dimanche, octobre 20, 2019

Martin Eden


Un excellent film italien, tourné à Naples, c'est réjouissant, cela faisait si longtemps!
Ici la chronologie et l'époque sont souvent improbables mais la poésie opère.
C'est un film émouvant sur la difficulté à sortir de sa classe sociale et sur la souffrance que représente le fait de vouloir vivre et survivre en étant écrivain engagé et même illuminé parfois.
Le réalisateur, peu connu, a « adapté librement » un roman autobiographique de Jack London. Il y a mis beaucoup de son parcours à lui aussi et Luca Marinelli l'homme aux yeux bleus endossant le personnage de l'écrivain est attachant (prix d'interprétation masculin la Mostra).


samedi, octobre 19, 2019

Matthias & Maxime



« Capter les élans les plus discrets entre deux amis dans l'agitation d'un film de bande ».

Tel est le propos de Xavier Dolan qui interprète lui-même l'un des deux amis (Max), le second (Mat) étant un acteur inconnu Gabriel d'Almeida, mais qui ne le restera sans doute pas tant sa prestance est remarquable de sensibilité et de retenue.

C'est un film intimiste où les scènes de vie quotidienne se répètent : fêtes de la bande qui se réunit fréquemment, duos mères/fils tour à tour rugueux et douloureux pour Mat , filiaux gentils pour Max, vifs et ironiques chez les Rivette......Nous avons vraiment l'impression d'appartenir à la bande et nous sommes titillés comme dans une comédie romantique par la question de  savoir si Mat et Max oseront se déclarer à eux mêmes et réciproquement leur amour. C'est de bout en bout émouvant, souvent poignant et parfois même désespérant tant on comprend que se joue là pour ces jeunes trentenaires le moment décisif pour "ne pas faire échouer leurs rêves".

mardi, octobre 15, 2019

Chambre 212


Christophe Honoré nous conte avec légèreté, tendresse, humour et poésie l'usure du lien conjugal, la désillusion, les corps amochés par le temps. 
Mais c'est une comédie, malgré la mine renfrognée de Benjamin Biolay (il sait bien faire) qui interprète Richard le mari trompé, dépressif et introverti d'une Chiara Mastroianni (Irène) libérée, magnifique presque toujours nue.
La version junior du personnage masculin,c'est Vincent Lacoste, nu bien-sur, comme d'habitude et toujours meilleur de film en film qui remet Irène face au temps qui a passé et de tout ce qui s'est usé, défait.
Le film tourné en studios nous emmène parfois pour notre plus grand plaisir, dans l'artifice théâtral.
C'est une fête, une bulle pétillante, un conte.

La Vie scolaire


A mi-chemin entre le documentaire et la fiction, comme leur précédente co-réalisation Patients qui nous relatait le difficile retour à la vie normale de Grand Corps Malade, cette fois son pote Mehdi Idir alias Yanis nous  emmène dans l'univers de son ex- collège dans la cité des Franc-Moisins à St Denis. Mais ils tenaient à parler de la vie scolaire actuellement; ils ont donc construit un scénario au plus près de la réalité et y ont tourné pendant les deux mois d'été avec des collégiens de la cité.
Le fil conducteur est donc le personnage de la CPE interprétée par l'excellente Zita Hanrot (Fatima ) qui a à cœur de favoriser l'épanouissement de chaque élève tout comme le prof de maths Soufiane Guerrab . Ils acceptent d'assumer le rôle délicat de les guider, dans un contexte violent, toujours à la limite de l'explosion généralisée. Cela marche bien quand ils  partagent une soirée de slam mais au quotidien le moindre faux pas de leur part les condamne (parfois au pire comme nous le montrent les infos) .
Les dialogues sont vifs, l'humour des jeunes piquant comme dans la scène où le prof de maths aborde les équations avec des lettres alors qu'ils n'y arrivent déjà pas avec seulement les chiffres explique un élève; celui d'Alban Ivanov, le lourdaud borderline de l'équipe CPE est plus contestable...
Quelle est finalement la part de cinéma dans cette plongée au cœur de la réalité d'une ZEP? La question ne se posait pas pour leur film à l’hôpital...


samedi, octobre 05, 2019

Trois jours et une vie


Le titre du film et le thème pouvait faire craindre le genre téléfilm du terroir du samedi soir.... Mais le talent du cinéaste Nicolas Boukhrief (la Confession) qui a répondu à la demande de l'auteur du livre, Pierre Lemaitre, d'en réaliser un film, invitait à aller voir de plus près.
Et la dernière partie va bien au delà du simple thriller rural avec cette démonstration émouvante que l'expiation d'un crime ne passe pas forcément par la case prison.
Sandrine Bonnaire y est remarquable de justesse comme toujours tout comme la narration de la vie communautaire de ce village d'Ardenne belge ( à la manière de l'univers de Simenon dixit l'auteur), touché par un fait divers à la veille de la grande tempête de Décembre 99.

Portrait de la jeune fille en feu



 Un film glaçant et ennuyeux ou féminisme rime nécessairement avec saphisme .. Céline Sciamma a pourtant été primée à Cannes pour ce film encensé par la critique et on la connait capable du meilleur, notamment avec Quand j'avais 17 ans !
Bien sûr la peinture est une histoire de regards croisés mais ici on étouffe dans ce gynécée de 4 femmes au sein d'une île bretonne ( j 'espérais Belle Ile, mais c'est plus probablement la côte sauvage de Quiberon) où le visage d'Adèle Haenel est omniprésent ; trop âgée pour le rôle elle y interprète cette jeune fille en colère que l'on sort du couvent ( où elle aurait aimer rester pour y écouter de beaux chants et de l'orgue) pour l'obliger à épouser le promis milanais de sa sœur qui s'est suicidée car c'est la seule chance pour sa mère cloîtrée dans son château breton glacial de retrouver le plaisir de la ville italienne de sa jeunesse....
Fuyez ce cinéma là pour profiter d'une expo de ..peinture ou écouter Vivaldi chez vous!

vendredi, octobre 04, 2019

Alice et le maire


Nicolas Pariser nous avait déjà livré un thriller politico-littéraire Le Grand jeu; cette fois entre le politique (Fabrice Lucchini) et l'intellectuelle (Anais Dumoustier) point de sombre intrigue menaçante, il s'agit d'une vraie rencontre qui remettra en question leur façon d'envisager leur avenir.
Le duo d'acteurs fonctionne vraiment bien et nous permet d'aller au vif du sujet :comment l'élite intellectuelle peut-elle jouer un rôle positif et efficace pour appuyer un monde politique trop coupé de la réalité et dont se détourne de plus en plus le citoyen ordinaire.
La plongée dans les ors de la mairie de Lyon, au plus près de son leader et de sa garde rapprochée (comprendre chef de cabinet mais aussi la direction de la communication bien sûr) confirme les craintes sur les pièges et les dérives auxquelles sont confrontés les hommes de pouvoir...
La rédaction du discours de lancement de campagne présidentielle du maire est l'aboutissement de cette connivence aux accents rohmériens  entre l'ambitieux qui a réussi mais qui ne pense plus et la jeune femme qui a beaucoup été à l' école ( avec un E puisque c'est l'ENS) mais qui ne sait rien de la vraie vie, nous offre un beau moment de cinéma .
L'épilogue est décevant dans sa forme et dans son fond ; qu'importe ce film aborde intelligemment (et agréablement) le sujet politique.

jeudi, octobre 03, 2019

Le Dindon



Mais que diable Guillaume Gallienne fait-il dans cette galère ? Et nous pauvres dindons de la farce (bien indigeste dans cette version revisitée de la pièce de Feydeau transposée dans les années 1960) ? Le réalisateur ( d'Yves Saint Laurent première version avec Pierre Niney ) inspirait plutôt confiance...

Atlantique


Etonnée qu'un Grand Prix de Cannes sorte pour sa première semaine dans une petite salle de l'UGC des Halles, ce choix s'est avèré raisonnable une fois le film visionné.
Il s'adresse aux amoureux du film poétique à message social qui acceptent de se laisser porter par le fantastique : les vivants portent en eux le message de leurs proches disparus en mer après avoir fui l'injustice.
La réalisatrice Mati Diop fait ainsi le lien dans ce premier long métrage, entre le drame de milliers de sénégalais qui se sont abîmés en mer pour un avenir meilleur, relayé ensuite par un réveil citoyen lors d'un soulèvement pour exiger la démission d'Aboulaye Wade.... Le propos ne s'adresse donc qu'à une poignée de cinéphiles habitués des salles Arts et Essais qui en apprécieront, outre son esthétisme, les enjeux culturels et politiques.

mercredi, octobre 02, 2019

Downton Abbey


Pour ceux qui ont aimé la série, cet épilogue la conclut sur une note heureuse et sereine pour tous les résidents de haut en bas de Downton.
Le faste sied aux décors et la parade militaire imaginée pour le film permet d'en user (ou abuser c'est selon);la production n'a pas lésiné sur les moyens pour notre plus grand plaisir.
Tous les personnages encore de ce monde à la fin de la série figurent au générique et chacun y illustre son talent et son trait de caractère favori (avec pour Maggie Smith encore et toujours la vedette).
On n'est donc plus dans la subtilité des situations ou des caractères mais bien dans une parade finale brillant de mille éclats où le grand écran apporte un réel glamour qui enjolivera encore la nostalgie que nous éprouverons pour cette série.