vendredi, mai 05, 2006

C.R.A.Z.Y.



Incontournable à voir à titre perso, ce film québécois sur l'éducation chrétienne dans les années 1960 s'est révélé formidable! Ce film bavard, mais sous-titré rassurez--vous, nous fait partager avec beaucoup d'humour,d'émotion et d'impudeur ( en fait les mêmes caractéristique que les films de Denys Arcand dans son Déclin de l'empire américain et ses Invasions barbares..) l'intimité d'une famille de cinq enfants ( C.R.A.Z.Y. étant les initiales des prénoms des cinq garçons).
Famille chrétienne où le crucifix qui s'affiche à l'église et aussi dans les chambres à coucher rappelle que la souffrance permet d'expier ou d'être sauvé: pour le petit enfant la promesse d'aller à la messe tous les dimanches éviterait que l'on découvre le pipi au lit et plus tard la traversée de la tempête guérirait de l'asthme et la marche dans le désert effacerait le péché d'homosexualité. Mystère du don de Dieu ( ou de la grâce), culpabilité, ces thèmes sont évoqués à la fois sous l'angle psychologique et spirituel sans effet moralisateur avec simplicité au fil des évènements familiaux.
Les années passent, de 1960 à 1980, rythmées par les tubes choisis soigneusement ( dont Knock Knock des Rolling Stones pour les relations avec le démon), et illustrées par les coupes de cheveux du père et du fils! La mère, admirable de compassion, de dévouement et d'esprit de consensus),n'est absolument pas caricaturale ( et l'on peut imaginer les dégâts de la même éducation si elle était intégriste…), le père s'interroge sur sa responsabilité dans l'échec de ses fils (il ne reconnaît son échec que pour deux de ses fils, le junkie et le bisexuel, le sportif et l'intello ne lui paraissent pas "ratés").Comment s'assumer soi-même et faire accepter à sa famille sa différence?
Rarement la description de cette vie familiale dans son quotidien, les affres de l'enfance dans une famille pourtant normale, les rapports découpés au scalpel entre parents et enfants et entre frères, n'ont eu cette authenticité, passant de la cruauté, à la tendresse ou à la nostalgie ( on craque complètement quand le père chante Aznavour "mes vingt ans").

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