Si l’aspect esthétique du film est réussi à la manière d’un tableau, avec un traitement de la lumière et une composition des plans à l’image d’une œuvre d’art, le film est néanmoins décevant de mon point de vue sur la façon de traiter l’attachement aux choses, aux objets, aux souvenirs…Cela doit être bien dur de se séparer d’un Corot ( a fortiori de deux!), mais cela ne touche pas le plus grand nombre… et il manque justement l’émotion, qui n'est vraiment perceptible qu'au début de l'histoire. Dans les premières scènes l’atmosphère de la réunion familiale est convaincante, avec ce qu’il faut de non-dits, des relations entre frères et sœurs esquissées où le ton est juste. La présence d'Edith Scob toute en angoisse et en retenue participe certainement à ce rendu émotionnel.
Mais la suite du film traitant de la succession n’apporte pas beaucoup d’éléments supplémentaires ni d’éclairage particulier sur le thème . On peut regretter en particulier que l’aspect des relations entre les frères et sœurs ne soit guère approfondi; le sujet très délicat de la découverte de la vie amoureuse des parents par leurs enfants est par contre abordé avec brièveté mais acuité.
Au final on se dit que des acteurs aussi subtils que Charles Berling et Juliette Binoche auraient pu nous jouer une partition formidable sur ce thème avec un autre scénariste, plutôt que de se cantonner à un rôle trop convenu pour Charles Berling et réduit au strict minimum pour Juliette Binoche. En fait c’est un film de réflexion sur le rôle de l’œuvre d’art et sa place dans notre quotidien comme l’illustre une belle scène au Musée d’Orsay; on comprend pourquoi les critiques ont davantage aimé ce film que les spectateurs.
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