mercredi, décembre 26, 2018

The Happy Prince


Rupert Everett signe son premier film pour rendre hommage à Oscar Wilde. Il relate la fin de vie de l'écrivain à son retour des travaux forcés. C'est un prince déchu; déshonoré, désargenté, affaibli, il va essayer malgré tout de faire face et de garder la tête haute et le sens de l'autodérision.
L'interprétation de l'acteur est exemplaire, mais la réalisation ne suit pas toujours d'autant que les lieux de la déroute et de l'exil s’enchaînent et s'entrecroisent en flash-backs.
La distribution inclut les grands noms du cinéma britannique dont Colin Firth, Tom Wikison pour des personnages secondaires. Emily Watson y incarne Constance, la femme fidèle; elle  prend l'allure d'une petite bonne femme à joues rondes : déconcertant …. Quant à  l'amant diabolique Bosie qui prend les traits d'un faux Helmut  Berger, il est loin d'en avoir le panache; avec lui on aurait pu s'attendre  à des scènes crépusculaires à la Visconti lors de leur escapade à Naples! Elles ne sont que tragi-comiques.
 On aurait aimé applaudir sans réserve à ce biopic mais ce plaidoyer reste toutefois convaincant  et il nous donne envie de retrouver l'écrivain dans ses écrits!

L'Homme fidèle



Artificiel, peu réaliste, ce film réalisé par Louis Garrel est original dans son scénario et subtil dans l'approche des personnages; il porte vraiment le label film sentimental à la française.
Les relations décrites y sont toujours triangulaires: un couple et un amant ( qui n’apparaît pas à l'écran mais une première scène coup de poing!), puis ce couple et un enfant puis encore ce même couple et une jeune maîtresse. Le couple est interprété par Louis Garrel éternel jeune homme romantique qui ne semble pas vieillir et auprès duquel Laetitia Casta n'est pas vraiment mise en valeur d'autant plus que son personnage apparaît au départ plutôt flou. La jeune maîtresse c'est Lily-Rose Depp telle qu'elle se révèle depuis son premier rôle: aguicheuse, décidée, prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut , pas très sympathique... Le petit garçon est le personnage clé, cultivant mystère et manipulation; on pressent que c'est Jean Claude Carrière le co-scénariste qui l'a imaginé avec sa manière à lui de recréer le monde de l'enfance et sa souffrance.
Les photos dans Paris sont belles, on se sent dans une atmosphère de roman; il faut accepter d'entrer (ou pas) dans ce marivaudage pour une parenthèse de psychologie amoureuse élégante et sophistiquée.

vendredi, décembre 21, 2018

Wildlife-une saison ardente


Un film en totale résonance avec l'univers des œuvres de Ed Hopper ! Son héroine Carrey Mulligan, dont la performance est remarquable, est conforme à son portrait type de la femme de la classe moyenne qui s’émancipe mais reste esseulée, encore fragile
Son réalisateur Paul Dano, signe sa première œuvre et s'inscrit dans la mouvance de Sam Mendes dans les Noces Rebelles: même époque 1960, même ennui pour la jeune femme au foyer confinée dans sa maison banale d' une petite ville
Mais ici dans ce portrait de groupe, un couple et son fils unique de 14 ans qui viennent de s'installer dans le Montana, c'est l'ado qui décortique les relations conflictuelles de ses parents; elles lui paraissent d'autant plus impudiques que le garçon est réservé, voire secret. Et comme lui, nous assistons à la dérive du mari tandis que l'épouse semble vouloir tenir le cap, puis quand elle craque d'un coup c'est alors un virage complet; ses ressentiments la rendent dure, désespérée, prête à tout pour vivre ce qu'elle pense mériter.
Le rythme est lent, l'atmosphère oppressante comme si la fumée était aussi dans la salle de cinéma et l'intimité que l'on partage dans des lieux confinés, un salon, un bar, l'intérieur d'une voiture nous étouffe. Un excellent film intimiste américain!
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mardi, décembre 18, 2018

Leto


Le Leningrad Rock club sous l'ère 
Brejnev au début des années 80: un couple passionné de musique occidentale va y accueillir Viktor Tsoi qui deviendra le chanteur de Kino, groupe emblématique de la Perestroïka.  

Loin du biopic, le cinéaste russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence depuis un an, nous livre ici une reconstitution à la fois intimiste, réaliste et baroque de la vie quotidienne d'un groupe de jeunes gens amoureux des groupes de rock anglo-saxons. Elle prend des allures de jeu de chat et de la souris avec le système bolchevique écrasant quand elle n'est pas simplement pour la jeune femme Natasha et son bébé une gageure pour concilier sa vie précaire de femme de musicienne dans un appartement communautaire et ses aspirations à mener une vie libre.
Ce film en noir est blanc est loin d'être triste, les images sont très belles et cette jeunesse est pleine d'énergie, même si l'alcool aidant certaines fins de soirées dégagent une mélancolie très slave. La réalisation est inventive; elle privilégie le mouvement accentuant ici l'aspiration à l'émancipation. Quant à l'histoire amoureuse du trio, elle est traitée sobrement, avec subtilité, psychologie et élégance, tant sur la forme que dans le fond.
Ce n'est donc pas un film réservé aux seuls fans de Bowie ou de The Velvet underground même si la bande son est considérée par ceux qui sont capables de juger comme excellente; globalement la signature de ce film est très « Nouvelle vague».


samedi, décembre 15, 2018

Une Affaire de famille


«Seul le crime nous a réunis», tel est le point de départ du film de Hirokazu Kore-eda qui a remporté la Palme d'Or pour cette fable dénonçant les failles de la société japonaise. Ce cri d'alarme se révèle aussi un magnifique plaidoyer pour témoigner de l'indéfectible besoin d'amour et de tendresse de l'être humain qu'il soit moral ou amoral. 
Mais point de grands sentiments dans ces premières images du film. Déconcertés, et même rebutés par une cellule familiale dont on ne comprend guère les liens de parenté, nous assistons à des scènes intimistes dans une sorte de cabane où cohabitent 5 personnes dans le désordre et la précarité. On y survit grâce à des magouilles, des rapines, des mensonges.
La confusion fait très vite place à la tendresse; la famille a recueilli une petit fille maltraitée, affamée et laissée à l'abandon. Yuri va attendrir chacun et leur faire ressentir le besoin de se serrer mutuellement les coudes, d'abord pour se protéger car ils vivent sous la menace d'une dénonciation d'enlèvement mais aussi par ce que l'amour pour Yuri leur rend une vulnérabilité aux sentiments qui avait été émoussée par la dureté de leurs conditions de vie: le père accidenté du travail n'est pas indemnisé pendant son arrêt maladie, la mère blanchisseuse est licenciée, sa jeune sœur de 15 ans travaille dans un peep-show...
Le jeune ado Shota, non-scolarisé, «dressé» à voler, devient malgré lui au centre de la narration. S'il accepte finalement d'appeler Yuri «Petite sœur», on commence à s'interroger quand il accepte aussi d'appeler le père «Papa».
Le scénario ensuite s'emballe et surtout nous submerge d'émotions, jusqu'à la toute dernière image.


mardi, décembre 11, 2018

Pupille


Faire l'unanimité ou presque sur le parcours ultra balisé et traumatisant de l'adoption, la réalisatrice Jeanne Herry y a réussi et les spectateurs vont « l'adorer » (après son premier film elle l'adore elle a également joué et réalisé pour la fameuse série Dix pour cent) !
C'est une description quasi-documentaire du processus et du rôle, des droits et surtout des devoirs de tous les intervenants impliqués dans cette chaîne sociale. Mais la narration n'est jamais ennuyeuse ou mélodramatique; elle est bienveillante, humaine, attentive aux difficultés et aux émotions de chacun.
Le choix des acteurs ou plutôt des actrices- car les travailleurs sociaux sont majoritairement des travailleuses, valorise aussi grandement ce film. Normal, Jeanne Herry avait déjà tourné ou côtoyé plusieurs d'entre elles. Chacune joue sa partition à la fois dans le respect du thème et des autres moins connues ou plus discrètes comme Clothilde Nollet, Olivia Côte, Stéfi Celma. Mais, bien sûr, le mâle est dominant.... et cette fois ce n'est pas par son machisme. Le personnage interprété par Gilles Lellouche est aux antipodes de celui des Infidèles; ici sa virilité et sa sensualité riment aussi avec tendresse, savoi-faire, disponiblité, écoute.... Comme le dit Sandrine Kamberlain (toujours aussi convaincante et touchante dans ce nouveau rôle), n'en rajoutez plus, il a vraiment trop de qualités cet homme là!

lundi, novembre 26, 2018

Amanda


Avec Ce sentiment de l'été, le réalisateur Mikhaël  Hers nous parlait du temps de la reconstruction après un deuil soudain avec sensibilité, délicatesse; mais il laissait du temps au temps.
Dans ce scénario il y a une petite fille de 7 ans et cette fois la reconstruction doit se faire dans l'urgence, autour d'elle, pour elle, avec une unité de lieu, son école, qui impose à son jeune oncle de jongler avec le temps.
L'interprétation de Vincent Lacoste en jeune adulte aimant, responsable mais dans une phase encore précaire de son avenir professionnel et amoureux est exemplaire. Il met en valeur un scénario davantage centré sur le ressenti, les relations, le devenir que sur le réalisme du quotidien. On est dans un contexte toujours bienveillant, même Paris est calme et verdoyant!
La critique a salué unanimement un beau film qui va à l'essentiel, qui met au premier plan l'attention à l'autre, le dépassement de son chagrin pour construire un futur.

dimanche, novembre 25, 2018

Célébration


1998-2001, Olivier Meyrou tourne un documentaire au sein de la maison de Haute Couture Yves Saint Laurent qui vit ses festivités de fin de règne.
 Son créateur n'est plus que le fantôme de lui-même: usé, vacillant, absent, il est déjà dans un autre monde (l'image de l'affiche est volontairement floue). Mais son mentor veille. Le nom, le prestige, les pièces mythiques des collections doivent perdurer et Pierre Bergé gère, très bien, l'après Yves Saint Laurent. Les locaux de l'avenue Marceau deviendront musée.
Le documentaire a été monté et présenté à la Berlinale de 2007 mais Pierre Bergé s'est opposé de son vivant à sa diffusion.
C'est donc le troisième opus cinématographique en moins de deux ans sur ce créateur; celui-ci est pathétique, émouvant et dérangeant. Le génie rime souvent avec l'autodestruction, et pas seulement pour des artistes seuls comme Van Gogh.
Yves Saint Laurent était admiré, reconnu, disposait d'une structure organisée qui l'épaulait, l'aimait le portait.  Mais son angoisse était permanente, immense, insupportable. Poids trop lourd d'une entreprise qui transforme la création en un instrument de pouvoir et d'argent ou ego trop surdimensionné pour se confronter à des exercices obligés tels que la présentation de ses collections? C'est le tribut payé par de nombreux grands artistes et ce témoignage là est poignant.

Mauvaises herbes


Catherine Deneuve et Alain Dussolier en banlieue, cela ne fonctionne pas vraiment... Mais Kheiron et Catherine Deneuve oui! Kheiron éducateur bénévole d'ados en rupture de bancs d'écoles oui!
Le quotidien de ce trentenaire vivant d'arnaques qui va réussir à faire ses preuves dans « la dynamique d'insertion de jeunes en difficulté scolaire» (et ce n'est pas donné à tout le monde!) est raconté avec une vivacité de dialogues, un rythme de l'action et une bonne humeur communicative. En revanche, l'évocation en flash backs d'une enfance traumatisante au Moyen Orient ne fonctionne pas bien non plus.
Après son premier film autobiographique
Nous trois ou rien, on s'attendait peut-être à un peu plus de cet humoriste, rappeur, qui arrive cependant à nous faire sourire même dans des décors de parking de supermarché!

dimanche, novembre 18, 2018

Bohemian Rhapsody


Un biopic convenu sur un groupe atypique... Oui, mais l'ambiance des concerts de Queen est là, spécialement pour le final à Wembley en 1985 lors du concert Live Aid.
La distribution des quatre chanteurs du groupe est excellente et la prestation de Rami Malek éblouissante, il est vraiment Freddy Mercury.
L'accent est mis davantage sur l'aventure musicale du groupe que sur le côté sombre de son chanteur mythique. C'est bien cet héritage qui compte ; Queen will rock us encore et encore...

vendredi, novembre 16, 2018

The Spy gone North


Ce thriller d'espionnage palpitant mais souvent glaçant nous entraîne vers les deux Corée dans les année 90. Les deux camps, le Sud et le Nord, vont s'affronter, collaborer, négocier, tricher, se venger, se retrouver..
Ce sont toutes les ficelles géopolitiques et toutes les complexités de la nature humaine qui sont explorées dans cette opération montée par les services secrets sud-coréens.
L'officier Black Venus qui va réussir à rencontrer les dignitaires du Nord et son chef suprême a vraiment existé.Son chemin sera long, exigeant... On est effrayé, captivé, ému... Les interprètes sont excellents et les décors impressionnants.
Le début démarre un peu lentement mais il faut rester attentif pour observer et comprendre les méandres imaginés par des hommes pour piéger d'autres hommes ou gagner une élection....

Un Amour impossible


Logique que Catherine Corsini adapte le livre autobiographique de Christine Angot: cette cinéaste sait nous parler de ce qui fait vibrer les femmes et elle a réalisé deux films justes et émouvants sur le thème de l'appartenance de classe (Partir, Trois mondes).
C'est une troisième femme, Virginie Efira qui rend possible cette appropriation d'un récit qui se déroule sur plus de trente ans. Elle interprète aussi bien la jeune femme follement amoureuse de 25 ans que celle de 60 ans meurtrie par les humiliations imposées par sa fille et par son amant.
Le film est très réussi sur toute la période nous décrivant la vie ordinaire d'une femme seule élevant dignement sa fille dans les années 60. Son aveuglement quant à la nature des rapports qui lieront le père (Niels Schneider) à l'adolescente qu'il accepte enfin de reconnaître serait aussi le nôtre si nous ignorions l'histoire de l'écrivaine.
Mais le film dure 2H15 et on aurait aimé qu'il soit coupé des 30 dernières minutes, redondantes, bavardes, pleines de rancœur justifiée mais qu'il n'était plus la peine d'expliciter.


jeudi, novembre 08, 2018

Un Homme pressé


Le livre autobiographique de Christian Streiff ne paraît pas pas avoir été adapté en finesse.....(à lire au plus vite pour juger)
Exigences d'un cinéma commercial, dérive scénaristique ? Le portrait de ce grand patron d'industrie et de son contexte professionnel et privé verse dans le caricatural...Il fallait bien sûr qu'il soit inhumain, désagréable, maniaque, égocentrique... On lui laisse quand même l'amour du travail, un projet noble d'une belle voiture électrique et la dignité.
Heureusement les acteurs, Fabrice Luchini et Leila Beikthi ( le meilleur espoir féminin de Tout ce qui brille) nous ramènent au cœur du sujet par leur interprétation juste et sans esbroufe.
Le thème de la « reconnexion » après un AVC est grave ; certains spectateurs ont du se tromper de salle lorsqu'ils rient aux lapsus du malade. Cette reconquête d'une vie enrichissante et épanouissante se fait d'autant plus difficilement que la marche du piédestal est haute; la victoire force d'autant plus l'admiration.
Christian Streiff apparaît dans un second rôle, on peut l'applaudir lui en premier et son histoire qui sera ainsi plus connue donnera force et espoir à tous ceux qui se battent après un accident de la vie. 
Mais c'est aussi le talent de Fabrice Luchini, cet amoureux des mots, qui va ici les tordre, les casser, les oublier pour mieux nous les faire aimer, que l'on salue.
Chapeau bas à tous les deux (une grenouille pour chacun)!

mardi, novembre 06, 2018

Le Grand bain


Au début on pense à un film de potes, le tournage a dû être sympa... Mais on se sent un peu exclu.
A la différence de En Liberté ( je persiste et signe...), le ressort comique  choisi pour ce que l'on pense être une comédie, c'est le choix d' acteurs dits comiques. On attend d'eux qu'ils fassent rire ( et la salle réagit dès qu'ils entrent en scène), pas nécessairement en finesse. Lourdauds ils le sont aussi à la piscine, ce n'est donc pas sur ce registre qu'ils vont faire briller nos yeux.
Deux acteurs Mathieu Almaric et Guillaume Canet ne jouent pas d'habitude dans cette catégorie et le premier (Bertrand le dépressif) est dès l'abord émouvant et permet que l'on s'intéresse au périple de l'équipe. Quant au second (Laurent le directeur d'usine), son rôle antipathique, cassant, brutal est à contre emploi par rapport au capital sympathie habituel de l'acteur et nous interpelle (un peu).
Au fil des dialogues et des situations de ces hommes et de cette femme (Virginie Efira) en perdition, le film s'avère être une comédie dramatique, on ne rit plus du tout. Leur aventure pour décrocher la médaille prend la dimension d'un sauvetage. On ne nous épargne pas toutes les fêlures, cassures et autres dysfonctionnements de nos vies privées. Mais la fin permet de classer ce grand bain à remous dans les «feel good movies»...
Un mélange (ou une confusion ) des genres? Gilles Lellouche, sait  convaincre comme acteur dans tous ces registres; a-t-il a voulu, pour sa première réalisation en solo, offrir cette chance à un grand nombre d'excellents comédiens? Les chiffres ont parlé,il a réussi à attirer les foules: plus d' 1,5 millions de spectateurs à ce jour....

lundi, novembre 05, 2018

Le Grand Bal


En 2016, deux équipes l'une de jour, l'autre de nuit ont filmé le Grand Bal, un événement organisé chaque été dans l'Allier par l'Association Européenne de Danse Traditionnelle. Deux mille danseurs y évoluent sur les parquets de bois de 7 chapiteaux pour sept jours et huit nuits.
Dans un tourbillon incessant, jeunes ou moins jeunes venus de tous horizons,  amoureux de «bal trad», se retrouvent, dans une atmosphère décontractée, festive et communautaire pour cette parenthèse joyeuse et vivifiante.
La réalisatrice, Laetitia Carton, fait partie de ces inconditionnels et son plaisir se veut communicatif. Son documentaire s'attache autant à filmer les danseurs que les musiciens, leur joie, leur enthousiasme, leur implication malgré les difficultés liées au coté nomade (l'installation d'un plateau de musique a ses contraintes logistiques  même si ce n'est pas les Rolling Stones). Les visages sont souriants, épanouis. Dans les danses de groupe on perçoit bien la joie d'être ensemble et l'énergie qui les porte. Et lorsque les couples s'enlacent, virevoltent, se laissent emporter par le rythme ou la sensualité, leur plaisir ou leur désir est palpable.
La patte féminine de ce documentaire est évidente mais elle réduit un peu la tentative d'approche globale du rôle sociétal de la danse.Les freins mentionnés à sa pratique: harcèlement, sentiment de défaite quand on fait banquette, nécessité d'être plus technique quand on est plus vieille ou moins gironde...sont essentiellement féminins, il doit bien y avoir aussi des «blocages» coté masculin? Les considérations métaphysiques de la voix-off illustrées par un cercle de danseurs les yeux fermés, en introspection apparaissent un peu superflues. Heureusement on enchaîne vite avec le dynamisme et la joie de vivre de la Scottish finale! C'est cette impression qui reste et qui donne à ce documentaire son qualificatif de réconfortant.


Capharnaüm


Qu'importe la forme, ce film coup de poing nous interpelle grâce non pas à sa réalisatrice Nadine Labaki, mais à un petit garçon de 12 ans, Zain, qui vivait dans un bidonville de Beyrouth; il y interprète son propre rôle, enfin presque et la différence est de taille car ses parents à lui sont aimants, il peut donc supporter de porter le lourd message à passer. Zain a bouleversé le jury de Cannes et tous les spectateurs. Dans une jungle urbaine où l'homme est un loup pour l'homme et a fortiori pour les enfants, il sait garder dignité, compassion, sang froid et une attention très tendre pour ce bébé qui lui est confié comme il s'était senti responsable de sa sœur.
Tous les sujets abordés dans le film font peur: pauvreté, maltraitance des enfants, statut de Beyrouth au cœur du problème de l'émigration syrienne et éthiopienne, sort de filles mariées trop jeunes, limitation des naissances, emprisonnement des enfants. Un film peut-il aider à faire progresser la situation ? Pour Zain et sa famille accueillis en Norvège, il permettra au moins de ne plus limiter le mot avenir à la seule survie quotidienne.

vendredi, novembre 02, 2018

En Liberté!





La comédie c'est le chaos organisé déclare Pierre Salvadori, le réalisateur  de cette comédie déjantée (invraisemblable diront ceux qui refusent d'embarquer dans cet univers à la fois burlesque et poétique).
Les quatre personnages, malmenés par des révélations ou un changement de statut, ont une vraie épaisseur psychologique, ils semblent bien réels dans des situations qu'ils ne maîtrisent pas. Et alors même que l'action ne faiblit pas, les dialogues prennent une tournure ubuesque ou quasi-littéraire complètement décalée par rapport au contexte, comme une très belle déclaration d'amour dans le commissariat …
Ces personnages sont mis en valeur par leurs interprètes. Audrey Tautou, en jeune femme douce et romantique, Pio Marmaï en éternel mauvais garçon attendrissant, jouent avec leur image. A contrario, Adèle Haenel joue à contre emploi; elle incarne un lieutenant de police pris de pitié pour une victime innocente sur laquelle elle s’apitoie, elle s'emploiera à le sauver, le soigner, le couver … Damien Bonnard, un acteur plus cantonné aux seconds rôles, attire le capital sympathie dans son rôle d'ami et de policier loyal; confronté au couple incontrôlable du libéré de prison et du lieutenant de police en cavale, cet homme raisonnable, mais trop souvent à contre-temps, doit gérer le chaos et aussi prendre soin du petit garçon!
Le rire fuse tout au long du film comme nous le promet la très vilaine affiche (ou ringarde à dessein?). Le comique de répétition vient relayer le comique de situation et les bonnes vieilles ficelles font toujours recette comme les accessoires SM ou le chauffeur de taxi terrorisé qui retombe sur le même client.. Tout est mis en œuvre pour que ce film nous divertisse sans rire grassement et sans les têtes d'affiche des comédies françaises.

mercredi, octobre 31, 2018

Cold war


Favori pour la Palme d'Or, le réalisateur d' Ida est reparti avec le Prix de la Mise en Scène; il a su toucher juste, une fois encore, en nous invitant dans la Pologne de son enfance où la population meurtrie par la guerre se retrouve pauvre et vassale de son vainqueur qui lui impose le communisme.
Le film se déroule sur quinze ans pendant la guerre froide : tout comme la religion, la musique américaine (dont le jazz) était interdit derrière le « rideau de fer ».
La musique traditionnelle doit donc jouer le rôle de ciment et fédérer tous les peuples slaves en faisant vibrer leur âme slave qui s'exprime en chants et en danses; cette musique est au cœur (et au chœur) du sujet ; le titre de la chanson phare le cœur (justement) évoluera au rythme des représentations, de l'histoire du groupe et du parcours du couple qui l'a mis au répertoire.
Un couple fusionnel mais bancal dès le début. Lui est le directeur artistique il choisit ses « sujets », Elle, est belle, elle doit plaire pour être choisie.Cette dissymétrie est mal vécue par la jeune fille dont le parcours a accentué la dépendance aux hommes. Lui est amoureux, ce sentiment lui suffit à imaginer qu'il n'y a pas de doute pour elle quand il décide de s'enfuir pour Paris, ni de mal être quand ils s'y retrouvent enfin.
Leur parcours sera un calvaire...
C'est un film noir, accentué par le choix de tourner en noir et blanc dans un format carré qui met en évidence la dureté, l'affrontement, la trahison, la misère morale ou physique... C'est d'une grande beauté et d'une profonde tristesse.

jeudi, octobre 18, 2018

First Man- Le Premier homme sur la lune


« ici la base de la Tranquillity. L'Aigle a aluni » . Les baby-boomers et les 400 autres millions de téléspectateurs se souviennent de ce 21 juillet 1969 ; ils peuvent tous dire où et avec qui ils étaient en ce jour mémorable (c'était le sujet de conversation des spectateurs en sortant de la projection...). Le monde extraterrestre était là, pour de vrai, sous les pieds  de Neil Amstrong! Jugé par la NASA plus susceptible d'assumer son rôle de héros planétaire que son coéquipier Buzz Aldrin, c'est lui que l'on associera dans l'Histoire au succès de la mission Apollo11 .
C'est l'épopée de cet homme modeste que nous restitue Damien Chazelle, le réalisateur de La La Land et de Whiplash jusque la plus habitué des studios d'enregistrement de musique et de danse que de Cap Canaveral .
Il nous parle donc surtout de l'homme, de la pression qu'il subit et nous fait découvrir son interprétation de la motivation profonde qui lui a permis d'endurer tant de souffrances.
En choisissant pour ce rôle Ryan Gosling, un acteur hors du commun lui aussi, cette descente dans les abysses de ce qui fait le ressort de la volonté et de l'essence même des grands hommes, devient possible. Leur alchimie est comparable à celle qui a permis à Jacques Gamblin de raconter dans son nouveau spectacle qui est vraiment Thomas Coville, le héros des mers.
Les sensations fortes du quotidien des astronautes nous sont restituées ( en partie heureusement!) dans une cabine de pilotage ou une capsule grâce à notre proximité du tableau de bord où les voyants s'affolent, à un vacarme épouvantable et à notre empathie avec ces hommes dont on perçoit  les douleurs induites par les vibrations.
L'opposition entre la normalité de la vie de famille, des barbecues entre voisins ( tous à la NASA quand même) aux  jeux avec les enfants, et l'exigence de l'investissement pour supporter l’entraînement apparaît comme un grand écart absolu.
Le grand écart ira jusqu'à rendre impossible  toute forme de contact amical ou affectif  même avec ses enfants. A mesure que  l'objectif à atteindre se rapproche, Niels s'éloigne des  siens. Une barrière  s'établit  entre un héros qui  revient sur la terre ferme et l'homme ordinaire qui tente d'ouvrir ses bras rendant l'étreinte impossible (dixit... Jacques Gamblin) . La scène admirable des retrouvailles avec sa femme, Claire Foy à l'écran,  lors de sa quarantaine illustre ô combien ce propos.
Combinant à  la fois l l'aspect intimiste de cette odyssée, tout en nous montrant les images  saisissantes de cette avancée scientifique et sans pour autant éluder le contexte politique et social, car les étapes de ce programme aérospatial ont été jugées bien  coûteuses en vies humaines et en budget à supporter par le peuple américain, ce film est réellement "universel" et peut réunir tous les publics.
Toutefois, certains estimeront que la complaisance à décrire le mode de vie à l'américaine, l'imaginaire lié à la lune très appuyé et un sentimentalisme exacerbé par une musique parfois sirupeuse, accentuent le qualificatif de grandiloquent que l'on peut associer à ce genre de film et spécialement les films américains.

dimanche, octobre 14, 2018

Nos Batailles


Le second long-métrage de Guillaume Senez, après Keeper qui traitait déjà du thème de la paternité, sonne juste et fort. Son cinéma le faisait s'apparenter aux frères Dardenne disait alors la critique et pas seulement parce qu'il est belge lui aussi.
Le réalisateur aborde la vie familiale avec un humanisme qui nous emmène au plus près de la réalité comme si la caméra en était absente. Et pourtant il s'agit de relater un bouleversement qui emmène père et enfants loin du train-train boulot, dodo car la mère quitte brusquement le domicile sans laisser d'adresse.
On saura peu de choses sur les causes du départ de Laura, une femme lumineuse à l'extérieur (interprétée par Lucie Deray) qui laisse ignorer à ses proches son mal-être. Sa maladie est-elle causée par son hypersensibilité aux malheurs de son entourage, par le désintérêt de son mari plus tourné vers l'action à l'extérieur plutôt que vis à vis de ses proches ou par le sentiment de culpabilité qu'elle a pu développer suite à la grave brûlure causée à son fils ?
Le film raconte, sans donner la solution, la vie à reconstruire après... Faire face ! Romain Duris interprète sans pathos, cette difficile conversion à un double rôle de chef de famille monoparentale et de travailleur impliqué dans l'amélioration des conditions de travail dans un centre de logistique.
Les portraits d'enfants sont magnifiques dans leur naturel, dans la joie, avec leur tante ( Laetitia Dosch, vue dans
Gaspard va au mariage) ou dans le désespoir. Tous les personnages contribuent à tisser sobrement ce contexte social et familial dans un style vrai qui emporte l'adhésion.

jeudi, octobre 11, 2018

L'Amour flou


Autofiction, sépartement, démariage... Il faut inventer des mots pour parler de ce film réalisé par l'ex-couple d'acteurs Romane Bohringer et Philippe Rebbot et composé dans l'impulsion; les premières images du film ont été tournées avant même que l'équipe de production ne se mette en place et le casting se résume essentiellement aux deux familles du couple.
L'aspect communautaire, hippie aurait-on dit au siècle dernier, de leur mode de vie bohême et  anti-conformiste (comme le souligne le psy scolaire), avant même qu'ils ne se séparent, ne permet pas de généraliser la conclusion qui s 'avère positive pour eux de choisir une séparation floue. La question du parti du "trancher net"  reste entière pour des familles plus traditionnelles.
Cette intimité avec la vie réelle du couple crée un malaise lié à un sentiment d'intrusion puisqu'on les voit tourner ensemble leurs propre rôles. Des mots très blessants et leur sentiment profond de mal-être montrent qu'un fossé profond s'est creusé entre eux. Est-ce la part de fiction ? Ou leur travail commun permet-il une complicité qui n'est pas mentionnée ? Le couple Bacri/ Jaoui tourne et écrit lui aussi  alors même qu'il s'est séparé à la ville, mais pas sa propre histoire!
Bien des critiques et des spectateurs semblent être tombés sous le charme de ce floutage qui ne m'a pas convaincu, de même que les petites saynètes « divertissantes » telles les rencontres avec l'ami des chiens ou le vérificateur de fenêtres.

mercredi, octobre 10, 2018

Voyez comme on danse


Seize ans  après Embrassez qui vous voudrez, Michel Blanc écrit et réalise ce vaudeville qui reprend les personnages imaginés par l'auteur de Vacances anglaises, Joseph Conolly. Considérer le film comme une suite induit nécessairement une comparaison réductrice alors que le réalisateur revendique ici une œuvre plus personnelle pour laquelle il a sélectionné à sa guise les personnages et les acteurs qui les interprétaient. Il y met toutes ses qualités de dialoguiste percutant.
Trois femmes d'âge mur que les fêlures de la vie ont rendu respectivement philosophe (Charlotte Rampling), survoltée (Karin Viard) ou implacable (Carole Bouquet) mènent la danse.
Les rebondissements sont nombreux, dont certains inutiles et la subtilité fait parfois défaut particulièrement pour le rôle de Jean-Pierre Rouve . C'est un film qui illustre bien les les écueils du film choral mais on y rit beaucoup même si la société qui y est dépeinte est inquiétante.
Et le dernier quart d'heure nous emmène dans un cercle plus apaisé, plus humaniste.
La critique presse est toujours bien sévère avec les comédies !

dimanche, octobre 07, 2018

Un Peuple et son roi


Ce film est aux antipodes d'une saga historique de la révolution française ; les événements relatés se déroulent effectivement entre la prise la Bastille et l'exécution du roi mais ils nous sont restitués par le prisme d'une poignée de quelques citoyens du faubourg Saint Antoine.
Parmi ceux-ci, figure un couple improbable d'une lavandière (interprétée avec la vigueur d'Adèle Haenel ) qui va porter haut et fort (bien sûr!) la bannière de la revendication de la démocratie, même pour les femmes, à la manière de la Marianne de Delacroix et d'un ex-voleur de poules incarné par Gaspard Ulliel dont le personnage est totalement onirique et le jeu inadapté au contexte. L'autre couple est plus traditionnel, plus crédible avec Olivier Gourmet en souffleur de verre et sa femme (au foyer) Noémie Lvovsky, tous deux humanistes, plus naturels dans leur recherche de liberté mais dont le scénario ne leur épargne pas le risque du mélo.
Mais le titre résume bien le déroulement des événements le peuple se réjouit de la prise de la Bastille et la scène où le soleil perce enfin une fois le sommet de la tour tombée est symbolique. Il aime son roi avant que celui-ci ne fuit car Varennes marque définitivement le tournant de sa triste destinée. L'importance de cette déception du peuple les conduira en juillet 991 au Champ de Mars et à la fusillade qui en suivra, illustrée bien pauvrement dans le film.
Louis XVI est interprété sobrement par Laurent Laffitte et il semble avoir inspiré le réalisateur qui nous offre là ses meilleures scènes, en particulier sa confrontation cauchemardesque avec les précédents rois de France dont Louis-Do de Lencquesaing en Roi Soleil !
Parmi les bons moments de cinéma, il faut noter les débats à l'assemblée constituante qui devient la Convention Nationale après la prise des Tuileries le 10 aôut 1792  marquant le début de la Terreur ; ils sont tour à tour intéressants, drôles et instructifs (ainsi le passage au vote nominatif de tous les députés qui doivent se prononcer sur la mort du roi). Des noms célèbres prennent le visage familier d 'un acteur, Louis Garrel en Robespierre ou l'interprète de Marat fidèle au portrait du tableau de David de nos livres d'histoire.....
Dommage que le parti pris du réalisateur d'éviter les travers de la superproduction et d'incarner le peuple en nous attachant ( ou pas) à  de futurs citoyens libres nous brouille vraiment le déroulement logique et historique en leur donnant la priorité dans des scènes répétitives ou intimistes .

Leave no trace


La jeune actrice néo-zélandaise Thomasin McKenzie choisie pour interpréter l’héroïne du nouveau film de l'américaine Debra Granik qui avait lancé la carrière de Jennifer Lawrence dans Winter's bone aura-t-elle la même chance ? Elle le mérite car elle assure le rôle  avec beaucoup de grâce, de  naturel et de détermination, une jeune sauvageonne qui va s'émanciper de la tutelle de son père tout en respectant les valeurs qu'il lui a léguées.
Sa survie dans la clandestinité, qui était pour l' adolescente un apprentissage réussi et bien géré par son père, va être vécu ensuite comme une fuite pesante et aléatoire lorsqu'elle va connaître le besoin de créer des liens et de vivre en société. Une vie dans le monde normal que ne peut lui offrir son père un vétéran du Vietnam à jamais traumatisé, prêt à presque tout par amour pour sa fille mais incapable de supporter mentalement le lien d'une communauté.
La communauté qui accueille finalement les fugitifs est celle de vieux hippies reconvertis dans l'exploitation du bois ; l'occasion pour la réalisatrice de retrouver l'actrice Dale Dycker et de décrire un microcosme qui vit en accord avec ses idées. L'amour de la nature et le sens de l’entraide sont prônés comme une alternative à la désertion d'un monde par trop urbanisé et "consumérisé". Cette fraternité s'élargit au monde animal qui apporte à la fois la nourriture (le miel bien sûr pas la viande) et le réconfort psychologique
L'idéologie est véhiculée par des acteurs justes, sans mélo, les photos sont belles et la nature expressive : la nature riche, ménageant des caches et des abris quasi-confortables dans le parc national proche d'Oakland en Oregon se fait hostile plus au Nord dans l'état de Washington lorsque la jeune fille subit la décision de son père de fuir ; elle devient alors adulte puisqu'elle passe du statut de protégée à celui de protecteur.
C'est une très belle histoire d'émancipation où la violence sociologique et les émotions sont contenues les rendant d'autant plus fortes.



samedi, octobre 06, 2018

Frères ennemis


Ce thriller intimiste et réaliste nous fait entrer en immersion dans la vie quotidienne du monde du trafic de drogue, côté cour et côté jardin puisque ces frères ennemis sont respectivement flic et narcotrafiquant.
Son réalisateur français, comme son nom David Oelhoffen ne l'indique pas, a déjà tourné avec la plupart des acteurs tenant les rôles-clé, notamment Reda Kateb (le flic des stups), Nicolas Giraud (le flic de la crim) et Adel Bencherif (Ibrahim, l'indic) ; il les dirige parfaitement dans un contexte qu'il a infiltré longuement avant de tourner et aborde une nouvelle fois un thème qu'il avait déjà illustré dans Loin des Hommes. Ce thème de l'amitié ou de la fraternité entre deux hommes, flic et voyou que tout oppose mais dont les racines obligent à se faire face ou à s'accepter est un peu éculé et pouvait faire craindre de revoir par exemple Les Liens du sang. Mais ici l'approche est fluide, naturelle, la tension est palpable mais le ton est juste, sans grandiloquence.
Cette réussite tient pour beaucoup  à l'extraordinaire empathie que suscite Reda Kateb, couronné meilleur second rôle en 2014 pour Hyppocrate et déjà repéré par Jacques Audiard pour Un Prophète en 2009 . C'est aussi Jacques Audiard  qui nous a fait découvrir Matthias Schoenaerts dans De Rouille et d'Os pour lequel il a été consacré meilleur espoir. Son interprétation est moins sobre que celle de son « frère », peut-être un peu trop d’œillades de ce bleu limpide qui lui a valu des rôles très romantiques ou pour coller à son personnage plus primaire que celui du flic ?
La beauté des photos des paysages urbains, de jour comme de nuit, en proche banlieue ( Les Lilas, Romainville, ce n'était pas gagné) montre aussi le soin apporté à cette réalisation qui nous permet de jouer aux gendarmes et aux voleurs presque « pour de vrai ».

vendredi, octobre 05, 2018

Les Frères Sisters


Dans ce western atypique, Jacques Audiard n'a pas voulu tourner aux USA et nous épargne indiens et cow-boys pour nous conter une histoire de chercheurs d'or où le métier de chimiste permettrait de faire fortune !
Ce film est né de sa collaboration (et on doit même dire d'une complicité à la vue du résultat) avec John C. Reilly qui s'était enthousiasmé pour le livre du canadien Patrick de Witt. Il y tient le premier rôle et sa bonne bouille lui permet d'incarner magnifiquement le rôle du gentil tueur qui s'est trompé de métier . C'est lui qui a permis en assurant la production d' y associer deux acteurs américains de premier plan : Joaquim Phoenix et Jake Gyllenhaal.
Le parti pris intimiste du réalisateur nous invite à entrer dans la tête de quatre individus embarqués finalement dans une aventure commune dont les personnalités et les objectifs vont s'affronter, avec des dialogues très construits . Ces pérégrinations psychologiques n'excluent pas une violence omniprésente dans la forme et dans le fond créant une tension caractéristique de ses films ( Un  Prophète). Pour rassurer les âmes sensibles les scènes n'atteignent cependant pas la limite du supportable comme dans Les Huits Salopards de Quentin Tarentino!
La fin peut surprendre puisque elle rejoint le conseil moraliste voltairien du « cultiver son jardin » .
Beauté des images, psychologie, aventure, histoire et morale constituent ici un cocktail épicé et revigorant pour cette rentrée cinématographique !