mercredi, mars 30, 2016

Sunset song

Beaucoup de termes en «  isme » caractérisent ce long film (2H15) qui a pour cadre une ferme écossaise au début du XX ème siècle. Le lyrisme domine (marque de fabrique des réalisateurs prénommés Terence ?) mais aussi féminisme , anticléricalisme, socialisme, antimilitarisme (sans misérabilisme heureusement!).
Pour ne pas être submergé mieux vaut donc prendre le mode contemplatif car les images et les lumières sont somptueuses : neige, tempête, dur labeur des labours, la nature se met aussi en mode superlatif. Et quel plaisir d'écouter les magnifiques chants écossais et le joueur de cornemuse!
A noter que dans le casting, la jeune et lumineuse
ex-mannequin Agyness Deyn qui interprète le rôle de l'héroine écossaise Chris Buthrie a pour partenaire un acteur du nom de Kevin Buthrie, bien joué !

vendredi, mars 25, 2016

Médecin de campagne

L'énorme décalage entre les scènes relatives à la profession médicale hyperréalistes, les trognes des habitants qui semblent être tous des natifs et non des acteurs et les propos parfois extrêmement sombres (même sinistres telle la réflexion du rôle du médecin impuissant contre la barbarie de la nature) et un scénario convenu genre conte de fées m' a beaucoup gênée.
Heureusement le capital sympathie dont bénéficie François Cluzet dans la plupart de ses films récents (phénomène Intouchables mais aussi ses grands rôles de solitaires tels que dans A l'origine) et l'excellente connaissance du milieu médical du réalisateur Thomas Lilti (Hippocrate) ainsi que son aptitude à montrer les personnages sous leur vrai jour en appuyant là où ça fait mal - le plus souvent mais parfois aussi dans ce film angoissant là où ça peut faire rire car les dialogues ne sont pas dénués d'humour- permettent d'accepter certains clichés. Et le tout est pour la bonne cause puisque c'est un cri d'alarme sur le mal social de la France rurale en panne de médecin.

A Perfect Day- Un jour comme un autre

La Bosnie dévastée par la guerre manquant de tout dans des paysages désolés de villages en ruines, de routes montagneuses minées aux mains de militaires parfois « indélicats » , hargneux ou stupides, des enfants qui tueraient pour un ballon, des profiteurs qui vendent l'eau à prix d'or....Et pourtant ce film qui nous permet aussi de  comprendre que la guerre ne finit pas le jour où l'on signe l'arrêt des combats est drôle! En effet, ce  drame humain est avant tout une comédie satirique qui ose même prendre pour cible les ONG !
C'est donc au final un bon moment de cinéma car la réalisation est originale, les dialogues écrits avec un humour irrésistible et les acteurs attachants (menés par Benicio del Toro formidable de présence et de séduction très macho).

mardi, mars 22, 2016

Midnight special

Jeff Nichols, réalisateur de Sur les rives du Mississippi, accentue cette fois le côté fantastique, mais reprend aussi le thème qui lui est cher du père protecteur  qui doit sauver son fils de Take Shelter. C'est un film d'une facture très moderne dans un style tendu ( qui peut  rappeler l'émotion de la vision de Drive) et qui mélange les genres avec succès : drame familial, thriller, science-fiction, poursuite par le FBI.....
Au départ de cette fiction les pistes sont brouillées car les kidnappeurs ne font peut-être partie des méchants et le personnage de Lucas, l'ami policier sympa du père, se révélera être une présence très rassurante et très positive dans le chemin qu'accompliront les parents pour accepter que leur fils suive sa voie.. La fin est un peu longue, mais la tension avait été si forte que le côté apaisant ou futuriste de belles images nous permet de reprendre notre souffle.

jeudi, mars 17, 2016

Au Nom de ma fille

Vincent Garenq, réalisateur de Présumé coupable (que je n'ai pas vu), dénonce à nouveau le système judiciaire en relatant l'affaire Bamberski pour laquelle un père mettra 27 ans à obtenir justice pour le meurtre de sa fille . Un parti pris qui nuit à l'intérêt cinématographique car cette vision très monolithique du drame vu par le personnage du père dont la douleur va tourner à l'obsession ne laisse guère de champ à l'imaginaire. La facture est classique et Daniel Auteuil joue avec justesse mais sans nous surprendre.Le tout correspond bien au projet du réalisateur qui voulait « une esthétique sobre pour faire oublier qu'on est au cinéma ».....

The Revenant

C'est un film à voir mais ce n'est pas un film que l'on « aime ».
Prouesse technique, virtuosité, sauvagerie, survie tout est porté à son paroxysme et le générique de fin interminable est significatif du challenge imposé par le réalisateur (le mexicain Inarritu oscarisé pour Birdman) et comme le souligne Télérama « l'adresse de Leonardo DiCaprio -oscarisé pour ce rôle- consiste à soustraire, son exploit à lui est de n'en faire jamais trop ». Heureusement car parfois trop devient insupportable (cf le dernier Tarentino qui raconte aussi une histoire de vengeance, ou Terrence Mallick dans sa fascination contemplative et onirique de la nature dont le réalisateur semble s'être aussi inspiré) .
C'est donc long, beau et désespéré puisque dans cette lutte avec la nature (le froid, la neige omniprésente , les animaux sauvages, les indiens, les ennemis de son propre camp ..) seul le désir de vengeance peut faire tenir le héros, un homme désespérément seul et sans futur, bien loin du très tonique Matt Damon de Seul sur Mars !

vendredi, mars 11, 2016

Room

C'est un jeune acteur canadien de 9 ans, Jacob Tremblay, qui interprète magnifiquement le rôle d'un petit garçon de 5 ans tenu en captivité depuis sa naissance dans une « cabane » où sa mère s'est efforcée de l'éduquer le mieux possible ; il va réussir à faire aboutir leur plan pour s'échapper et tous deux devront ensuite réapprendre à vivre dans la réalité d'une vie normale (cette partie étant beaucoup plus convenue). La comédienne Brie Larson vient d'être Oscarisée pour ce rôle de mère courage.

La Vache

Un feel good movie qui nous fait voir la France avec les yeux et le cœur d'un paysan algérien authentique. Nos travers, notre mode de vie et surtout le rôle déterminant des média dans notre façon d'accueillir les événements donnent lieu à des scènes qui font sourire sans jamais tomber dans le vulgaire.
Dommage que Lambert Wilson ait éprouvé quelques difficultés à appréhender son rôle avec aisance dans ses premières scènes.. Ce « comte à découvert » est coincé certes, mais on en attendait mieux face à l'interprète du personnage principal Fatsah Bouyahmeh- comédien ayant participé au  Djamel Comedy Club-qui joue son rôle avec simplicité et justesse (d'autant mieux qu'il en a coécrit le scénario).

Brooklyn

Du cinéma à l'ancienne qui nous fait vibrer avec une jeune émigrante irlandaise accueillie dans une communauté de Brooklyn . Une réussite grâce au charme et à la sensibilité de son interprète Saoirse Ronan, étoile montante d'Hollywood, vue dans Lost River.

Eperdument

Adèle Exarchopoulos est une actrice trop sulfureuse pour que la carte de l’ambiguïté de ce scénario soit plausible .
Il nous faut donc adhérer à cette histoire d'amour comme nous le suggère le titre . Mais la réalisation et la performance de Guillaume Gallienne contredisent ce propos. L'acteur ne semble pas en adéquation avec son rôle, sans doute est-il plus à l'aise dans des dialogues plus écrits que dans ces scènes répétitives qui par contre illustrent bien (me semble-t-il!) le milieu carcéral.

samedi, mars 05, 2016

Je ne suis pas un salaud

Ce film stigmatise tous les maux engendrés par le chômage et Nicolas Duvauchelle est un interprète vraiment convaincant du mal-être et de la rancoeur accumulés par ceux qui pensent qu'ils valent mieux que ce que la vie leur a permis de réaliser. C'est une démonstration percutante de la fracture sociale ( et pour moi bien plus subtile et plus en profondeur que La Loi du Marché).Le ton est juste, les situations réalistes ; la bande son en particulier, avec le bruit continuel et la musique trop présente ainsi que les images répétitives des barres où chaque fenêtre est une boite dans laquelle se  joue aussi très probablement d'autres drames familiaux, nous forcent à l' empathie avec les personnages aussi peu sympathiques soient-ils ; car il ne s'agit pas d'un mélo, ni d'une fable mais d'une constatation en images des problèmes de notre société. Attention donc, glauquissime ! Mais le prochain César du meilleur acteur devrait être pour Nicolas Duvauchelle !

Nahid

C'est une réalisatrice iranienne, Ida Panahandeh , qui nous raconte l'histoire d'une femme après son divorce cette fois, tyrannisée par sa famille, sa belle-famille et son fils.et aux prises avec des problèmes d'argent.
 Rien n'a vraiment changé depuis que nous étions entrés dans l'intimité d'une famille dans La Séparation .Ce beau portrait de femme souffre donc  un peu de la comparaison avec ce film clé, malgré les belles images dans un décor triste sous la pluie au bord de la mer Caspienne et l'importance ici du fameux « mariage temporaire » dont on peut juger des avantages et des inconvénients....
Par ailleurs, le titre choisi nous invite à la compassion pour Nahid (au final pas si sympathique et heureusement), mais ce parti pris est réducteur car tant pour les couples iraniens que dans le monde occidental, les conséquences dramatiques du divorce touchent aussi ses deux compagnons (l'ex et le nouveau) qui ont eux aussi leurs difficultés ( et pour l'ex on peut amorcer une comparaison avec Je ne suis pas un salaud qui se déroule bien en France....). D'ailleurs sur ce thème Asghar Farhadi nous avait subjugués avec Le Passé.En conclusion, si vous avez besoin de films plus légers et si ce n'est pas la Journée de la Femme, ce film encensé par la critique n'est quand même pas aussi indispensable que les deux films du réalisateur cité.

Ce Sentiment de l'été

C'est un film sentimental mais pas une romance qui se joue en trois actes très différents par leur lieu de tournage et leur ambiance.
 Le premier nous décrit sobrement le drame : la mort subite d'une jeune femme artiste à Berlin. Les faits sont décrits avec réalisme ; sa famille, ses amis et son compagnon s'entraident, font face et organisent leur « survie ».
L'acte deux se joue un an plus tard en France (Paris, en particulier place de la Nation, et Annecy – avec de très belles vues du lac qui semblent sorties du Genou de Claire comme si rien n'y avait changé depuis 1970) ; cette fois les marques durables du choc émotionnel sont tangibles, les échanges entre les personnages sont tendus, complexes et maladroits.
L'acte trois se déroule à New-York avec de magnifiques vues depuis des terrasses, reprenant ces dialogues entamés depuis une terrasse à Paris entre la sœur ( Judith Chemla) et le compagnon comme si ces deux personnages principaux peuvent y découvrir leur ville en prenant de la hauteur et leur permettre aussi de voir plus loin dans leur avenir. L'action y est plus marquée, le rythme moins lent ( à l'image de la danse) car cette fois les proches de la jeune morte sont en train de construire leur nouvelle vie.
C'est vraiment un beau film où le réalisateur Mikhael Hers semble avoir mis beaucoup de lui-même tant son ton est juste et subtil et ses figures de style toujours très pensées. Il doit aimer spécialement l'été et les jardins publics des villes car on retrouve aussi dans ce film l'émotion des scènes de groupe de Memory Lane comme si certains de ces anciens jeunes laissés sur ces pelouses en 2010 nous racontaient maintenant leurs drames d'adultes.