussi) par ce film lent et déprimant, comme s'il était tourné par une équipe épuisée…
La reconnaissance du ventre, moteur de l'histoire, devrait davantage prendre aux tripes…

mardi, janvier 24, 2006

Good Night and Good Luck



La presse a salué unanimement le travail de mémoire et le montage de G. Clooney . La dimension historique du film a été perçue par tous puisque la salle était comble un lundi après-midi : plusieurs classes de lycéens y étaient venues dans le cadre de leur établissement .
C'est un film austère, dru, dense, intelligent et exigeant pour le spectateur, à la mesure du message contenu dans le film. Ce film revendique le pouvoir d'information de la télévision, rôle que l'on ne pouvait réduire à cette époque au seul pouvoir des images car le choix du texte, du ton et du rôle du commentateur lui-même sont présentés comme essentiels ; il lui dénie par contre un rôle éventuel d'amuseur public.
Revendication d'un contre-pouvoir politique, pression des annonceurs publicitaires, importance de l'image et de la personnalité des éditorialistes, complémentarité des media (la presse dans le film) beaucoup veulent voir aussi dans ce film une leçon pour la télévision actuelle; cet aspect là ne prime pas car c'est la technologie de la télévision de l'époque, ses lourdeurs, son fonctionnement vu de l'intérieur qui sont soulignés et particulièrement bien restitués au détriment de l'émotion.

samedi, janvier 21, 2006

Le Secret de Brokeback Mountain



C'est à la fois une très belle histoire d'amour, une longue complainte sur les solitudes et un plaidoyer contre l'intolérance.
Dans ce western engagé, ces deux cow-boys là se battent contre eux-mêmes. Les scènes d'amour sont à la fois sobres et convaincantes ( beaucoup moins hards que dans " le Temps qui reste"). La beauté des paysages ( le Wyoming) et de nos deux héros (on y retrouve l'acteur principal de Jarhead : Jake Gyllenhead, toujours viril mais cette fois sensible et sentimental) souligne encore davantage la misère matérielle et morale de cette société rurale; les personnages des femmes sont crédibles et l'on pleure à la fin quand le regard de la mère résume toute la tristesse d'un monde impitoyable pour les exclus de tout poil et de tout sexe.
Magnifique!

jeudi, janvier 19, 2006

Orgueil et Préjugés



Le monde de Jane Austen est bien sombre et ce film met en évidence le coté sordide de la condition féminine au début du 19ème siècle.
Le contexte boueux et glauque de cette vie campagnarde met en valeur la sensibilité, la liberté de ton et la finesse du personnage principal .
On peut regretter cependant que cet univers ne soit pas peint de façon plus subtile ( comme dans Raisons et Sentiments avec Emma Thompson inoubliable), et cette lourdeur (voulue?) est accrue par une musique insistante. La mise en scène oppose brutalement le romantisme (illustré par la campagne anglaise représentée dans toute sa beauté aux rayons du soleil, dans le brouillard ou sous des averses) au réalisme de la vie quotidienne très dure pour les hobereaux campagnards, comme pour les servantes. Les filles y courent à leur perte, comme Madame Bovary , à trop rêver à un bal ou à un beau mariage.
C' est aussi noir et réaliste que chez Flaubert , mais Jane Austen elle reste optimiste malgré tout et croit en la bonté des hommes et au pouvoir des livres…et le film privilégie trop la romance.
Les personnages de femmes sont bien joués ainsi que le père Donald Sutherland. On retrouve dans deux personnages secondaires,les deux actrices principales de Mrs Henderson: Judi Dench et Kelly Reilly très convaincantes dans leurs rôles respectifs de perverse et de pimbêche. Les hommes par contre paraissent falots: préjugé?

mardi, janvier 17, 2006

Jarhead-La fin de l'innocence



C'est une version très violente du thème du Désert des Tartares , l'attaque ennemie à laquelle on se prépare et qui n'arrive pas. C'est surtout une image terrible de la machine de guerre, d'autant plus violente que c'est de l'histoire récente et d'autant plus terrifiante qu'il ne s'agit pas de balais d'hélicoptères mais bien d'individus qui marchent, souffrent et attendent en vain un combat dans une guerre où leur utilité n'est même pas certaine .Images si violentes et si terribles que l'on se demande si l'on vit sur la même planète que ces "marines", qui d'ailleurs deviennent méconnaissables physiquement lorsqu'ils reviennent à la vie civile, au point de ne pas se reconnaitre entre eux. Le titre est parfait, c'est la fin de leur innocence mais aussi de la notre : faire la guerre, même à notre époque, implique les hommes et les marque à jamais. Ce film nous le rappelle à nouveau, dans un style original qui le démarque et que l'on n'oubliera pas, comme les grands films sur le Vietnam.

dimanche, janvier 15, 2006

La Rumeur court



Cette comédie sentimentale perdure la tradition de la comédie hollywoodienne:de beaux acteurs, des villas cossues, et un mariage chic (un de plus!). Le schéma est donc classique, au début, et notre héroine Sarah (Jennifer Aniston), jeune femme un peu tourmentée par son avenir et par ses retrouvailles avec sa famille angoisse à l'idée de s'engager dans le mariage et de présenter officiellement son fiancé à sa famille .
Mais son trouble va s'accroître quand elle aura entendu les confidences de sa grand mère ( excellente Shirley MC Laine que l'on retrouve après In Her Shoes dans le rôle de grand'mère , mais cette fois en mamie alcoolo et nympho, ex Mrs Robinson!).
Quand Sarah, le poil luisant rencontre et séduit à force de minauderies " le Lauréat" ( joué par Kevin Costner), elle choisit pour un temps, et on l' excuse facilement! de préférer le présent tant il est exaltant: draps brodés, bal, excursion en avion privé pour un déjeuner dans la vallée des vins ( avant pour "emballer" on se contentait de jouer de la guitare, maintenant il semble que piloter soit un plus…).
Mais le fiancé va se révéler plus tenace qu'il n'y paraissait au début. Tout se finit bien , soyez en sûrs, sinon plus de tradition .
Si vous êtes un et surtout une inconditionnelle de notre amie Jennifer ( Rachel dans Friends), si vous fredonnez avec nostalgie Mrs Robinson, et si ce soir vous avez choisi de regarder une fois encore Pretty Woman qui passe à la télé, alors courez voir cette rumeur là, même si cette jeune femme n'a pas la grandeur de Julia Roberts et même si les contes de fées deviennent eux aussi prosaiques et privilégient la "sécurité de l'emploi" , en Californie comme ailleurs ..

vendredi, janvier 13, 2006

Le Monde de NARNIA



Vraiment magique cette armoire qui va permettre de découvrir un nouveau monde, ou plutôt deux mondes: celui du Bien qui va s'opposer à celui du mal. La fée est une méchante sorcière et il faudra quitter l'hiver pourtant splendide pour découvrir le monde des gentils dont le roi , Walt Disney oblige, est un lion.
Qu'il est beau et bon ce lion, et que nos jeunes amis sont valeureux. Ils vont se comporter comme de preux chevaliers car on est dans un monde mi-biblique, mi-chevaleresque.
Le roi Lion Aslan a le pouvoir de ressusciter les morts ( les gentils) et les combats de nos héros dont ils sortiront ( enfin!) vainqueurs se déroulent à la façon des duels de la chevalerie moyenâgeuse.. Pour que rien ne manque dans ce film d'actions il y a aussi des poursuites, donnant lieu à des scènes splendides en traîneau ou sur des blocs de glace…
C'est donc du cinéma plaisir, magnifique . La scénographie avec une diversité inouie d' animaux réels ou légendaires est d'une imagination débordante et inoubliable(comme par exemple l'attelage d'ours polaires).
On ne peut guère faire plus ni mieux pour nos chères têtes blondes; à réserver cependant à des enfants qui ont l'habitude du cinéma et pas trop jeunes, sinon le rêve deviendra cauchemars

Mrs HENDERSON présente...



Mrs Henderson est une originale mais néanmoins très british septuagénaire qui à la mort de son mari décide de (commencer à )vivre sa vie à sa guise .
Elle peut enfin s'octroyer certains droits pour "compenser" son veuvage, s'envoyer en l'air par exemple ( pour se rendre en France dans son avion privé ce qui en 1937 n'est pas si banal), et même et surtout produire sa revue de music-hall.
Les dialogues sont vifs et les situations cocasses pour ce film kitchissime de Stéphane Frears dont on reconnait la patte soignée, l'oeil intelligent, le ton mordant.
Mais à force de traiter de façon so british la face émouvante du film, on finit par le regarder seulement comme un documentaire brillant sur une époque (heureusement!)révolue.

mardi, janvier 10, 2006

Angel-A



On décolle vraiment dans toute la première partie du film ; on s’envole pour découvrir Paris en noir et blanc, des images somptueuses en extérieurs comme en intérieurs. On redécouvre aussi la maxime aimes-toi toi-même pour aimer les autres ainsi qu'une nouvelle version très réussie de « t’as de beaux yeux tu sais », dans un décor de sanitaires 1900 ( ?). Les dialogues sont légers et l’humour permet d'adhérer à une situation quasi-mystique.
Mais quand le message devient martelé (bien que parfois un peu inaudible), la magie n’opère plus, nos ailes nous lâchent. On feuillette alors un magnifique album de photos au son d’une très belle musique signée par Garbarek .

lundi, janvier 09, 2006

The Constant Gardener


Peu convaincant ce soi-disant thriller qui n’arrive jamais à nous tenir en haleine, même si le très british et très ennuyeux diplomate anglais au Kenya se transforme sur le tard en baroudeur, on n’y croit plus et on se désintéresse de son sort.Le titre finalement retenu The Constant Gardener est bien adapté à la personnalité du personnage principal tel que l’on le découvre dans la première partie ; pourquoi s’intéresse-t-il si peu à sa femme et pourquoi la laisse-t-il vivre sa vie de galère si loin de lui (que diable va-t-elle faire si loin dans le Nord à Loki ; il connaît le pays , il peut deviner qu’il ne s’agit pas d’une simple « excursion ») .Accepte-t-il d’être manipulé par sa femme comme par son contexte diplomatique. Se voile-t-il la face, son mariage aurait-il été pour sa femme un mariage d'intérêt?
La seconde partie est beaucoup trop décousue, sans rythme et on ne regrette pas de laisser ce combat contre Big Pharma aux quelques pasionarias , antimondialistes ou autres berlinoises écolo convaincues .
Il reste de ce film des images dantesques du Kenya (au sens infernal puisque le rouge domine), loin des images touristiques traditionnelles des safaris au pays de lions et des antilopes... Nous découvrons, atterrés, des bidonvilles surpeuplés, une population vivant pêle-mêle avec les monceaux d’ordures , le long de la voie ferrée.. Les premières images de la morgue sont effarantes et la misère de l’hopital , sans mélo, est bien réelle . Pourquoi en rajouter en abordant aussi les problèmes du Soudan ? Cela n'ajoute rien au scénario mais on en retirera la beauté des prises de vue et le plaisir de survoler et de nous arrêter un peu plus longtemps au bord du lac Turkana car il n’est pas près d’être au programme des circuits touristiques du Kenya!