vendredi, mars 27, 2009

Un chat, un chat



Bavard et nombriliste, ce film de Sophie Fillières, la jeune réalisatrice de Gentille et sœur de la comédienne Hélène, ne convainc pas vraiment. N'est pas Despleschin qui veut!
Chiara Mastroianni y incarne un écrivain en mal d'écriture et en mal d'amour. Elle vient de se séparer de son compagnon interprété par Malik Zidi (ancien prix espoir pour amours maléfiques) et vit chez sa mère avec son petit garçon de 7 ans. Et cette histoire se veut celle d'une rencontre entre deux personnages que rien ne lient vraiment, ni amour ni amitié, mais qui vont tenter de dialoguer et de découvrir l'autre: pour que l'écrivaine raconte et que la jeune fille (Agathe Bonitzer, fille de la réalisatrice et de Pascal Bonitzer qui l'avait fait jouer dans le Grand Alibi) grandisse sous le regard de quelqu'un qui s'intéresse à elle.
A plusieurs reprises on a l'impression que le film va vraiment démarrer ( au café avec le hongrois, lors de la soirée d'anniversaire et surtout lors les deux scènes à la fin à la cantine du Lycée La Fontaine et à la sortie de la colle de philo) mais ces scènes intéressantes restent décousues. Pas de sens interdit car les spectateurs intellectuels et éclairés y verront sans doute beaucoup plus.

mercredi, mars 25, 2009

Duplicity





Ce scénario montre que l'on peut réaliser un film d'espionnage industriel réussi où l'humour et le charme remplacent avantageusement les tueries et les poursuites.
La guerre est rude et réelle dans le monde industriel, ici des sociétés de cosmétologie à la recherche d'un nouveau produit qui fera tomber le concurrent et ce sont bien les anciens agents des services secrets qui protègent ou qui provoquent avec plus ou moins de réussite les fuites éventuelles, mais ici le parti pris est d'amuser et non de dénoncer.
C'est un vrai divertissement, fin, rusé même où l'on nous fait jouer avec des dialogues artificiels, de nombreux clins d'oeil aux films de James Bond, ou à des thrillers américains avec la première scène dans Central Station; de nombreuses pirouettes aussi dans le temps, dans l'espace ou dans les situations . Nous sommes complices de cette duplicity, avant d'être bernés nous aussi. Et nous marchons, nous courons tant il est bon de sourire, de voyager de palaces en bureaux de luxe dominant Manhattan, avec ces infiltrés de charme Julia Roberts et Clive Owen , un couple qui apporte beaucoup par la prestance pour elle, par la séduction pour lui. Les interprètes des patrons des deux firmes concurrentes, Tom Wilkinson pour la B&R et Paul Giamatti pour Equinox, sont eux aussi irrésistibles.

mardi, mars 24, 2009

La Journée de la jupe





Merci a Arte qui a diffusé le film en avant-première et permet ainsi de « s' avancer » sur le programme des sorties hebdomadaires qui oscillent, en cette période, en moyenne entre 12 et 15 films!
Eh bien oui cette Madame Bergerac est très convaincante et le choix d'Isabelle Adjani, elle aussi venue de l'émigration maghrébine, et qui s'implique vraiment dans ce problème de société et dans le rôle, renforce l'adhésion à son personnage.On peut imaginer le désarroi de cette enseignante accablée par son échec personnel et professionnel qui est déçue de n'avoir pas réussi à se faire reconnaître ni par ses élèves, ni par ses collègues (à l'exception d'une seule) comme une enseignante de français, féministe , compétente et intégrée alors même qu'elle croyait à l'égalité des chances grâce à l'école laique et obligatoire. Oui dans ces conditions elle peut craquer!
Toutes les scènes dans la classe avec les élèves sont donc très intéressantes, plus abouties que dans Entre les Murs de Laurent Cantet ( de mon point de vue, il est vrai très extérieur et très peu vécu, car il s'avère je ne connais rien des problèmes des ados actuels en général et de ceux des ZEP en particulier), et beaucoup de sujets sont évoqués: choix d'enseigner des classiques, mixité, port de couvre-chefs, racket, viol collectif etc....
Par contre tous les autres aspects, dont l' intervention des groupes armés qui jouent aux gros bras, règlent leurs problèmes de couple, se disputent le leadership etc (en particulier le rôle interprété par Denis Podalydes frise le ridicule), et le comportement du principal du collège semblent caricaturaux. Quant à Madame le Ministre uniquement préoccupée de communication, espérons que c'est invraisemblable.

Une Famille brésilienne





Walter Sallers, auteur de Carnets de voyages et de Centro do Brasil est le spécialiste de films sur la la condition misérable des classes défavorisées au Brésil. Ce nouveau film me permettait de découvrir son univers. Et bien sûr on ne peut être que bouleversé par la multitude des problèmes auxquels doivent faire face les habitants des quartiers pauvres des mégapoles : surpopulation dans les appartements entrâinant la promiscuité, chômage des jeunes, transports bondés, régulation des naissances inexistante etc...
Le film est raconté à la façon d'un choral où chaque membre de la famille permet d'entrer dans un univers particulier illustrant les différents aspects de la misère à Sao Paulo. Cette famille brésilienne est composée d' une femme seule, plus très jeune mais à nouveau enceinte, qui élève dans des conditions difficiles à la fois moralement et financièrement ses quatre garçons. Le premier univers est bien entendu celui du football avec le parcours de Dario; l'aboutissement ultime pour un adolescent pauvre est de devenir joueur professionnel et là mon ignorance et mon indifférence aux exploits de ces futurs dieux du stade, malgré les nombreuses scènes d'engouement collectif dont celles avec la mère qui se passionne pour le foot, ne m'a pas permis d'apprécier au mieux les images de cet univers là.
L'histoire de Dinho se déroule dans un monde parallèle avec ses dangers et ses excès, celui d'une église évangéliste qui apporte à ses ouailles illusions et sutout désillusions. Pour le troisième frère Denis, l'ainé, vient le descriptif de la délinquance des jeunes au quotidien. Enfin avec le plus jeune, le plus noir, le plus vulnérable et sans doute le préféré, Reginaldo, on sillonne la ville en bus à la recherche son père etc....
On zappe ainsi tout au long du film d'un univers à un autre , tous aussi tragiques et aussi décourageants. Il y a certes pour le réalisateur de l'amour dans le regard sur ses personnages, mais bien peu d'humour; c'est un peu indigeste car l'espoir n'ya pas sa place. Pas d'issue possible et le film s'arrête donc, une fois tous les aspects de cette misère passés en revue, sans visibilité sur le futur.

lundi, mars 23, 2009

24 City





Après Still life, le réalisateur subversif chinois Jia Zhang Ke nous livre un documentaire subjectif sur le démantèlement d'une usine d'armement, situé en centre ville de Chengsu et qui va laisser la place à un complexe immobilier qui rapportera beaucoup d'argent à la société Chengsa propriétaire du site,qui pourra donc réinvestir pour se moderniser et subsister. La Chine rejoint donc bien les autres pays industrialisés...
L'auteur veut ici témoigner d'une ère industrielle qui va s'achever par le biais d'interviews d'ouvriers, d'ouvrières et de leurs proches qui racontent comment leur vie et leur sort ont été définitivement liés à l'histoire de leur usine qui, au delà de son rôle d'employeur,régulait tout leur cadre de vie: loisirs, écoles, cantine jusqu'à la délocalisation obligeant les employés à émigrer loin de leurs attaches familiales... Le ton est âpre et sonne juste, et pour contrebalancer la rudesse des drames individuels et des images de l'univers de brique, de fer et de feu de l' usine, les différents chapitres sont rythmés par le lyrisme de chants et de poèmes.
A quand un film sur le monde industriel tel que nous l'avons vécu en France au 20ème siècle, avant qu'il ne soit définitivement trop tard.

dimanche, mars 22, 2009

Valse avec Bachir





La sortie du film en DVD permet de combler une omission dans ce blog. Car ce film fait partie des incontournables: il est à la fois original, humaniste, attachant et philosophique. La poésie des images d'animation est relayée parfaitement par la bande son. Les thèmes évoqués sont forts: effort, processus et/ou devoir de mémoire , responsabilité individuelle et collective face aux actes de guerre; le tout avec des mots simples et une illustration exceptionnelles qui nous permettront de ne pas oublier ni le massacre de Chabra et Satila dans le Beyrouth Ouest en 1982, ni ce réalisateur israélien Ari Folman qui livre sa propre expérience. Si ce film n'a pas été primé lors de sa présentation à Cannes, il a par contre obtenu le Golden Globe Award du meilleur film étranger en 2009.

jeudi, mars 19, 2009

The Chaser






Cette fois encore c'est un premier film du réalisateur coréen Na-Hong Jin, un thriller d'une violence inouïe tourné presque uniquement de nuit et dont la noirceur est parfois à peine supportable (film interdit aux -12 ans, c'était bien le moins que l'on puisse faire). L'action y est haletante, poursuites dans Seoul, scènes policières ahurissantes et pas vraiment à leur honneur, personnages bestiaux ( de l'aveu même du scénariste), sang et cadavres à volonté. On retrouve ici la force du cinéma asiatique de Infernal Affairs dont Scorcese avait fait le remake avec The Departed.

mercredi, mars 18, 2009

La Fille du RER



Ce film appelle beaucoup de commentaires; tout d'abord il s'agit d'une fiction et non d'un dossier à charge ou à décharge sur un fait divers très médiatisé d'une fausse agression antisémite. Le casting est un atout dont Techiné a joué et tiré grand parti. Tout d'abord le choix d'Emilie Dequenne, rayonnante, lumineuse, sportive, naturelle donc à cent lieues d'une menteuse paranoiaque et malade.
Celui de Catherine Deneuve, évident bien sûr pour le réalisateur mais ici en contre-emploi en nourrice de banlieue, Michel Blanc vraiment excellent, et bien sûr le chouchou des vieilles dames Nicolas Duvauchelle, amoureux et mauvais garçon comme toujours.
André Téchiné a préféré montrer que démontrer; il privilégie l'esthétisme et le spectateur reste donc un peu sur sa faim pour connaître les motivations de la fille du RER.
Mais on aime sa façon de nous faire entrer dans trois univers complètement différents, celui de l'avocat d'affaires, celui de la mère déclassée, et celui du jeune couple qui tente de rentrer dans le monde adulte, au risque réel de créer des longueurs et des lourdeurs (dont les difficultés du couple juif). Ils vont se cotoyer pour les besoins de l'affaire, mais resteront étangers et comme enfermés dans leurs certitudes et leurs échecs.

mardi, mars 17, 2009

Le déjeuner du 15 Aout



Cette comédie italienne a remporté à Venise le prix du premier film. Son auteur, réalisateur et interprète principal Gianni di Gregorio ose mettre en scène des vieilles dames, jouées par des non professionnelles, sur le mode tendre et pittoresque. Il choisit de nous conter ces non-vacances romaines sur un ton doux-amer où l'autodérision permet de dire beaucoup, tout en restant léger sur un sujet grave. Mais on reste un peu en attente car il n'y a pas vraiment de progression dans la narration, le film s'achève brusquement et nous plante là.

Je te mangerais



C'est en spectateur que nous sommes invités à ce drame de la jalousie, de l'amour possessif joué et réalisé avec subtilité. La musique aurait pu créer l'empathie, elle ne reste qu'un des éléments de cette composition un peu trop froide pour le sujet traité. Ni envôutant, ni dérangeant, ni vraiment sulfureux, ce premier film de Sophie Laloy, en partie autobiographique, séduit cependant par sa finesse et par la sensualité que savent dégager les deux actrices Isild Le Besco et la jeune Judith Davis.

dimanche, mars 08, 2009

Harvey Milk



Pas de chance pour ce Harvey là, qui enfin élu au conseil municipal de San Francisco après s'être battu plusieurs années pour la cause gay, sera abattu par un de ses collègues de la mairie.
Quel chemin parcouru depuis ces années 70 où l'homosexualité était réprimée! Le réalisateur Gus Van Sant a raison de commencer par des images d'archive pour ancrer le combat de son personnage principal Harvey Milk dans son contexte historique et rappeler que ces faits ont réellement eu lieu et sont récents. Afin de garder tout son intérêt à ce récit de lutte, c'est le droit de tout citoyen américain en situation minoritaire qui est plus largement défendu et la cause reste donc actuelle et universelle.
Le savoir-faire du cinéma américain en matière de film engagé est à nouveau conforté par ce biopic qui vaut aussi par la qualité de l'interprétation magistrale de Sean Penn; ce rôle lui a d'ailleurs permis d'obtenir l'Oscar cette année.

Last Chance Harvey




Pour donner une chance à ce film gardons son titre original, car le titre français Last Chance for Love est encore plus réducteur pour cette comédie sentimentale américaine destinée à rendre l'optimisme aux solitaires du troisième âge qui s'ennuient dans leur chaumière. Par crainte que ces spectateurs soient vraiment à la fois malentendants et malvoyants, tous les détails « pittoresques » du scénario sont relevés avec lourdeur: l'étiquette du costume neuf, les talons trop hauts de Kate l'héroïne célibataire qui ne « fit » donc pas forcément avec l'américain de passage etc...
Mais tout n'est pas négatif,les photos donnent envie de se promener à Londres et surtout le couple Dustin Hoffman, Emma Thompson joue avec subtilité, modestie, en vrais virtuoses, et sont servis par un texte intelligent et spirituel. Le discours du père au mariage de sa fille est sobre et émouvant et la scène finale très convaincante, sans esbroufe; on dit oui finalement à ce couple-là, et on y croit....

Bellamy



Le scénario est bien mince pour ce cinquantième film de Chabrol; mais l'intérêt de ses films est génralement ailleurs ; il est le maitre des thrillers psychologiques avec leur contexte sulfureux, l'atmosphère de faux-semblants, et les personnages ambigus tel que celui que jouait déjà Jacques Gamblin pour ce réalisateur dans Au cœur du mensonge, beaucoup plus convaincant que ce Bellamy.
Car ici les trois autres personnages sont sans surprises. Le couple Gérard Depardieu en commissaire et son épouse Marie Bruel que la tendresse lie avec l'âge après des égarements passés, est assez lourdingue, et ce Maigret là joue plus de regards, de chance ( c'est le thème, il est chanceux), plutôt que de finesse de déduction. Clovis Cornillac interprète un rôle très linéaire lui aussi, celui d'un demi-frère faible et envieux de son grand frère si chanceux. Quant à l'atmosphère bourgeoise des villes de province qu'aime à décrire Chabrol, ici le contexte nîmois ne l'a guère inspiré et l'ironie et le cynisme sont moins marqués.

mardi, mars 03, 2009

Volt



Ce dessin animé, à déguster en 3D, est vraiment plein d'humour et de sagesse. Volt le chien-héros, star d'une série télévisée futuriste et un peu lassante (sauf pour le hamster Rhino un téléspectateur fanatique et inconditionnel...) va apprendre beaucoup de la chatte de gouttière Mitaine ( jolie, fine et sarcastique) désabusée et terre à terre. Lors de leur road-movie mouvementé qui les emmènera de New-York à Hollywood, c'est Mitaine, alors même qu'elle est retenue en otage par Volt, qui lui apprendra à survivre sans pouvoir surnaturel, au quotidien, en apprenant à quémander par exemple (la scène d'apprentissage est vraiment très drôle) et en essayant de sauter sans avoir de vitres à traverser. Certaines scènes sont un peu répétitives, dans les différents moyens de transport qui les conduira aux studios d'Hollywood, et le personnage de Penny est un peu conventionnel mais ce film parvient à plaire à tous les publics à partir de 3 ans, pas mal!

Gran Torino



C'est aussi l'Amérique désespérée et violente que dépeint ce film, dans un Wisteria Lane du pauvre dans le Michigan, beaucoup moins frais et pimpant que celui de Fairview! Et comme dans The Wrestler, c'est le thème de la réconciliation d'un homme avec lui-même, face à la maladie, la vieillesse et la solitude qui est traité. Mais à l'inverse de Darren Aronoksky, Clint Eastwood joue sur l'émotion, les situations et les dialogues. C'est beaucoup plus confortable pour le spectateur qui se laisse charmer par le réalisateur et l'acteur. Dès les premières images le ton est donné et ne faiblira pas jusqu'au final. Clint Eastwood résume ici sa carrière de justicier, d'humaniste et de cow-boy solitaire....

The Wrestler



Lutter pour survivre et porter sur soi toutes les cicatrices laissées par les durs combats livrés pour subsister, au propre et au figuré telle est l'image que véhicule avec force Michael Rourke dans ce film très dur .... La solitude ordinaire et quotidienne, dans les bas-fonds du New-Jersey,d'un anti-héros fatigué et abimé y est dépeinte avec des images poignantes et pleines de réalisme, sans effet mélo . Ames sensibles s'abstenir...

Doute




Magnifiquement interprété par Meryl Streep (qui a obtenu avec ce titre son 15ème oscar)et Philip Seymour Hoffman, ce film un peu académique est à déguster, pour les plus jeunes, comme une pièce de théatre filmée; il a ét réalisé par l'auteur de la pièce John Patrrick Stanley.. Il en a gardé tous les atouts avec des dialogues très structurés et forts lors des confrontations entre les trois personnages: la mère supérieure rigide, conservatrice et suspicieuse , le prêtre progressiste et amical, et la jeune nonne enthousiaste.
Pour les plus anciens, ce petit monde fermé dans le jardin silencieux et dépouillé par le vent et la neige, à l'abri de l'agitation de la ville mais bruissant de ses propres rumeurs et de ses propres frayeurs a encore le pouvoir de faire froid dans le dos et d'évoquer des souvenirs bien enfouis mais vivaces de ce qu'était l'atmosphère des établissements religieux des années 60..... Brrrrr....