jeudi, février 28, 2019

Euforia


Pour son deuxième long métrage,
la réalisatrice Valeria Golino offre à son ex-compagnon Riccardo Scarmacio un rôle flamboyant d'un romain extraverti qui va tenter d'ensorceler son frère grincheux, pauvre et malade pour lui permettre de profiter des quelques semaines qui lui restent à vivre. Cette conquête s'avérera plus difficile que celle de ses admirateurs et admiratrices habituelles.
C'est un film inégal où alternent des scènes de dolce vita, des dialogues plein d'humour, de la tendresse et des longueurs. ..

Celle que vous croyez


Manipulatrice ou victime? Femme de lettres névrosée sûrement.
Le personnage qu'interprète magnifiquement Juliette Binoche, qui sait retrouver par moments la douceur, la pétulance et le charme de ses années jeunesse (Bleu) peut encore séduire. Encore faut-il ne pas se tromper de cible ni le faire par vengeance et surtout retrouver confiance en soi. Trois conditions que ne satisfont aucune de son emprunt d'identité.
Parfois le cinéma ne peut traduire les ambiguïtés d'un livre , et ici les gros plans et des scènes parfois redondantes insistent sur ce qui peut heurter les antiféministes et faire définitivement fuir les hommes.
Camille Laurens dans son roman est plus virulente. Claire est enfermée dans une maison de fous et Alex n’est pas forcément le jeune homme branché incarné par le tout aussi branché François Civil (Hippolyte dans Dix pour cent)! Sa thérapie passe par l'écriture et par un jeune psychiatre plus convaincant que Nicole Garcia dans son rôle rigide, sévère et trop envahissant dans l'image.
Cette histoire a plusieurs fins possibles, elle donne l'envie d'écrire aussi une version, sa version. Et bien que la réalisation soit celle d'un homme (Safy  Nebbou s'intéresse aux emprunts d'identité comme dans l'autre Dumas), le spectateur se doit d'être une spectatrice (d’où les 2 notations)!

vendredi, février 15, 2019

Vice


002.pngUn film brillant, intelligent, documenté sur un sujet difficile :Adam McKay récidive ; son savoir-faire nous avait déjà bluffé dans un film plein d'humour sur le mécanisme de la crise des subprimes de 2008 (The Big Short). Déjà il y travestissait ses acteurs, méconnaissables!
On retrouve dans son casting Christian Bale et Steve Carell qui tiennent respectivement les rôles principaux de Dick Cheney et de son complice des premières heures Donald Rumsfeld. Ils parviendront grâce à leur goût du pouvoir, leur cynisme et aux manipulations exercées dans leur sphère politique et particulièrement sur le faible G.W. Bush Junior, à contourner les lois et même à en faire voter de nouvelles pour écrire ou influencer la politique américaine lors de plusieurs mandats présidentiels dont celui de la période 2001- 2009 qui bouleversera l'ordre mondial.
Mais Dick Cheney était beaucoup trop prudent nous dit-on pour laisser des traces ; son biopic ne pouvait donc nous être livré de façon linéaire. Il fallait subodorer, expliquer, démontrer. Pendant les 2H 12 du film, le réalisateur a donc recours aux digressions : sur les techniques de communication pour recentrer une information – dont les premières « fake news » relatives aux armes de destruction massive supposées détenues en Irak, divulguées par des média appropriés ( Fox News),  avec des allégories (images du cœur battant), des figures de style liées à la pêche, loisir préféré du vice-président etc.
C'est donc un film déconstruit, « roublard » et « tape-a-l’œil » a-t-on aussi écrit, un puzzle éclaté où tous les coups sont permis pour défendre le parti antirépublicain américain.
Christian Bale a obtenu le Golden Globe du meilleur acteur pour son interprétation de Dick Cheney pour lequel il s'est métamorphosé physiquement (+20kg) ; l'Oscar correspondant serait justifié; mais un oscar pour la réalisation marquerait  nettement un engagement politique d'Hollywood.
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jeudi, février 14, 2019

Une Intime conviction




Un film de procès avec une intrigue de thriller alors que l'on connaît déjà le verdict!
Pour son premier long métrage, Antoine Rimbault renouvelle le genre en s'appuyant sur sur son aventure personnelle puisqu'il s'est investi dans le procès en appel de Jacques Viguier. Il transporte sa propre expérience sur le personnage interprété par Marina Fois dont l'implication peut paraître
exagérément important- surtout avec la fougue propre à cette actrice.
Olivier Gourmet nous réjouit une fois encore en s'appropriant à la perfection le rôle de l'avocat Eric Dupont-Moretti en adoptant son ton, sa gestuelle, ses expressions.
Ce film aurait pu s'intituler "Présumé innocent" tant il sait nous captiver tout en décortiquant la mécanique de la justice française aussi bien que le font les grands films américains du genre.

lundi, février 11, 2019

La Dernière folie de Claire Darling



Bravo au chef décorateur et au preneur de vues, chaque plan est une œuvre d'art.....
Mais le scénario est bien pauvre et le couple mère/fille Catherine Deneuve/ Chiara  Mastroianni jouent sur un registre bien éculé dans les films de famille au cinéma ...Dans le « laborieux labyrinthe d'allers-retours entre présent et passé, réalité et divagations» (expression critique presse reprise à mon compte, on pourrait citer aussi le « vide-grenier devenu bric-à-brac »), surgissent des personnages et des images oniriques pleines de poésie(telles que les enfants costumés partant pur la fête foraine ou le défilé des mariées).
Mais un film sur l'emprise du temps, sur les souvenirs qui restent ou ceux qu'on oublie à dessein ou non pourrait être plus percutant.

dimanche, février 10, 2019

My Beautiful boy


Une histoire vraie portée à l'écran par le réalisateur flamand Felix Van Groeningen, qui tourne son premier film américain.
Le scénario étant faible- la chute puis la rechute suivie d'une descente aux  abîmes dans la drogue d'un jeune garçon vivant confortablement à San Francisco au sein d'une famille aimante- la narration choisit les retours en arrière dans le désordre.
Le jeune Nicolas, interprété par Thimotée Chalamet (remarqué dans Call me by your name) confirme ici son talent. Le père, Steve Carell joue magnifiquement dans un rôle éloigné de son univers habituel, ce qui permet d'accepter ces plans fixes et cette impression de spirale infernale tant pour lui que pour nous les spectateurs.

vendredi, février 08, 2019

La Favorite



Ce film baroque, boursouflé, surréaliste relate un pan d'histoire de l'Angleterre; la scénariste est restée fidèle aux événements qui se sont déroulés en cette fin de règne des Stuart, avec Anne dernière héritière de cette lignée qui cédera son trône aux Hanovre: Georges 1er lui succédera à sa mort en 1714; elle mourra en effet à 49 sans héritier alors qu'elle aura eu 18 grossesses! Et la compétition entre deux femmes pour la place de favorite est avérée elle aussi , l'une favorite et amie de longue date, Sarah Churchill, épouse du premier Lord Malborough, a bien eu un rôle politique et Abigail Masham l'a bien supplantée et fait renvoyer en 1711.
Le réalisateur grec aurait-il changé de style  pour nous livrer un drame historique classique? Que nenni!  Sa patte est reconnaissable car cette période historique se prête bien à sa prédilection pour ce qui est hideux, ignoble, décadent ou débridé; il s'y livre donc  avec délectation et démesure tant dans le choix des décors (photographiés avec un grand angle) que dans la galerie de personnages ambitieux, cruels , dépravés, manipulateurs ou sots... (traités à la manière des sculptures «grotesques» qui apparaîtront un peu plus tard,  comme celles que l'on peut admirer à la Villa Palagonia en Sicile). Les animaux bien sûr prennent part à ces tableaux: lapins, canards, homards de course (clin d’œil à son film de 2015 The Lobster?).
Ce film brille de mille feux non seulement par ses décors somptueux mais surtout grâce à l'interprétation des trois femmes qui tiennent le devant de la scène et tirent les ficelles.
Anne est interprétée par Olivia Colman; la policière zélée de la série Broadchurch, ni glamour, ni charismatique est devenue aussi reine de la cérémonie des Golden Globe puisqu'elle a reçu le Golden Globe de meilleure actrice pour ce rôle; quel parcours!
Rachel Weisz et Emma Stone, manipulatrices de haut vol nous régalent dans leur affrontement sans merci. A voir donc pour ces trois actrices même si l'on est allergique au style bien affirmé de Yorgos Lanthimos.

mardi, février 05, 2019

Les Estivants


La réalisatrice poursuit son parcours d'autofictions et nous régale d'une galerie de portraits familiaux en résidence d'été sur la Cote d'Azur.
Cette suite, plus aboutie, d' Un Château en Italie, s'enrichit aussi d'un affrontement et de chassés croisés entre le « petit personnel» et les propriétaires de la villa tournés dans le mode acide et truculent .
Valéria Bruni Tedeschi nous livre avec fougue et sensibilité ses déboires amoureux, ses drames intimes. Pour le casting, elle s'entoure à nouveau de sa famille; sa mère Marisa Borini et son amie Noemie Lvovsky mais aussi sa fille jouent leur propre rôle, accentuant l' impression de voyeurisme ou d'impudeur.
Nombrilisme ou une Cerisaie à ciel ouvert? Le film oscille entre ces deux points mais la poésie et l'optimisme lumineux dégagés invitent à donner les


lundi, février 04, 2019

Green Book-sur les routes du sud


Une version américaine en Noir et Blanc, très rythmée, d' Au bout des doigts  !
C'est une histoire vraie tournée par l'un des frères Farelly, Peter, réalisateurs habituellement portés sur le comique populaire qui nous est contée sous forme d'un road-movie dans les états sudistes à l'époque de JF Kennedy alors que la ségrégation raciste tarde à y être circonscrite.
Cette leçon de fraternité et la naissance d'une amitié durable entre deux hommes que tout oppose est classique au cinéma: ici l'un est noir, éduqué, seul et très riche ; l'autre est blanc, mal dégrossi (il est videur de boite de nuit), et fait partie d'une communauté italo-américaine new-yorkaise très ancrée dans ses traditions familiales.
Le regard porté par le monde sudiste sur ce duo de yankees où le blanc est au service du noir nous réserve des scènes comiques, émouvantes et/ou attachées à la sociologie des Etats-Unis de cette époque.
Le scénariste, Rick Villalonga, dont le père Tony Lip a été le chauffeur du pianiste Don Shirley et a tourné aussi dans Soprano, était bien placé pour recréer une ambiance très réaliste de l'atmosphère New-yorkaise de ce milieu.
L'interprète de Tony Lip, le viking du Seigneur des Anneaux, Viggo Mortensen, apporte par son interprétation époustouflante ( oscarisable dit-on) un plus à un film qui compte déjà beaucoup d'atouts.