vendredi, février 08, 2019

La Favorite



Ce film baroque, boursouflé, surréaliste relate un pan d'histoire de l'Angleterre; la scénariste est restée fidèle aux événements qui se sont déroulés en cette fin de règne des Stuart, avec Anne dernière héritière de cette lignée qui cédera son trône aux Hanovre: Georges 1er lui succédera à sa mort en 1714; elle mourra en effet à 49 sans héritier alors qu'elle aura eu 18 grossesses! Et la compétition entre deux femmes pour la place de favorite est avérée elle aussi , l'une favorite et amie de longue date, Sarah Churchill, épouse du premier Lord Malborough, a bien eu un rôle politique et Abigail Masham l'a bien supplantée et fait renvoyer en 1711.
Le réalisateur grec aurait-il changé de style  pour nous livrer un drame historique classique? Que nenni!  Sa patte est reconnaissable car cette période historique se prête bien à sa prédilection pour ce qui est hideux, ignoble, décadent ou débridé; il s'y livre donc  avec délectation et démesure tant dans le choix des décors (photographiés avec un grand angle) que dans la galerie de personnages ambitieux, cruels , dépravés, manipulateurs ou sots... (traités à la manière des sculptures «grotesques» qui apparaîtront un peu plus tard,  comme celles que l'on peut admirer à la Villa Palagonia en Sicile). Les animaux bien sûr prennent part à ces tableaux: lapins, canards, homards de course (clin d’œil à son film de 2015 The Lobster?).
Ce film brille de mille feux non seulement par ses décors somptueux mais surtout grâce à l'interprétation des trois femmes qui tiennent le devant de la scène et tirent les ficelles.
Anne est interprétée par Olivia Colman; la policière zélée de la série Broadchurch, ni glamour, ni charismatique est devenue aussi reine de la cérémonie des Golden Globe puisqu'elle a reçu le Golden Globe de meilleure actrice pour ce rôle; quel parcours!
Rachel Weisz et Emma Stone, manipulatrices de haut vol nous régalent dans leur affrontement sans merci. A voir donc pour ces trois actrices même si l'on est allergique au style bien affirmé de Yorgos Lanthimos.

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