mardi, décembre 29, 2009

Tetro



La lumière nous éblouit dans les deux sens du terme dès le générique. Ce film écrit , réalisé (en noir et blanc) par Francis Coppola a été aussi autoproduit car il n'était pas assez « hollywoodien pour la production américaine » et ce détail illustre bien si besoin en était encore le thème développé par la réalisatrice Mia Hansen-love(voir critique précédente). Il nous emmène dans ses délires, ses obsessions, mais non pas à la manière brutale de Patrice Chéreau dans Persécution il le fait de façon plus humaine pour nous conter une histoire de famille compliquée et traumatisante .Il y a plusieurs coupures de rythme, à la fois dans le récit avec par exemple le départ en Patagonie (une belle occasion de découvrir à moindre côut des paysages sublimes) ou le séjour à l'hôpital de Bennie ainsi que de nombreux flash-back ( mais traités en couleur donc bien individualisé) donnant parfois une impression de longueur mais les personnages attachants et la beauté des scènes aussi bien en extérieur que dans le petit appartement argentin nous donne envie de s'incruster dans cet environnement.

Le Père de mes enfants

C'est du vécu et la jeune réalisatrice Mia Hansen-love nous conte son histoire parfois sur le mode documentaire pour nous donner un nouvel éclairage très intéressant de l'envers du décor du cinéma, comme nous le montrait déjà l'Enfer et le livre lui aussi précédemment cité de Jacques Mandelbaum intitulé Anatomie d'un film.

Elle n'en oublie pas moins la poésie et l'art de la photo avec les saisons joliment illustrées dans la chapelle des Templiers en Sologne, en Toscane en été, puis à l'automne à Paris.
Son producteur de mari, interprèté de façon très convaincante par Louis de Lencquesaing est un personnage attachant et très « cinématogènique » (?), la deuxième partie du film sans lui est moins alerte car la souffrance rôde dans chaque plan mais le relais est pris par l'aînée de ses filles très attachante (Alice de Lencquesaing). Les trois filles contribuent grandement à la réussite de cette réalisation très personnelle.

dimanche, décembre 27, 2009

Palmares 2009

Voici le mien:
Le Ruban Blanc
Slumdog Millionnaire
Le Prophète
Inglorious Basterds
The Reader
Dans la brume électrique
Gran Torino
Whatever works
Fais-moi plaisir
Etreintes brisées
Villa Amalia
Les films que j'ai ratés at que UGC rediffusera la seconde semaine de Janvier:
Sin nombre
Very Bad trip

Le Vilain


C'est une histoire moche dont les personnages sont aussi  peu probables que la décoration qui amalgame la banlieue parisienne (c'est tourné à Puteaux et à Stains) avec des pavillons de banlieue anglaise. Je n'en ai vu ni la finalité et je n'ai pas ri du tout ( je ne suis pas une inconditionnelle d'Albert Dupontel et c'est un euphémisme!).
Quant à Catherine Frot,on a tout vu avec les premières images lorsqu' elle sort dans la rue ; dans cette scène ses gestes, ses attitudes, son maintien sont réellement celles d'une petit vieille; ensuite plus rien....
Vraiment ennuyeux.

Le dernier vol


Pour Guillaume Canet, le désert et les dromadaires (dans l'ordre). Mais pour le tout, une toute petite grenouille

samedi, décembre 12, 2009

Persécution

TTT dans Telerama, ça craint! Et l'on n'est pas déçu, ce film fera le bonheur des cinéphiles purs et durs et des cinémathèques!

Patrice Chéreau, le réalisateur,se complait dans la souffrance de personnages compliqués qui semble-t-il pourraient vivre heureux dans la vraie vie. Il livre ici son film le plus personnel,narcissique, sombre mais beau ( de très belles scènes de nuit dans Paris). Le couple d'acteurs, Romain Duris et Charlotte Gainsbourg est en parfaite symbiose (comme la musique) avec la violence psychologique et semble se donner corps et âme à ce drame. Comme le résume parfaitement le critique de Marianne: « Persécution n'est pas un film aimable. Il n'en mérite pas moins d'être aimé », et les dernières images très belles sont apaisées.

Mensch

Ce film-là nous emmène au-delà des sentiers battus du film policier, et est très éloigné du Sentier de" La Vérité si je mens", bien qu'il nous relate un épisode d'une communauté juive de la rue Richer. Sami Frey y est le Patriarche, veillant sur sa famille réunie pour le dîner de Chabbat (une très belle scène) et s'inquiétant à juste raison pour son petit-fils Sam dont la spécialité est le perçage des coffre-forts. Tous les acteurs sont excellents, servis par des vrais dialogues, en particulier Nicolas Cazalé qui interprète Sam et est bien entouré ( Myriam Boyer, Maurice Benichou...)



mardi, décembre 08, 2009

The Limits of control

Ce sont l'esthétique et la poésie qui guident le réalisateur Jim Jarmush pour ce film vraiment abscons et très lent. Le film donne envie de redécouvrir les régions montagneuses du Sud de l'Espagne où se déroule la fin du périple d'un samouraï noir(Isaach de Bamboulé) qui doit assurer une mission dangereuse et mystérieuse. On ne saura pas grand chose de plus, même à la fin, ni sur lui, ni sur sa mission. Chaque plan ou scène est composé comme un tableau ( et nous renvoie parfois au tableau lui-même dans le musée de la reine Sofia à Madrid) et est souvent déconnecté de la scène suivante, comme cette belle scène de répétition de flamenco.

Ésotérique, hypnotisant pour les critiques de presse il finit par être ennuyeux à la longue(1h56) pour un non spécialiste de Jim Jarmusch car on a beau attendre la suite, il ne se passe rien!

Bazar


Seul Telerama défend à juste raison ce petit film franco-suisse, distribué dans 4 salles seulement en région parisienne, au scénario improbable d'un amour entre une sexagénaire Bernadette Lafont et d'un marginal de 25 ans , le beau Pio Marmaï. C'est gentiment bohême, optimiste car notre « fiancée du pirate », ne conservera finalement que le meilleur de cette parenthèse qui lui fera de beaux souvenirs comme les ont chantés déjà Barbara et Dalida. Un beau cadeau de départ à la retraite tant appréhendée par cette bientôt grand-mère qui ne veut pas se voir mettre aux rebuts comme ses antiquités.
A voir comme un téléfilm, si l'on est proche de cette sensibilité féminine et (très )mature, à l'image de sa réalisatrice Patricia Plattner.

La Sainte-Victoire


Déjà le titre joue sur les mots, comme s'il voulait nous mettre en garde: le scénario est plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord! Il nous situe la région où va se dérouler cette aventure sociopolitique, avec pour cadre la montagne Ste Victoire et la ville d'Aix en Provence tout en nous annonçant cette victoire électorale remportée par le duo Clovis Cornillac, le self made man ambitieux et doué et Christophe Clavier, l'homme politique un peu coincé et pas assez charismatique (contre-emploi intéressant) qui ne sera pas sans conséquences.
Subtilité donc du scénario et des conclusions qui ne va pas sans une certaine confusion des genres, une mollesse et des répétitions dans le déroulement de l'action. Intelligent mais pas captivant, ce film m'a déçue après l'excellent « le rôle de sa vie » tourné en 2003 par ce même réalisateur François Favrat.

jeudi, décembre 03, 2009

La Famille Wolberg

On s'immisce à nouveau dans une famille juive eskénaze; mais cette fois je n'ai pas réussi à tisser des liens avec cette famille là. Tout paraît étrange et d'abord cet accent wallon pour le maire de Mourenx! Et Valérie Benguigui en tombeuse de Jocelyn Quivrin ( on salue ici sa dernière prestation), et une jeune fille qui fête ses18 ans sur le mode d' une adulte de 30 ans et.....cet art du décalage continuel ne m'a pas séduite .

mercredi, décembre 02, 2009

La Folle histoire d'amour de Simon Eskenazy

C'est une comédie savoureuse sur fond de musique klezmer où l'humour yiddish, la drôlerie cachent une certaine mélancolie et un mal être comme le souligne un plan appuyé sur le couple formé par Antoine de Caunes et Elsa Zylberstein qui nous avait déjà émus dans le précédent épisode de cette histoire écrite et réalisée par Jean-Jacques Zilbermann il y a 10 ans ( l'homme est une femme comme les autres).
Tous les acteurs nous emmènent avec entrain dans cet appartement parisien du quartier coloré de Chateau-rouge et nous donnent avec sobriété et modestie, à l'image de l'acteur principal, une leçon de savoir-vivre humaniste. Le jeune acteur arabe Mehdi Dehbi qui interprète la « folle » de cette histoire d'amour participe pour beaucoup au plaisir de déguster ce moment passé avec cette équipe.

lundi, novembre 30, 2009

Vincere (Vaincre)


Quelle puissance, quelle violence des actes et des sentiments dans ce film tourné à la façon d'un opéra. C'est magnifique! Du très grand cinéma italien.
L'interprète de l'héroïne Giovanna Mezzogiorno est vraiment exceptionnelle

Une Affaire d'Etat


Comme l'exprimait un spectateur en sortant « il y a beaucoup de morts mais il n'y a pas de temps mort ».Ce thriller à la française (comprendre moins de technologie, moins de violence mais plus de dialogues) se laisse voir avec plaisir, il est bien ficelé et surtout tous les acteurs sont très bien dirigés. Mais il est un peu passe-partout.

La Domination masculine


L'affiche était drôle et le sujet toujours d'actualité. Après le féminisme flamboyant des années soixante on pourrait croire que les batailles gagnées au siècle dernier le sont définitivement et qu'au XXIème siècle on  reconstruise une image différente de l'homme sans qu'il y ait guerre des sexes. Que nenni! Ce documentaire illustre que dans la réalité, insidieusement, les vieux démons du machisme ont repris le dessus. Au Quebec le combat est si sévère que Patrick Jan le réalisateur  n'a pu aller donner des conférences de peur d'être agressé.

La violence conjugale apportant son lot de sang, d'horreurs et de situations dramatiques est un des chapitres du film montrant un autre aspect de cette guerre des sexes.
Mais qui trop embrasse mal étreint , le tout donne une impression brouillonne et mal maitrisée.
Pas de sens interdit car le réalisateur a voulu justement interpelé et n'a pas fait dans la nuance pour que chacun se sente concerné mais j'ai préféré réfléchir sue le sujet avec le livre de Natacha Polony L'Homme est l'avenir de la femme.

mardi, novembre 24, 2009

L'Homme de chevet


Adapté du même auteur, Eric Holder, que Mademoiselle Chambon, ce premier film d'Alain Monne assume complètement son côté romanesque. L'action se situe dans Cartagena en Colombie avec des scènes et des paysages hauts en couleur locale. Il met en scène non seulement le duo Sophie Marceau, Christophe Lambert, mais un vrai quatuor où chacun est dépeint avec attention. Les gueules cassées du style Christophe Lambert attirent les femmes de tout bord: l'actrice dans la vraie vie, mais aussi dans le scénario la jolie colombienne mystérieuse qui s'est vouée corps et âme à la paralysée et la jeune boxeuse de petite vertu qui toutes aimeraient le consoler et lui redonner le gôut de vivre.

La dernière scène sur la plage est très belle : une mise en images d'un poème de Francis Ponge qui permet d'imaginer soi-même le futur ou le no future de nos héros.

lundi, novembre 23, 2009

In the Loop

Dans ce film tiré d'une série anglaise intitulée « The Thick of it »qui a cartonné en GB, la satire des hommes politiques anglo-saxons est féroce et nous sommes au prime abord un peu abasourdis par la virulence des propos.
Le thème est ici la préparation du vote aux Nations Unis de l'intervention en Irak et tous les personnages agissent comme s'il s'agissait simplement de lutte de pouvoir personnel ou de la justesse de ton politiquement correct à adopter face aux Media, oubliant l'enjeu lui-même. Le ministre du Développement international est un pantin et le tout-puissant (of course!) Directeur de la Communication (interprété par l'acteur écossais Peter Capaldi ) est un abominable dictateur d'une vulgarité de langage inimaginable. Quant aux multiples conseillers et attaché(es), qu'ils soient à Londres ou à Washington, ils gèrent la situation au mieux de leur intérêt. Tout est speed, les dialogues sont vifs et percutants, on passe d'un bureau à l'autre en GB et aux USA et le spectateur doit essayer de suivre ce rythme effréné, pas facile lorsque l'on ne maitrise pas toutes les déclinaisons possibles d'injures anglaises et toutes les références d'un assidu de la BBC.....C'est jouissif, décapant mais il faut s'accrocher!

Un soir au club

Christian Gailly le romancier jazzman amateur d'aéronautique vient d'être adapté deux fois en l'espace d'un mois. D'abord le scénario des Herbes Folles ( tiré du roman intitulé L'incident ) m'avait donné envie de lire cet auteur que j'ai découvert avec Un soir au Club, ignorant qu'il allait être adapté au cinéma par Jean Achache.
Le ton du roman, original, désabusé, triste est parfaitement restitué dans le film et notamment grâce à l'acteur Thierry Hancisse qui interprète Simon, l'ancien pianiste de jazz qui a raccroché mais est encore accroc; il colle vraiment au héros du roman. Je voyais Debbie la chanteuse un peu plus vieille et moins lisse qu'Elise Caron et c'est plutôt Maryline Canto dans le rôle de l'épouse qui attend, plus terne dans le roman, qui donne ici un peu de vie à cette page un peu morose, au propre comme au figuré puisqu'elle réalise des dessins animés. En fait c'est la bande son jazzy qui est mise en avant et qui prime sur tout, puisque c'est la musique qui fera dévier le cours de trois vies.

samedi, novembre 21, 2009

Le Rapt

Le scénario est vraiment fidèle au fait divers de l'enlèvement du Baron Empain et Yvan Attal est exemplaire dans cette identification à l'homme devant qui tout le monde se courbe et qui va subir tortures morale et physique qui le conduiront jusqu'à son éviction de la s(S)ociété pour devenir un exclu . Le film se déroule comme un thriller classique et bien que nous connaissions l'issue nous sommes vraiment à la fois dans l'angoisse de l'attente, Avenue Foch avec ses proches et dans le secret des deux planques sordides, et cette fois la réalité apporte une vraie dimension humaine.

dimanche, novembre 15, 2009

Les Vies privées de Pippa Lee

C'est un beau portrait de femme mure que nous livre Rebecca Miller scénariste, auteur et réalisateur et qui trouve vraiment en Robin Wright Penn une interprète qui lui ressemble. La vie quotidienne et les états d'âme de cette américaine aisée, Pippa Lee, qui a épousé un homme plus âgé qu'elle a admiré et qui l'a aidée à se construire est décrite avec subtilité. Mais en contre-partie le film démarre très lentement et tous les retours en arrière de l'enfance et l'adolescence difficile paraissent décalés.
C'était pourtant une belle idée de voir dans le passage de relais à son amie Sandra de la culpabilité qui  la rongeait, la possibilité pour l'héroïne de se libérer et d'envisager enfin un avenir autonome. Elle avait été responsable du suicide de la précédente femme de son mari Herb qui a voulu la quitter pour elle, et  à son tour, son amie de toujours, Sandra,  la trompe avec Herb, provoquant l' infarctus qui lui sera fatal.
Cette fin optimiste n'empêche pas d'éprouver un sentiment plus amer que doux  face à  cette page de l'existence où il est difficile de construire et de réaliser des projets qui aient plus d'envergure que les cours de poterie!

L'Enfer


Ce montage autour d'un film qui n'a jamais été achevé nous permet de voir la face cachée de la réalisation d'un film, de ses affres, de ses échecs et des multiples écueils que doivent surmonter sa fabrication. Ces divers rebondissements nous sont le plus souvent tus: disponibilté des équipes techniques, défaillances de dernière minute, refus des acteurs et bien sûr financement comme l'écrit le journaliste Jacques Mandelbaum dans son livre Anatomie d'un film qui raconte le parcours d'un film Parc, réalisé par Arnaud des Pallières » .Selon lui ce serait parce que  le spectateur n'est pas prêt « on ne déflore pas le glamour du spectacle, ni le mythe de sa spontanéité virginale ».

Xavier Giannoli compare lui aussi le « chantier » d'un film à celui qu'il met au coeur de sa dernière création « A l'origine » à cette entreprise de construction qui doit de faire en équipe, mais dont on ne parvient pas toujours à dominer le cours.
Nous assistons ainsi en live à cette face cachée, à la préparation du tournage puis au tournage sur les lieux que Clouzot a choisis pour filmer une histoire où le sujet est la folie. La pathologie du réalisateur déprimé et insomniaque et la recherche d'une écriture cinématographique novatrice auront raison de la viabilité du projet qui pourtant bénéficie d'un budget illimité...et son accident cardiaque qui mettra le point final à cette aventure est alors vécu par les équipes présentes comme un soulagement, c'est dire!
Mais à part les cinéphiles curieux, le film est intéressant aussi pour les images inédites de Romy Schneider et comme le dit le directeur du Balzac, revoir l'actrice ici resplendissante, jeune et si lumineuse est une raison en soi de venir voir l'Enfer.

mercredi, novembre 11, 2009

La Grande vie

L'émission Le grand Bazar existe vraiment mais à la radio sur RTL2. La simulation d'un grand show TV est si parfaite (à mes yeux car je ne suis pas une habituée de ce type d'émission) que j'ai vérifié pour comparer éventuellement à l'original. Ah le monde du bling-bling, déjà passé de mode parait-il mais qui a fait peut être rêver certains et leurs incertaines. Ce film nous montre et nous démontre qu'il apporte autant de désillusions que la vie de tout un chacun même pour ceux que l'on penserait être mieux armés comme ce professeur de philo qui tente de devenir adulte et d'écrire.

C'est une farce, pleine de gags et aussi de quelques clichés, finalement pleine de bon sentiments malgré certaines réflexions et situations grinçantes, qui fait rire de bon cœur et sans arrière-pensées, loin donc du dilemme apparent du thème philosophique débattu du « Qui sommes-nous? ».
C'est aussi un premier film, sympathique qui nous permet d'apprécier un duo improbable (une rectte de scénario un peu éculée) interprété par Michel Boujenah et Laurent Capuletto ( vu notamment dans « un conte de Noël ») bien dirigé.

A l' Origine

Ah le vrai n 'est souvent pas vraisemblable, une fois de plus le cinéma nous en donne la preuve. Comment une telle histoire a pu exister? L'explication est liée au contexte du chômage, de l'attente de tous ces gens qui sont amers, malheureux mais prêts à adhérer et à repartir au moindre signe d'espoir nous dit-on (et on peut s'inquiéter de cette facilité à s'enthousiasmer pour un sauveur). Car l'escroc au départ ne connait bien que son métier d'escroc, c'est un pro refermé sur lui-même et ses blessures, à la mine renfrognée (eh oui, il n'est même pas charismatique!); il n'est alors pas présent sur le chantier, ne déjeune pas avec ses équipes, mais le projet démarre quand même. C'est en s'intéressant aux autres qui attendent de lui d'être un père, un amant, un patron qu'il se verra autrement, recommencera à sourire et portera vraiment son projet à bout de bras (il n'a jamais eu les mots mais il trouvera les gestes, comme insistent les images où il participe aux travaux quotidiens du chantier).

Et le film est réussi malgré l'invraisemblance des faits car son réalisateur Xavier Giannoli ne s'est pas contenté de raconter un fait divers, il a voulu brosser une histoire héroïque et romanesque très cinématographique. Et il a su mener à bien trois aspects de cette histoire. D'abord un côté intimiste, en particulier la relation de Philippe avec le jeune semi-délinquant en manque de repères, que l'interprétation de François Cluzet et de Vincent Cottiers met particulièrement en valeur.
Ensuite la partie spectaculaire du grand chantier public qui est traitée parfois comme une fête, avec ses ballets de camion, ses lumières( parions qu'il révèlera quelques vocations dans les métiers des Travaux Publics) mais aussi comme des défis ( la météo, la technique) ou parfois jusqu'au drame ( mais cet épisode est à mon avis superflu, le film est déjà long...).
Et enfin l'aspect vie au quotidien des habitants d'un village, très réaliste, comme sait le faire le réalisateur qui avait su nous montrer la vie ordinaire dans Quand j' étais chanteur.
Magré ses qualités, ce film français (trop?) ambitieux sélectionné pour Cannes n'a cependant pas figuré au palmarès, devancé à juste titre par Le Ruban Blanc et le Prophète.

Away we go


Sam Mendes s'intéresse à nouveau au devenir d'un jeune couple; mais cette fois à la différence des Noces rebelles, ce n'est pas un drame des années cinquante mais un road-movie dans l'Amérique d'aujourd'hui. Le mode narratif est celui d'une balade qui nous emmène à Tucson ( les plus belles photos), Miami, Montreal etc...et de ballades ( les chansons sont partie prenante du scénario) chantées ou dialoguées entre le couple ou avec leurs amis, leurs frères et soeurs. Le ton est toujours léger, parfois comique comme dans les scènes avec leurs parents ou avec l'ex-patronne. Mais on a l'impression en fin de compte d'être bien loin de ces doux rêveurs....

samedi, novembre 07, 2009

Le Concert

Pour certains cette tragicomédie est lourdaude voire grotesque ou mièvre.
Je fais partie des spectateurs qui ont aimé (et ils étaient nombreux dans la salle qui a applaudi) en particulier pour le côté comédie loufoque et l'autodérision, notamment dans toute la première partie qui fait penser à la fois à The Full Monty et à Good Bye Lenine, où des hommes qui n'ont plus rien à perdre vont essayer de revivre leur passé en tentant de gommer les 30 ans qui les séparent de leur passé glorieux et oublier ainsi leur statut d'ex-antibrejneviens.
Les acteurs russes nous emmènent vraiment dans leur univers: le Maestro, sa femme, et surtout Sacha et le gitan, dommage que côté français l'équipe du Chatelet nous serve du comique de boulevard, en particulier François Berléand (qui fait du de Funes comme le fait remarquer un spectateur dans sa critique.......). Mélanie Laurent est belle et émouvante malgré un rôle pas facile à la limite du pathos. Elle l'évite grâce à son partenaire toujours digne même quand il est ivre. Seuls les flash-backs sont vraiment ringards.
Bravo donc à Radu Mihaielanu, le réalisateur de vas, vis et deviens, juif roumain expatrié en France qui sait nous faire rire tout en nous rappelant la dure réalité politique dont sa famille et lui-même ont subi les ravages.

jeudi, novembre 05, 2009

Les Herbes folles

Comme les herbes folles qui arrivent à pousser en cherchant la lumière et le terrain là où elles peuvent, à chacun de retrouver dans ce morceau de cinéma son chemin pour batifoler dans les contrées hollywoodiennes et trouver sa voie entre réalité, fantaisie et philosophie.

Comme dans un testament, Alain Resnais fait ici un condensé de son œuvre côté comédie et de son art.
Pour nous faciliter la tâche il met en scène un scénario simpliste afin de laisser toute la place au processus, à la matière et au style narratif de son cinéma. Ce sera plus facile pour ceux qui connaissent et admirent ses gadgets et son savoir faire de se laisser porter.
Tiré d'un roman de Christian Gailly, écrivain, jazzman et féru d'aviation, le film met en scène deux personnages joués par le couple mythique d'Alain Resnais: Sabine Azéma, l'aviatrice, et André Dussolier, un homme blessé dont le mystère sera gardé jusqu'à sa fin dérisoire.
Le parti pris d'esthétisme et de second degré rend l'exercice un peu artificiel et l'admiration prend le pas sur l'adhésion, on regrette un peu l'entrain et la légèreté de Smoking et de On connait la chanson.

vendredi, octobre 30, 2009

Le Ruban blanc

Somptueux par son esthétique, le film en noir et blanc de Michael Haeneke nous fait entrer dans son monde inquiétant et mystérieux avec une sobriété de ton et un brio dans l'art de la mise en scène qui justifie complètement sa Palme d'Or à Cannes.

Dans ce village allemand où règne la terreur de la morale telle que la conçoit la Réforme en ce début du XXème siècle, on assiste à tous les extrémismes et à toutes les noirceurs de l'âme humaine avec en arrière plan, le contexte historique, celui de la Grande Guerre qui va mettre fin à ce type de rapports humains, mais qui aboutiront peut-être à faire des enfants de la chorale de 1913 les futurs nazis. Le réalisateur le sous-entend par ses images où torture mentale et torture physique sont présentes.