mercredi, mars 07, 2007

Les Témoins




Ce film commence avec la bande son d'un air d'opéra qui nous suivra tout au long de la narration pour accompagner cette histoire tragique mais optimiste sur le pouvoir d'aimer quoiqu'il arrive. Et pourtant en 1984 c'est une guerre déclarée à l'amour charnel avec la révélation du virus du SIDA. Le titre du film insiste sur l'aspect témoignage d'une époque et d'un tournant. C'est sans mélo et sans angélisme qu'André Téchiné nous conte ces histoires d'amour au sein d'un petit groupe d'amis. Chaque personnage dévoile ses zones d'ombre que ce soit le flic, l'écrivain, le médecin ou la chanteuse lyrique. Seule la jeune victime est épargnée Manu, dans cette description de l'égoïsme et de l'ambition ordinaires.Le réalisateur n'a pas voulu faire un tableau sombre, au contraire c'est toujours la lumière, le soleil, la mer ou les rivières qui brillent au soleil ou sous les projecteurs qui éclairent même les scènes les plus douloureuses. Comme s'il s'agissait de montrer que la beauté des apparences cache le danger imminent pour le plus grand nombre ! Le milieu homosexuel et les prostituées sont particulièrement concernées et le film montre donc des images "qui peuvent heurter".Les trois acteurs masculins sont particulièrement excellents, les deux vedettes féminines Emmanuelle Béart et Julie Depardieu restant elles davantage dans leur répertoire habituel.

dimanche, mars 04, 2007

Entre adultes




Quelle noirceur pour cette ronde de couples hommes/femmes à l'exception de la bouffée d'oxygène finale ! Le réalisateur Stéphane Brizé (dont le dernier film était Je ne suis pas là pour être aimé)met en scène leurs dialogues pour illustrer l'adultère, le droit de cuissage, l'émoussement du désir, le besoin d'être rassuré sur son pouvoir de séduction, les déviations sexuelles liées à l'impuissance, la frustration …Le style est dépouillé mais efficace, et la salle réagit à ces évidences et à ces tristes réalités des diverses mésaventures de la vie de couple montrant qu'il touche juste là où cela fait mal.. Les hommes apparaissent particulièrement lâches ou faibles ou tordus et dans le premier dialogue par exemple la sensibilité parait féminine sur le mal vécu de l'adultère par la femme.Ce film subtil et modeste qui nous parle du désir ou du manque de désir n'est ni érotique, ni romantique et il est à déconseiller qui ne seraient alléchés que par l'affiche so sexy!

La vie des autres




Ce film a pour premier intérêt de raconter une page d'histoire récente, la vie avant la chute du mur de Berlin, derrière le rideau de fer comme on disait à juste raison quand on voit manipulations et atteintes à la liberté du régime totalitaire en vigueur. La STASI mène la danse en RDA, interrogatoires musclés, délations, des méthodes qui nous ont été maintes fois relatés et qui nous font toujours frémir dans les films sur l'occupation de la France entre 1940-1945. Et encore d'actualité en Europe en 1970!
Le second ressort est philosophique puisqu'il s'agit de réfléchir sur l'homme, son avidité de pouvoir, son désir de manipuler d'autres hommes et la veulerie de certains qui recherchent avantages en nature ou en honneurs. Le ministre de la Sécurité et de la Culture (?) et le dirigeant de la Stasi en sont des spécimens à la fois exemplaires mais communs.
Enfin le troisième volet, le plus subtil et le plus émouvant nous fait suivre le parcours personnel d'un homme de parti touché par la Grâce, qui va se manifester par l'amour d'une femme et par l'émotion que procure la musique. Il devient l'"homme bon" en tâchant de minimiser les dégâts causés par ses supérieurs hiérarchiques et en accepte les conséquences.
Bien filmé, bien interprété, ce film récompensé par l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood est incontournable.

samedi, mars 03, 2007

Le dernier roi d'Ecosse




Amin Dada, sa soif de sang et de pouvoir, les atrocités commises, sa mégalomanie. On pensait tout savoir avant ce film mais la mise en scène du roman de Giles Folden va plus loin et nous emmène au plus près et aux côtés du dictateur. L'Afrique aussi crève une nouvelle fois l'écran avec ses couleurs, ses femme très belles, la richesse de ses cultures mais aussi la pauvreté de ses habitants voués aux coutumes ancestrales et la puissance de l'appât du gain de ses dirigeants. Le contexte est merveilleusement bien illustré ainsi que la situation des blancs qui s'y sont expatriés: par amour, par vocation ou par fuite de vivre leur quotidien monotone dans leur pays. Le "singe blanc" jeune médecin écossais tout juste débarqué en Ouganda dans une mission après ses études en Ecosse fait partie de la dernière catégorie. Il va en tant que médecin particulier d'Amin Dada être attiré par son côté séducteur et vivre au quotidien la dualité de cet homme à la fois sanguinaire et bon enfant qui sait se faire charmeur et est miné par la crainte de la trahison de ses proches. Le film se déroule comme un suspense insupportable, dans des bains de sang et des actes de torture, entrecoupés de scènes hautes en couleur de la vie locale: célébrations en tout genre pour fêter le " père du peuple ougandais". On ne s'ennuie pas une seconde et les acteurs sont très bons et bien sûr l'acteur principal Forest Whitaker qui a su si bien s'identifier à Idi Amin ce qui lui a valu l'Oscar du meilleur acteur.

Odette Toulemeonde




Ce film ne mérite nullement les critiques acerbes de la presse. Ni niais, ni mièvre il est seulement optimiste et ce n'est pas culturellement correct. Catherine Frot qui interprète le personnage de femme simple donne toute sa dimension à cette fable et l'illumine. Au delà de son romantisme de pacotille, cette femme sait gèrer sa réalité au quotidien, très bien croquée et pas si sereine: deux ados , des moyens finaciers très limités, un travail pas si épanouissantque ça!
La déprime de l'écrivain semble bien peu fondée lui qui évolue dans un monde artficiel certes mais favorisé . Il découvrira peu à peu qu'il a beaucoup de chance et il saura la saisir et en faire profiter sa famille d'adoption. Trop beau pour être convaincant, sans doute, mais certaines scènes sont touchantes, comme la scène où Odette préfère donner une chance à l'homme dont elle n'est plus seulment amoureuse mais qu'elle aime vraiment. Elle lui propose de continuer sa vie sans elle si c'est mieux pour lui et sons fils. Grandiloquent? Non même pas.

Nue propriété


Beaucoup plus lourde est l'atmosphère de Nue propriété que le scandale précédent. Il s'agit d'un petit film belge, mais Isabelle Huppert sait transformer très vite un hui-clos en un drame et rendre l'atmosphère pesante même lorsqu'elle prend son bain ( comme dans la scène absolument dramatique de St Cyr).C'est donc un drame, conséquence d'une vie apparemment banale; un divorce, la garde des enfants à la mère qui rejette tout contrôle du père. Ce film commence là où beaucoup d'autres finissent, puisque ce sont les enfants devenus adultes qui vont s'opposer à la nouvelle vie que cette mère de famille voulait se refairepour les laisser devenir adultes sans elle. L'évolution de l'ambiance familiale, de la complicité à l'agressivité est décrite par des scènes très réalistes comme autant de tableaux saisissants et angoissants d'une vie rustre et difficile à l'écart de la ville et avec peu de moyens. Le titre comme les images mettent en avant le cadre de vie, la maison où se déroule et se finit le drame. La fin est silencieuse et pourrait laisser libre les spectateurs d'imaginer une nouvelle vie calme et heureuse pour tous les protagonistes, mais on n'en croit rien persuadés après ce film que le monde est noir et qu'il est bien difficle d'assumer nos choix.

Chronique d'un scandale




Drame de la solitude ordinaire, ce film américain met en scène une vieille fille professeur dans un lycée londonien qui est obligée d'exercer un chantage pour se faire aimer. Echec assuré bien sûr mais l'histoire se laisse conter et les deux actrices principales Judi Dench (Mrs Henderson, plus pathétique) et Cate Blanchett mènent le spectacle avec brio. Mais ni le suspense psychologique, ni l'émotion ne sont suffisamment forts pour nous laisser haletants du début à la fin.

Je crois que je l'aime




Cette comédie de Pierre Jolivet se déroule à la manière les anciennes comédies hollywoodiennes, les deux héros s'aiment et finiront par se l'avouer et se le prouver. On peut donc se laisser aller à savourer les répliques savoureuses et s'amuser des quiproquos. Notre héros, Vincent Lindon, à défaut d'être beau, est riche, sympathique et sincère et son contexte de travail est crédible (hélas!). Mais ce qui fait le succès de cette comédie qui n'aurait pu être que légère c'est sa dimension psychologique très réussie, où l'on devine dans le comportement de ces deux adultes pourtant consentants mais déjà mûrs qu'il n'est pas si facile de s'embarquer dans une nouvelle histoire d'amour; après des échecs cuisants (dépression, procès pour la garde du père), ils hésitent à replonger. Cette hésitation et les compromis et les omissions qu'il faudra faire, suggérés dans la dernière scène, autant que la joie d'être amoureux qui transforme tout ( et qui mène un homme très affairé à trouver le moyen de refaire avec ses clients le parcours idyllique vécu avec sa belle) sont décrits avec finesse et beaucoup d'autodérision.