samedi, octobre 06, 2018

Frères ennemis


Ce thriller intimiste et réaliste nous fait entrer en immersion dans la vie quotidienne du monde du trafic de drogue, côté cour et côté jardin puisque ces frères ennemis sont respectivement flic et narcotrafiquant.
Son réalisateur français, comme son nom David Oelhoffen ne l'indique pas, a déjà tourné avec la plupart des acteurs tenant les rôles-clé, notamment Reda Kateb (le flic des stups), Nicolas Giraud (le flic de la crim) et Adel Bencherif (Ibrahim, l'indic) ; il les dirige parfaitement dans un contexte qu'il a infiltré longuement avant de tourner et aborde une nouvelle fois un thème qu'il avait déjà illustré dans Loin des Hommes. Ce thème de l'amitié ou de la fraternité entre deux hommes, flic et voyou que tout oppose mais dont les racines obligent à se faire face ou à s'accepter est un peu éculé et pouvait faire craindre de revoir par exemple Les Liens du sang. Mais ici l'approche est fluide, naturelle, la tension est palpable mais le ton est juste, sans grandiloquence.
Cette réussite tient pour beaucoup  à l'extraordinaire empathie que suscite Reda Kateb, couronné meilleur second rôle en 2014 pour Hyppocrate et déjà repéré par Jacques Audiard pour Un Prophète en 2009 . C'est aussi Jacques Audiard  qui nous a fait découvrir Matthias Schoenaerts dans De Rouille et d'Os pour lequel il a été consacré meilleur espoir. Son interprétation est moins sobre que celle de son « frère », peut-être un peu trop d’œillades de ce bleu limpide qui lui a valu des rôles très romantiques ou pour coller à son personnage plus primaire que celui du flic ?
La beauté des photos des paysages urbains, de jour comme de nuit, en proche banlieue ( Les Lilas, Romainville, ce n'était pas gagné) montre aussi le soin apporté à cette réalisation qui nous permet de jouer aux gendarmes et aux voleurs presque « pour de vrai ».

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